L’herbe : première ressource exploitable à condition de bien s’y prendre
TNC le 25/03/2019 à 05:55
L'herbe est la première ressource en énergie et protéines disponible pour l'éleveur. En revanche, elle lui demande une certaine technicité au vu de sa saisonnalité, de la diversité des espèces et variétés et des contraintes pédoclimatiques propres à chaque secteur. Le Gnis fait quelques petites piqûres de rappel en abordant les stades de récolte, les valeurs alimentaires et le choix des espèces et variétés.
Réduire la dépendance aux achats extérieurs, améliorer l’autonomie alimentaire de l’exploitation : voici l’objectif de nombreux éleveurs. Le Gnis rappelle que les prairies peuvent être LA solution à condition d’être de qualité : « Les plantes doivent avoir un rapport équilibré entre l’énergie et les protéines (environ 80 à 100 g de PDIE/UFL), les valeurs alimentaires doivent être les plus proches des besoins des animaux tout en tenant compte de l’encombrement du fourrage, de l’appétence et bien sûr de la productivité. »
Récolter et faire pâturer au bon stade
L’interprofession des semences et plants explique : « Les valeurs de la plante évoluent du stade feuillu jusqu’à la pleine épiaison. La valeur en UFL peut ainsi passer de 1,03 à 0,7 UFL. Quant à la valeur d’encombrement, elle peut passer de 0,95 UEL à 1,20 UEL. Ainsi la capacité d’ingestion va varier de 19,5 à 10,5 UFL, pour la même vache et la même plante ! Il est donc essentiel de se former à observer les stades de l’herbe. »
Comme l’explique Shane Bailey de Pâturesens, les résiduels sont très importants. Pour lui, « la bonne hauteur de sortie de la parcelle pour les bovins est 1 500 kg MS/ha. » Les experts du Gnis parlent de 5 cm pour le pâturage et 7 cm en fauche à laisser après exploitation. Ils ont d’ailleurs une préférence pour le pâturage : « c’est sur pied que l’herbe est la plus riche. »
« Lorsque l’on fauche, les parties coupées ne meurent pas tout de suite et continuent de consommer des sucres pour leur métabolisme jusqu’à un taux de 60 % de matière sèche. Il faut donc que la « mort » des cellules végétales soit rapide ! C’est le cas pour de l’ensilage à 30 % de matière sèche. Par contre, c’est plus lent pour l’enrubannage et bien sûr pour le foin. Il est nécessaire dans ce cas d’accélérer la stabilité du fourrage par la vitesse de séchage (faucheuse conditionneuse) ou en choisissant des espèces qui sèchent plus vite. »
Le choix des espèces dépend du système et des objectifs de l’éleveur
Le choix des espèces dépendra des volontés d’exploitation. « Chez les ray-grass anglais, hybride et italien, de même que chez le trèfle violet, certaines variétés sont tétraploïdes (alors que les autres sont diploïdes). Les tétraploïdes ont des feuilles nettement plus larges, ce qui favorise le rapport feuilles/tiges, donc la valeur alimentaire et globalement, elles sont plus appétentes. »
Le rapport feuilles/ tiges est donc un élément déterminant de la valeur de l’herbe. Ce rapport va dépendre de la ploïdie, mais aussi de la remontaison (aptitude de la graminée à refaire des épis), de la longueur du jour et du mode d’exploitation (pratique de l’étêtage).
Concernant les valeurs alimentaires, elles peuvent fortement varier d’une espèce à l’autre. Il faudra les comparer au même stade. Pour cela, le Gnis dispose d’un site qui liste les intérêts et limites de chacune des espèces. Attention cependant, les conditions climatiques peuvent faire varier les valeurs initialement prévues : « Après une période de temps maussade avec peu de soleil, la valeur est plus faible. Après le retour du beau temps, il ne faut pas s’empresser de faucher, mais laisser profiter la plante de 2 à 3 jours de soleil avant de faucher ». Les experts affirment : « C’est en fin de journée que l’herbe est la plus riche. Le bon compromis semble de commencer la fauche en début d’après-midi. »
Valeurs alimentaires des graminées (fourrage vert au 1er cycle 1 semaine avant le début de l’épiaison) – g/kg MS | |||||||
Espèces | MS | MAT | MAD | UFL | UFV | PDIN | PDIE |
RGA | 157 | 155 | 109 | 0,98 | 0,94 | 97 | 94 |
RGI | 164 | 112 | 69 | 0,9 | 0,85 | 70 | 82 |
RGH | 164 | 112 | 69 | 0,9 | 0,85 | 70 | 82 |
Dactyle | 161 | 193 | 146 | 0,91 | 0,86 | 121 | 98 |
Fétuque élevée | 192 | 141 | 93 | 0,79 | 0,72 | 89 | 82 |
Fétuque des prés | 183 | 158 | 115 | 0,97 | 0,93 | 99 | 95 |
Brome | 171 | 151 | 112 | 0,94 | 0,9 | 95 | 92 |
Fléole des prés | 174 | 99 | 59 | 0,82 | 0,75 | 62 | 77 |
Valeurs alimentaires des légumineuses (fourrage vert au 1er cycle début floraison) – g/kg MS | |||||||
Espèces | MS | MAT | MAD | UFL | UFV | PDIN | PDIE |
Luzerne | 189 | 178 | 132 | 0,73 | 0,65 | 112 | 85 |
Trèfle blanc | 110 | 229 | 186 | 1,03 | 1 | 144 | 109 |
Trèfle violet | 153 | 166 | 119 | 0,81 | 0,74 | 104 | 87 |
Trèfle incarnat | 112 | 140 | – | 0,74 | 0,65 | 87 | 78 |
Trèfle hybride | 123 | 195 | – | 0,89 | 0,84 | 122 | 97 |
Lotier corniculé | 110 | 221 | – | 0,82 | 0,76 | 138 | 98 |
Sainfoin | 142 | 143 | 91 | 0,83 | 0,77 | 90 | 84 |
Vient ensuite le choix de la variété
Le site Herbe-book informe sur les caractéristiques de chaque variété. En plus des valeurs alimentaires, il faut aussi regarder le critère « résistance aux maladies » afin d’optimiser la qualité de l’herbe. En effet, les maladies comme la rouille se développent sur les feuilles et réduisent le fameux rapport feuilles/tiges si important. Dans ce cas, il faudra alors accélérer le rythme d’exploitation pour favoriser le développement des jeunes pousses.
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