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Prix du lait

Partout en Europe, le même combat pour répercuter les coûts de production


Élevages bovins lait et viande le 28/11/2017 à 12:25
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En visite en Allemagne, des producteurs de lait belges et français, membres de l’European Milk Board, font le même constat : les difficultés à répercuter les coûts de production dans le prix du lait sont les mêmes en France, en Allemagne ou en Belgique. Selon eux, le combat de l’intégration de ces coûts dans les prix d’achat du lait doit se faire collectivement au niveau européen et non pas individuellement dans chaque État membre.

Pendant trois jours mi-novembre 2017, des producteurs de lait belges et français, membres de l’EMB (European Milk Board), ont visité des exploitations laitières allemandes de quatre Länder en Rhénanie du Nord-Westphalie, Bavière, Rhénanie-Palatinat et Bade-Wurtemberg. L’objectif principal de ce « tour d’Allemagne » était d’échanger avec leurs homologues d’Outre-Rhin.

Emmanuel Binois, éleveur laitier membre de l’organisation des producteurs France MilkBoard Grand Ouest, s’est dit impressionné : « Durant les conversations, il nous est apparu clairement que leurs problèmes de couverture des coûts de production du lait et de relations entre les producteurs et les laiteries privées et coopératives sont les mêmes qu’en France. Il est évident que nous, éleveurs laitiers, devons collaborer au niveau européen afin de gagner en poids, tant du point de vue politique qu’économique. »

Dans le cadre de l’EMB, une alliance baptisée « Commission internationale de regroupement des producteurs de lait (CIRPL) » travaille pour améliorer la mutualisation entre les éleveurs laitiers dans les différents pays de l’UE. « L’objectif de cette collaboration est le renforcement de la position des producteurs sur le marché. » Le tout, non pas chacun de son côté, dans chaque État membre, mais au niveau européen.

Partout en Europe, « les coûts de production doivent servir de socle à la définition des prix lors de la contractualisation et les producteurs de lait ne doivent pas être contraints de « subir » les prix mais être en mesure de les négocier », rappellent les participants.

« Ces dernières années, les producteurs de lait se sont, selon elle, retroussé les manches, explique Silvia Däberitz, responsable du bureau de l’EMB. Au travers des Milkboards et des organisations politiques telles que l’EMB, des structures ont été créées permettant aux producteurs de participer plus activement aux décisions politiques et économiques. Nous devons consolider ces structures et continuer à nous mobiliser en force. »

La position est partagée par tous les représentants des Milkboards. « La solidarité entre les producteurs de lait européens, qui s’est à nouveau exprimée durant le voyage, joue un rôle important », selon Axel Walterschen, du conseil d’administration du MEG Milchboard. « Personnellement, j’ai vraiment à cœur d’échanger avec mes collègues. Car au travers de ces contacts, force est de constater que les éleveurs laitiers français et belges ne sont pas nos adversaires mais qu’au contraire, ils se battent comme nous pour peser plus sur la filière du lait. »

Tous défendent un regroupement des producteurs en mesure de les prémunir des crises sur le marché du lait et un « mécanisme réaliste de gestion des crises, le programme de responsabilisation face au marché. »

En Belgique, l’organisation de producteurs Wafab se mobilise aussi pour apporter une valeur ajoutée à ses propres produits. En associant leurs forces pour la vente, l’achat et la commercialisation, les producteurs adhérents entendent pouvoir négocier sur un pied d’égalité avec les laiteries. Pour Jürgen Müller, éleveur de l’organisation, « il faut faire preuve d’innovation. Il nous faut trouver de nouveaux produits à valeur ajoutée qui nous affranchissent des cours sur le marché mondial ».

En France, Emmanuel Binois estime « qu’un possible changement de cap se dessine actuellement. Les signaux envoyés par le Président Macron sont positifs. Il nous a fait savoir qu’il soutenait les lois qui prévoient un futur calcul des prix basé sur les coûts de production ».

« Un prix du lait qui reflète les coûts de production constitue une importante revendication des producteurs laitiers en Europe. Ils continueront de se mobiliser à l’avenir autour de cet objectif. Et pas chacun de son côté, mais tous ensemble ! »