T. Vatelier : « De la rigueur pour gagner du temps et de l’argent ! »
Élevages bovins lait et viande le 28/08/2017 à 07:25
L'édition 2017 du Space ouvrira ses portes du 12 au 15 septembre à Rennes et aura pour thématique majeure la robotique. L'occasion de recueillir le témoignage de Thierry Vatelier, éleveur normand à Yquebeuf en Seine-Maritime. Lui et son frère Stéphane ont justement confié l'alimentation de leur troupeau de vaches au robot d'alimentation Lely Vector. Objectif : libérer du temps et se consacrer davantage aux travaux exigés par les cultures industrielles implantées sur la ferme. Deux ans et demi après la mise en service, le constat est sans appel : gain de temps, réduction de la facture énergétique, plus de qualité du lait et production de viande plus rapide. Attention, la rigueur s'impose !
Adieu la mélangeuse ! Il y a deux ans et demi, Stéphane et Thierry Vatelier, les deux associés du Gaec de la ferme Simon installé à Yquebeuf (Seine-Maritime), ont décidé de la remplacer par un robot d’alimentation Vector de Lely.
Thierry gère le troupeau de vaches qui produit environ 1,2 million de litres de lait chaque année. Pour l’éleveur, « la mélangeuse est chronophage et énergivore. Mon frère et moi devions trouver une alternative capable de libérer du temps le matin pour ne plus terminer la distribution des rations vers 10h30. Sur l’exploitation, la culture de lin et de betteraves rouges prend beaucoup de temps ! »
« Nous avons d’abord envisagé l’achat d’une mélangeuse automotrice. Un outil répondant à nos besoins, sauf en termes de consommation d’énergie. Il est beaucoup trop énergivore ! Et vu son coût, difficile de l’amortir seul. À moins d’un achat en Cuma, cette solution n’était pas rentable. Problème : il ne reste pas beaucoup d’élevage laitier à proximité de la ferme, donc nous avons abandonné cette idée. »
« Autre piste : le robot. La technologie a fait ses preuves et nous est rapidement apparue intéressante. » Certes, l’investissement est de taille mais après avoir étudié la durée d’amortissement, les associés ont opté pour cette solution, plus rentable à plus court terme. En outre, côté énergie, le gain est significatif. « Auparavant, la mélangeuse me coûtait 10 € de carburant par jour. Aujourd’hui, le robot consomme seulement 2 € d’électricité par jour ».
À noter aussi le gain de main d’œuvre. En particulier le temps d’astreinte le week-end. « L’économie n’est pas négligeable ». Enfin, la performance des animaux a également progressé. « Sur l’atelier lait, la quantité de lait produite n’a pas évolué, par contre, les taux butyreux (TB) et protéiques (TP) sont meilleurs. Je l’explique par la ration toujours fraîche que les animaux ingèrent. L’efficacité alimentaire progresse obligatoirement ! », ajoute Thierry.
Côté viande, le constat est identique : « les taurillons partent plus jeunes et plus lourds pour l’abattoir. Du coup, j’économise de la nourriture. Sans oublier les refus quasi inexistants. La ration est distribuée au fur et à mesure que les animaux mangent. La nourriture est toujours fraîche et donc, plus appétante pour les bêtes. Et comme leur appétit varie selon l’heure de la journée, le robot adapte automatiquement la dose pour limiter les pertes. » Pour cela, le capteur installé sur le côté de l’engin scanne à chaque passage la quantité de produit restante. Dès que le seuil minimum déterminé par l’éleveur est atteint, l’appareil prépare une nouvelle ration.
Thierry insiste sur l’importance de la confection des silos. Pour découper les portions alimentant la cuisine du Vector, les tas de maïs, d’herbe, ou de luzerne qui composent la recette de l’exploitant doivent être tassés correctement. « Le risque est ensuite de ne pas réussir à tailler des cubes sans que ceux-ci ne s’éboulent au déchargement. Le godet de la chaîne de préparation a des difficultés à saisir l’ensilage et se met en sécurité après plusieurs tentatives. Sans compter que l’aliment chauffe et les animaux ne le mangent pas », explique l’éleveur.
Le robot d’alimentation demande plus de rigueur dans l’organisation des chantiers. Avant de pailler par exemple, Thierry impose à ses salariés de connaître la position exacte de l’engin. « Imaginez ce qui arrive lorsque le chauffeur du tracteur recule pour pailler les génisses et que le bol de nourriture arrive derrière ! Laitier, vétérinaire, paillage… Le trafic est intense sur une exploitation laitière. Impossible de laisser une machine se promener seule sans savoir où elle se situe ! Trop de risque de collision ! », conclut-il.
Lorsqu’un éleveur confie l’alimentation du troupeau à une machine, cela demande d’avoir confiance en la technologie. « Les producteurs qui n’y croient pas peuvent abandonner l’idée directement. Ils risquent de se ronger la santé via le stress que cela génère. Il m’a fallu du temps pour apprivoiser l’appareil et avoir confiance en lui. Les résultats probants et l’évolution de la qualité du lait m’ont rapidement rassuré. Il faut maintenir un suivi régulier sur les travaux de l’outil. C’est facile, il suffit de consulter le rapport d’activité en se connectant sur son smartphone ou au bureau depuis l’ordinateur. Dès que la machine rencontre un problème, une alerte retentit. Quand le défaut persiste, l’engin s’arrête et attend mon intervention. C’est plutôt rassurant ! »
Côté entretien, pas de surprise. « L’automate est fiable. Hormis quelques pièces d’usure à remplacer, comme les roues ou les bavettes, nous n’avons pas connu de surprise. Ceux qui préfèrent la tranquillité peuvent souscrire à un contrat de maintenance avec la marque. Différents niveaux de prestation existent, en fonction du budget que l’agriculteur souhaite consacrer. Le haut de gamme prévoit le dépannage rapide et la prise en charge du coût des pièces défectueuses. C’est assez onéreux mais cela permet de connaître à l’avance le coût de fonctionnement du système ! À chacun de choisir selon ses besoins », termine Thierry.