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Automatisation en élevage

Robotiser la traite ou l’alimentation : les bons critères pour choisir


TNC le 22/04/2020 à 05:57
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Quinze ans après les robots de traite, la technologie d’automatisation de l’alimentation commence à trouver sa place dans les exploitations laitières. Pour les éleveurs confrontés à un choix entre ces deux investissements, plusieurs critères économiques et de temps en main d’œuvre permettent d’affiner la décision.

Choisir entre l’automatisation de l’alimentation ou la robotisation de la traite peut s’avérer un vrai dilemme sur une ferme laitière. Pour être sûr de faire le bon choix, un audit avec un conseiller spécialisé peut permettre d’y voir plus clair.

« Quand on étudie le temps de travail avec les éleveurs, on s’aperçoit qu’ils minimisent largement la durée consacrée à l’alimentation. Comme ils sont mobiles durant cette tache, ils n’y voient pas la même contrainte qu’en poste fixe dans une salle de traite », explique Anthony Baslé, responsable marché robot nutrition chez Eilyps. Autre constat souvent négligé, l’automatisation de l’alimentation impacte l’ensemble du troupeau, incluant génisses et vaches taries, et pas uniquement les vaches en lactation comme le robot de traite.

Robot de traite VS d’alimentation : quel gain de temps ?

Une étude des chambres d’agriculture du Grand Ouest met en évidence un gain de temps plus important en automatisant l’alimentation plutôt qu’en robotisant le traite. Elle inclut dans ce raisonnement le temps d’observation du troupeau, le fameux « œil de l’éleveur ». « Certains éleveurs utilisent le gain de temps du robot de traite pour observer leur troupeau mais d’autres le réinvestissent dans d’autres ateliers. Attention dans ces cas là à la qualité du lait », prévient Valérie Brocart du service lait de l’Idele.

Ce constat doit aussi être adapté au cas par cas. Sur une ferme où le processus d’alimentation serait déjà optimisé au maximum, la robotisation de la traite pourrait s’avérer plus avantageuse. « Nous avons vu des situations d’automatisation de l’alimentation pour lesquelles l’éleveur devait ravitailler la cuisine tous les jours. Dans ces cas là, l’intérêt du système semble moins évident », explique Arnaud Bruel, l’un des auteurs de l’étude et conseiller bâtiment à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

Au-delà du gain de temps, la pénibilité de la tache doit entrer en ligne de compte. L’alimentation est aujourd’hui largement mécanisée alors que la traite reste une tâche manuelle. « S’il y un avantage certain sur le robot de traite, c’est la moindre pénibilité. Ce critère est particulièrement important en deuxième partie de carrière », analyse Valérie Brocart.

En forme sociétaire ou avec des salariés, l’astreinte des week-ends est également à étudier. Techniquement, l’alimentation est plus simple à déléguer que la traite, et la ration des génisses peut être préparée le vendredi pour le reste du week-end. Dans ce type de situation, la traite robotisée a un certain avantage.

Investir dans la robotisation : Un enjeu économique

L’un et l’autre de ces deux projets d’investissements représentent des sommes importantes. « Aux alentours de 130 vaches laitières, donc avec deux stalles de robot de traite, le coût va être à peu près similaire au robot d’alimentation avec plus de 200 000 € d’investissement », chiffre Anthony Baslé.

La taille du troupeau est un critère de choix primordial. Si un robot de traite peut convenir à un troupeau de taille moyenne en n’installant qu’une stalle, un automate d’alimentation est lui plus adapté au troupeau important.

Pour ces outils en plein développement, l’étude menée par les chambres d’agriculture du Grand Ouest met en évidence un coût d’investissement et de fonctionnement de 14,50 €/1 000 l pour un troupeau de 800 têtes, contre 39,13 €/1 000 l sur une exploitation de 150 bêtes. « La saturation de l’outil dépend de nombreux critères, tels que la complexité de la ration ou la fonctionnalité du robot. Mais dans la réalité, on constate que la saturation n’est pas atteinte sur de nombreux robots », indique Arnaud Bruel.

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S’adapter à la structure existante

Lors de l’étude du projet, il faut prendre en compte les adaptations nécessaires aux bâtiments existants dans le coût total. Certaines structures de ferme ne permettent pas d’installer un automate d’alimentation, sauf à débourser des sommes très importantes. « Parfois l’investissement dans un système d’alimentation robotisé s’accompagne de la construction de nouveaux silos. C’est un coût induit qui doit être évalué au moment du choix », commente Arnaud Bruel.

Des infrastructures telles que les routes ou l’éloignement des bâtiments d’élevage peuvent également bloquer un projet d’automatisation de l’alimentation au profit de la traite robotisée. « Lorsqu’on conçoit un projet de bâtiment ou autres (silos, hangars…) aujourd’hui, on réfléchit à l’intégration possible de ce type de système sur l’exploitation par la suite, décrit Anthony Baslé. C’est d’ailleurs ce qui se passe actuellement. Certains éleveurs se sont rassurés avec la traite robotisée et quelques années plus tard, ils ont complété leur système avec une technologie automatisée pour l’alimentation. »

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