Pour les professionnels du foie gras, la vaccination sera « indispensable »
AFP le 06/01/2022 à 16:35
Les professionnels du foie gras jugent jeudi « indispensable » de vacciner à l'avenir les canards contre la grippe aviaire, alors que le nombre d'élevages contaminés continue de progresser en France.
« À court terme, il est indispensable de faire avancer le dossier de la vaccination des animaux contre l’influenza aviaire, tout en préservant la possibilité de poursuivre les exportations. (…) Il est indispensable de pouvoir protéger nos animaux par une vaccination, sans quoi les filières avicoles resteront menacées par ce virus », écrit l’interprofession du foie gras (Cifog) dans un communiqué.
Le dernier bilan du ministère de l’agriculture fait état de 46 élevages infectés, la plupart dans le Sud-Ouest, fief du foie gras.
La France est touchée pour la quatrième fois depuis 2015 par ce virus qui génère des coûts considérables pour les professionnels et l’État ainsi que des pertes à l’export.
Devant l’impact et la récurrence des crises, de plus en plus de voix défendent la vaccination, freinée par des difficultés techniques (le vaccin doit être adapté aux souches de virus en circulation et aux différentes espèces de volailles) et commerciales.
À ce jour, « un vaccin dispose d’une autorisation de mise sur le marché mais uniquement pour les oiseaux de la famille des gallinacés » (poulets, dindes…) et « aucun vaccin adapté aux oiseaux de la famille des anatidés (palmipèdes) n’est autorisé par la Commission européenne », souligne le ministère de l’agriculture sur son site internet.
L’exportation en danger
Surtout, vacciner aujourd’hui c’est voir des débouchés se fermer. De nombreux pays (Arabie saoudite, Corée du Sud, Grande-Bretagne, Etats-Unis…) refusent de se fournir en volailles dans des pays pratiquant la vaccination contre la grippe aviaire « en raison du risque supposé d’introduction de virus par les animaux vaccinés ou leurs produits », soulignait en juillet un rapport Conseil général de l’agriculture, qui dépend du ministère.
« Dans l’état actuel des accords, toute stratégie vaccinale mettrait en danger » ces marchés qui représentent quelque 250 millions d’euros par an, selon ce rapport.
Pour lever cet obstacle, « ce dossier doit être traité au niveau européen » et « impérativement faire partie de la feuille de route de la présidence française de l’Union européenne », plaide le Cifog.
Le ministre Julien Denormandie a estimé lors d’une conférence de presse mardi que « cette question de la vaccination (allait) clairement se poser ». « On va faire des expérimentations, on doit beaucoup travailler avec les professionnels dessus », a-t-il dit.
Sur le front de l’épizootie, le département des Landes est le plus touché avec 24 foyers en élevage. Plus de 75 000 palmipèdes et 80 000 volailles y ont été abattus, selon la préfecture qui a décidé de prolonger des restrictions visant à réduire les transports et la densité d’animaux.
Dans un périmètre de 20 km autour des foyers, les éleveurs ne pourront ainsi pas accueillir de nouveaux poussins ou canetons « jusqu’au 14 janvier ».
Par ailleurs, une « plate-forme », qui va « augmenter significativement les capacités d’abattage », doit être installée vendredi.