Malgré la Covid, une bonne année 2020 pour le lait US
TNC le 17/06/2021 à 17:47
Une production en hausse constante, des prix boostés grâce à la demande… Zoom outre-Atlantique sur la filière laitière des États-Unis, très dynamique en 2020.
La filière laitière étasunienne est dynamique malgré la crise sanitaire. C’est, en substance, ce qu’a expliqué Maria Campos Herrada (GEB/Idele) le 15 juin lors de l’après-midi que l’Institut de l’Élevage – idele a consacré aux marchés nord-américains, dans le cadre de son cycle de webinaires sur le thème « Marchés mondiaux du lait et de la viande ».
De fait, la production de lait aux États-Unis est en hausse constante, poursuivant sur une lancée engagée au milieu des années 2000 et dépassant en 2020 la barre des 100 Mt, soit 2 % de plus qu’en 2019. Une hausse qui s’explique en particulier par « l’amélioration des performances par vache », note l’experte. Sans oublier l’augmentation du nombre de têtes, qui culmine à 9,4 millions en 2020. Cette dynamique de production se confirme en 2021, avec un premier trimestre en hausse de 2,5 % par rapport à 2020. Si des signaux d’engorgement se font sentir, « la reprise de l’export et la réouverture de la restauration hors-domicile (RHD) » devraient les dissiper, indique Maria Campos Herrada.
Pourquoi cette augmentation des prix ?
La production a été encouragée par des prix en hausse en 2020, mais très volatils. Tout en restant à un niveau élevé, le prix du lait a par exemple diminué de 397 à 317 dollars la tonne entre mars et avril. Cette volatilité peut s’expliquer par « la fermeture de la RHD, qui consomme beaucoup de fromage, le bond de la consommation de lait conditionné, l’irrégularité de la demande ». La marge sur coût alimentaire a elle aussi évolué de façon erratique courant 2020, et « fragilisé de nombreuses exploitations ».
Comment expliquer que les prix soient boostés ? « Grâce à la demande, domestique et à l’export », répond l’intervenante. Car même si « les réseaux de commercialisation sont chamboulés » à cause de la crise sanitaire, la consommation de produits laitiers aux États-Unis est « stable, soutenue entre autres par les programmes d’aide alimentaire » et par le programme de relance de l’administration Biden. Notons que le pays se retrouve excédentaire en matières protéiques et déficitaire en matières grasses, davantage consommées pendant le confinement, « un peu comme en France ! ».
Hausse des exportations, notamment vers la Chine
Les exportations de produits laitiers étaient en forte hausse en 2020 – 10 % en valeur et en volumes -, atteignant 7,1 milliards de dollars et 2,7 millions de tonnes. Les envois sont particulièrement bien valorisés en Chine et en Asie du Sud-Est, où « la demande ne ralentit pas ». Après deux ans de guerre commerciale, la Chine a ainsi presque doublé ses importations de produits laitiers étasuniens en 2020, les portant à 590 millions de dollars.
Côté nord-américain, les achats ne décollent pas malgré la signature de l’Aceum (Accord Canada–États-Unis–Mexique, entré en vigueur mi-2020), en partie à cause de la dévaluation du peso mexicain et des exports limités vers le Canada suite à l’instauration d’un quota national réservé aux laiteries canadiennes.
Finalement, les stocks de produits laitiers sont au plus haut aux États-Unis, surtout en poudre maigre et en beurre. « La production haussière pourrait faire pression sur les prix, alerte l’experte, d’autant que les fabrications atteignent des records ». Mais elle temporise : « Ces surplus pourraient être absorbés par les dons de lait » aux banques alimentaires, encouragés par le gouvernement.
« La filière laitière américaine tourne déjà la page de l’épisode de la crise sanitaire », conclut Maria Campos Herrada avant d’en évoquer les perspectives. En particulier, elle pointe la question de sa durabilité et de la demande sociétale de plus en plus forte dans le pays en ce sens.