Lever le pied sur la finition des réformes pour économiser du fourrage
TNC le 12/03/2020 à 09:06
Diminuer ou arrêter complétement la finition des vaches de réforme permet d'économiser jusqu'à 500 kg de MS de fourrage par animal, ce qui n'est pas négligeable surtout lorsque la ressource est limitée. Les réformes seront certes vendues moins cher, mais la perte financière ne semble pas très importante.
Après une sécheresse estivale qui a créé un déficit de pousse de l’herbe, puis un excès d’eau sur l’automne et l’hiver qui complique la mise à l’herbe, la plupart des éleveurs ont déjà bien puisé dans les stocks de fourrage. Et certains commencent à se demander comment ils pourront bien nourrir tout le monde jusqu’à la prochaine récolte.
Dernier godet de maïs dans le silo avec 3 semaines d avance 😡😡 pic.twitter.com/3dpQiFdbH6
— titi BZH (@EarlCrechcariou) March 4, 2020
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Pour éviter de se retrouver dans le rouge, mieux vaut adapter la production aux stocks et non l’inverse. Cela passe notamment par le renouvellement et la finition des réformes. Sachant qu’une vache de réforme en phase de finition consomme environ 13 kg de MS de fourrage par jour, des économies sont possibles…
Économie de fourrages mais un produit viande à la baisse : trouver le juste milieu
Une étude de l’Idele menée fin 2016 montre que pour une durée de finition de 3 mois, la consommation d’aliments (fourrages + concentrés) est de 1,9 t de MS par animal, quel que soit le système alimentaire. Donc à chaque fois qu’une vache est vendue « maigre », c’est un pas de 1,9 t de MS vers l’autonomie.
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En revanche, qui dit vendre les réformes en maigres dit une plus-value moins importante que pour des vaches finies. Dans son étude sur la finition des vaches laitières, l’Idele compare les poids et prix de vente (selon les prix moyens de 2015) :
Prix 2015 | Poids de carcasse (kg) | €/kg net | €/animal |
Vache maigre | 276 | 2,60 | 718 |
Vache semi-finie | 315 | 2,88 | 907 |
Vache finie | 345 | 3,20 | 1104 |
L’écart de prix entre une vache maigre et une vache finie reste assez faible et la plus-value de la finition diminue, voire devient nulle, si l’exploitation n’est pas autonome en fourrages et en protéines.
L’engraissement trouve tout son intérêt au printemps ou en été s’il est fait à l’herbe, surtout s’il permet de valoriser des pâtures éloignées. Avec des coûts alimentaires faibles et des prix qui ont tendance à remonter à cette période, il peut être opportun de finir les réformes à cette période (produit viande qui augmente mais pas les charges).
Engraisser ses vaches de réforme : oui sous certaines conditions…
Plusieurs critères sont à prendre en compte pour décider s’il faut ou non finir ses réformes :
– Le système fourrager : la disponibilité en fourrages, les places en pâture, le besoin en concentrés (achat ou autoconsommation). Si la finition impose une modification de l’assolement (ex : diminuer la part de céréales pour faire plus de maïs), il faut estimer les gains potentiels face aux pertes.
– La place et la période de finition : les conséquences ne seront pas les mêmes si l’engraissement se fait à l’herbe ou en bâtiment.
– Le temps de travail : trop souvent négligé, le temps de travail supplémentaire est à bien prendre en compte.
– L’écart entre le prix du maigre et celui du gras (à retrouver dans les grilles de cotations du pôle viande).
– L’aptitude de chaque vache à être engraissée : en fonction de la santé et de l’âge, l’engraissement prendra plus ou moins de temps et l’animal consommera plus ou moins d’animaux.
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