Accéder au contenu principal

Pour le Cniel, la filière laitière a des raisons de positiver


TNC le 20/02/2025 à 05:28
AdobeStock_14033706

La collecte laitière française a progressé d’environ 1 % en 2024. (© Fotolyse, AdobeStock)

Entre reprise de la collecte, tendances de consommation favorables et « plutôt bonne » perception du métier par les éleveurs, l’interprofession laitière évoque plusieurs signaux encourageants pour l’avenir de la filière.

« L’année 2024 a été faite de signaux encourageants » qui incitent à la positivité pour 2025 et au-delà : c’est le message lancé par le Cniel le 18 février, lors d’une conférence de presse organisée à la veille du salon de l’agriculture.

Premier motif de satisfaction : après une baisse continue entre 2020 et 2023, la collecte laitière française a progressé d’environ 1 % en 2024, pour approcher les 23 milliards de litres.  

Jean-Marc Chaumet, directeur économie du Cniel, souligne toutefois un recul de la collecte sur les dernières semaines de 2024 par rapport à l’année précédente à pareille époque, « en lien avec l’arrivée de la FCO-3, qui a engendré une baisse du cheptel sur la fin d’année et sur début 2025 ».

Ce rebond global de la production laitière française a permis d’abonder à la fois le marché intérieur et l’export : les exportations de produits laitiers français ont grimpé de 2,5 % en valeur et de 9 % en volume en 2024, et leur solde commercial s’est maintenu à 3,2 milliards d’euros.

Après une stabilisation jusque mi-2024, le prix du lait en France est remonté en fin d’année pour terminer à 479 €/1 000 l toutes qualités confondues en décembre (+ 6 %/déc 2023 et + 28 €/déc 2020), le prix unitaire des charges du lait a baissé tout au long de l’année, « avec à côté une hausse des prix du fermage et de la main-d’œuvre ».

Une note « plutôt bonne » pour le baromètre social

Second point positif pour le Cniel : les résultats de son baromètre social mené auprès de plus de 850 éleveurs laitiers pour évaluer comment ils perçoivent leurs conditions de vie.

Malgré les problèmes sanitaires et l’été très humide qui a compliqué les travaux des champs, la note (55,5 sur 100) est « plutôt bonne », juste un peu en dessous du record de 2023 (56,9), note Benoît Rouyer, directeur économie et territoires du Cniel.

Depuis 2019, la vision des éleveurs interrogés a progressé sur certains sujets liés à l’attachement au métier, à la confiance en l’avenir, à la sécurité économique. Mais elle stagne ou régresse pour les aspects qui touchent à la pénibilité, à la charge de travail, à la reconnaissance par les Français et par les pairs.

Évolution positive, 76 % des éleveurs enquêtés pensent que leur exploitation sera reprise, contre 67 % en 2019.

Le Cniel se félicite aussi d’un autre chiffre : 59 % des répondants estiment que leur laiterie leur offre des perspectives d’avenir positives alors qu’ils n’étaient que 41 % à le penser en 2019. Notons tout de même que l’enquête a été réalisée en août et septembre, avant que Lactalis annonce rompre le contrat de 270 exploitations, ce qui aurait pu jouer sur cette réponse.

Troisième signe encourageant pour la filière : laconsommation de produits laitiers est repartie à la hausse (+ 0,8 % en volumes entre 2023 et 2024) et les perspectives sont prometteuses.

« Face à l’inflation, les produits laitiers n’ont pas été sacrifiés » et ont été « le rayon le plus dynamique de toute la grande consommation » sur 2024, salue Romain Le Texier, directeur des études du Cniel. Ceci notamment parce que leurs prix sont restés abordables et parce qu’ils véhiculent des notions de plaisir et de gourmandise.

Tendances de consommation positives

Il décrit le retour à des tendances de consommation positives : davantage de produits en rayons ces derniers mois, un retour aux habitudes de pré-inflation avec moins d’achats de marques de distributeurs par rapport aux marques nationales.

Et « demain, la demande devrait continuer à être soutenue » à la fois en France mais aussi à l’international : d’après la FAO, la croissance de la consommation mondiale de produits laitiers frais est par exemple estimée à + 18 % d’ici à 2033.

Le Cniel évoque d’autres indicateurs qui témoignent d’une « amélioration significative » pour la filière laitière : meilleure reconnaissance du travail des acteurs de la filière » grâce « aux avancées de la loi Égalim et au renforcement des outils de suivi économique, essor de l’innovation (« une ferme sur cinq est équipée d’un robot de traite »), engagement dans les transitions environnementales (« 40 % des fermes sont bas carbone »).

« Il faut savoir mettre en avant ces signaux encourageants !, lance Pascal Le Brun, le président du Cniel. Il y a aussi une tendance à la reprise de l’installation à souligner, les chiffres nous font dire que le pic des départs est plutôt derrière nous (…) On revient à 23 milliards de litres, c’est positif. »

Car l’interprofession vise à « ne pas perdre une goutte de lait en France » : préserver toute la production laitière nationale et la valoriser, y compris sur les marchés mondiaux, pour assurer la pérennité de la filière.

Pour cela, elle appelle les pouvoirs publics à plusieurs mesures : alléger la fiscalité pour gagner en compétitivité, faciliter le renouvellement des générations, investir dans la transition durable, œuvrer à des prix rémunérateurs pour tous les acteurs de la filière.