Revenu des éleveurs allaitants : les systèmes herbagers prennent leur revanche
TNC le 25/03/2025 à 04:38
En 2024, le climat n’a pas été tendre avec les grandes cultures. À tel point que les élevages herbagers et spécialisés bovin viande tirent leur épingle du jeu.
Avec pas moins de 295 exploitations spécialisées en bovin viande, les réseaux d’éleveurs Inosys permettent d’avoir une approximation du résultat comptable des structures. Après 2021 et 2022, particulièrement propices à la polyculture-élevage, les systèmes herbagers prennent leur revanche.
Avec 33 600 € de résultat courant par unité de main-d’œuvre, les naisseurs en systèmes herbagers constituent la typologie qui affiche les meilleurs résultats en 2024. « Les revenus se maintiennent depuis trois ans à des niveaux jamais atteints sur la décennie » commente Christèle Pineau, économiste pour l’Institut de l’élevage. Et pour cause : sur la période 2014-2021, ces structures affichaient un revenu moyen autour de 21 500 €. La décapitalisation bovine porte le cours du broutard, avec des hausses de prix notables sur les ventes automnales. Si bien qu’en 2024, le broutard charolais de 350 kg s’est vendu en moyenne 8,4 % plus cher qu’en 2023.
Les naisseurs en zone de montagne ne sont pas en reste, dans un contexte similaire de hausse du cours du maigre. Compter 26 000 € de résultat courant par UMO, soit le plus haut niveau enregistré sur ces structures au cours des dix dernières années. « Avant 2021, ce type de système avait du mal à passer la barre des 20 000 € », commente l’économiste.

Sale temps pour les cultures
À l’inverse, la conjoncture ne sourit pas aux cultures de vente, pénalisées par une année climatique difficile et des cours orientés à la baisse. De grandes disparités régionales existent toutefois. « Les baisses de rendement en blé vont de – 26 % dans les Pays de la Loire, à – 9 % en Midi-Pyrénées par exemple », détaille Mylène Berruyer, économiste à l’Idele. Après une année record en 2022, avec un résultat courant à 85 000 € pour les naisseurs en polyculture-élevage, les exploitations affichent pour la deuxième année consécutive un résultat avoisinant les 15 500 €/UMO.
Un revenu parmi les plus bas. Les naisseurs engraisseurs en polyculture affichent, quant à eux, un résultat proche des 24 000 €/UMO, soit environ 8 000 € de moins que l’année précédente. Sur ces structures, la baisse du revenu des cultures est en partie absorbée par la bonne santé du commerce d’animaux finis. Si le cours du gros bovin a moins progressé que celui du broutard, il s’est stabilisé à un haut niveau. La baisse des coûts de l’aliment a également profité à la finition des animaux. Compter – 8,9 % sur les aliments achetés entre 2024 et 2023.
Les naisseurs engraisseurs spécialisés affichent ainsi un résultat moyen autour de 30 000 €/UMO. « L’augmentation du produit viande et la baisse des charges opérationnelles permettent d’améliorer le revenu de 4 000 € ». Seul l’engraissement de veau sous la mère fait exception à la règle, avec un résultat par UMO proche de 14 000 €. « Le revenu est à la hausse sur 2024, mais on constate une forte dégradation tendancielle », précise Mylène Berruyer.
Une conjoncture mitigée pour la bio
Pour la première fois, les réseaux Inosys se sont penchés sur le revenu des éleveurs bovins en agriculture biologique. Et les résultats diffèrent entre les naisseurs et les naisseurs-engraisseurs. Compter 30 000 € de résultat par UMO pour les naisseurs, contre seulement 18 000 € pour les naisseurs-engraisseurs. « On observe une baisse de revenu depuis 2022 pour les engraisseurs. Sur ces systèmes, la hausse des charges de structures n’est pas compensée par la baisse des charges opérationnelles car nous sommes sur des modèles assez économes », ajoute Christèle Pineau.
Les estimations de revenu en agriculture biologique sont à prendre avec du recul compte tenu de situations hétérogènes entre régions. Les aides au maintien ont par exemple disparu en Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, et Bourgogne-Franche-Comté alors qu’elles sont maintenues sur d’autres territoires. Les crédits d’impôts, ainsi que d’éventuelles aides versées dans le cadre du fonds d’urgence bio, n’ont pas été intégrés.
Enfin, les disparités intra groupes témoignent de différents niveaux de technicité des éleveurs, mais aussi du passage différencié de la FCO en région. « Certains départements ont été touchés par la maladie dès l’été, d’autres plus tard dans l’année, avec des conséquences économiques qui s’étaleront sur 2025. » La période de vente des broutards peut également influer sur le résultat économique, avec une hausse importante des prix à l’automne.