S’installer en bovins viande, c’est possible malgré les capitaux engagés
TNC le 11/05/2021 à 17:09
Certes, s'installer en bovins viande nécessite des capitaux importants (1 300 € de plus/1000 € d'EBE qu'en vaches laitières), mais des jeunes parviennent encore à « se lancer dans l'aventure, malgré les difficultés et crises économiques ». « Il suffit d'être passionné et d'avoir un projet bien réfléchi », soulignent-ils.
Sylvain, jeune éleveur allaitant au Sorbiers (Allier), s’est installé, en individuel, à la suite de son père. L’exploitation regroupe 80 vaches à vêler, des broutards alourdis, des vaches de réforme et des génisses grasses, sur 180 ha. « Faut être polyvalent, c’est motivant ! », s’exclame-t-il.
Mathieu élève, lui, à Roannes-Saint-Mary (Cantal) une centaine de mères, des broutards et des reproducteurs, et engraisse une trentaine de réformes avec les céréales produites sur sa ferme de 190 ha (dont une trentaine d’estives à 1 200 m d’altitude). Pour s’associer en Gaec avec son père, il a repris 80 ha un peu plus loin, acheté une vingtaine de génisses et 50 % du capital social.
« Être à la fois passionné et patient »
Savoir s’exposer et se vendre à travers les concours.
Tous deux sont devenus producteurs de bovins viande par passion du métier et de leur race, charolaise pour le premier et limousine pour le second. « C’est prenant mais envoûtant », insiste Mathieu. Dans cette production, « il faut savoir s’exposer, se vendre », à travers des concours notamment, estime le jeune homme. « Quand on fait de la reproduction et de la sélection, il faut être à la fois passionné et patient car c’est un travail de longue haleine. Ce n’est pas parce que vous allez acheter un taureau cher avec de bons papiers qu’il va forcément faire monter votre élevage. Pour progresser, il faut passer beaucoup de taureaux et sélectionner les meilleures génisses en fonction des critères que l’on définit. »
« Ce n’est pas parce que vous allez acheter un taureau cher, avec de bons papiers, qu’il va forcément faire monter votre élevage !
Leurs conseils pour réussir son installation en bovin allaitant : « Bien s’entourer, se former, aller voir d’autres exploitants, réfléchir son projet et le mûrir. » Ceci pour « s’adapter aux évolutions, de marché en particulier », met en avant Mathieu. Quant à Sylvain, il en est convaincu : « Après il suffit d’y croire, d’être sûr de soi et de se lancer dans l’aventure. Normalement, ça marche ! » malgré « les difficultés et les crises économiques qui, selon lui, permettent aussi d’évoluer ».
S’adapter aux évolutions de marché.
En hors cadre familial aussi
À la Chapelle-Enjuger (Manche) Thibaut, hors cadre familial, avec des parents qui ne sont pas du milieu agricole, est à la tête d’un troupeau de 30 vaches allaitantes charolaises , sur 75 ha (50 ha de prairies naturelles et 25 ha de fauche de protéagineux, maïs grain, blé et orge). Naisseur, il vend les veaux mâles pour l’engraissement et garde les femelles pour le renouvellement du troupeau et s’agrandir par la suite. Le jeune producteur a fait ses armes aux services de remplacement une dizaine d’années, alternant ses missions avec des « saisons de paille dans la plaine de Caen ». C’est là qu’il a rencontré un éleveur passionné de Charolaises, qui « lui a donné envie de créer son troupeau ».
Mon bureau change tous les jours et ça n’a pas de prix !
Pour trouver une élevage à reprendre, « herbager mais sans lait », il a pris contact avec le syndicat Jeunes Agriculteurs. « Je n’avais pas du tout de matériel et c’est grâce à l’entraide avec un voisin pour les cultures, que j’ai pu m’installer en individuel, explique-t-il. Antoine avait ce qu’il faut et je lui ai fourni la main-d’œuvre , ce qui m’a permis de limiter l’investissement de départ. »
L’entraide pour limiter les investissements de départ et ne pas s’endetter bêtement.
Par la suite, les deux exploitants se sont rendus compte qu’ils étaient complémentaires. « Moi, j’avais investi dans du matériel autour de l’herbe et la gestion des haies, lui pour les semis de céréales, la fertilisation et la récolte », fait remarquer Thibaut. « On a investi chacun selon notre spécialité au lieu de s’endetter bêtement pour du matériel qui ne sert que trois semaines dans l’année ! », conclut Thibaut, qui valorise ses animaux en vente directe. « Un choix économique » mais aussi « pour avoir un lien avec la consommateur et combattre les préjugés sur l’agriculture. »