Un gain de GMQ moyen plus important avec la présence d’ombre dans les prairies
TNC le 24/09/2019 à 05:58
Gain de productivité, bien-être animal ou encore stockage du carbone... L’implantation d’arbres et de haies dans les prairies apporte de nombreux avantages. Animaux et espèces prairiales bénéficient du microclimat qu’offre la présence des feuillus.
Si l’agroforesterie se redéploie actuellement en grandes cultures, cette pratique est restée courante dans les zones d’élevage. De nombreux éleveurs ont conservé les arbres pour l’abri qu’ils offrent aux animaux. « L’entretien et la conservation du bocage sont restés dans la culture des éleveurs », affirme Fabien Balaguer, directeur de l’Association française d’agroforesterie.
Certaines exploitations ne se contentent pas de l’existant et réintroduisent massivement des haies sur les bords de champs. C’est le cas de Jean-Yves Penn, éleveur dans le Morbihan qui a planté 9 km de haie pour former des îlots de 1 ha sur son exploitation. « La première démarche a été faite dans le sens du confort des animaux. Dans les dix années qui ont suivi, j’ai pu observer tous les autres effets positifs, comme la rétention d’eau, la biodiversité ou le stockage du carbone », se félicite l’éleveur.
Mais les haies ne sont pas le seul modèle pour lequel arbre et élevage se rencontrent. Le sylvopastoralisme ou les pré-vergers sont d’autres types d’associations de ces deux activités. Car oui, l’arbre en élevage n’est pas simplement un ornement mais bien une activité économique propre. « Ce que nous redécouvrons aujourd’hui, c’est la valorisation du bois et sa réintégration dans des filières. L’agroforesterie commence réellement le jour ou l’arbre est récolté », insiste Fabien Balaguer.
De l’ombre pour les animaux
De l’ombre, c’est l’une des fonctions les plus visibles des haies et des arbres dans les prairies. Les bêtes qui y pâturent vont se rassembler autour de ces abris pour profiter de l’ombre ou de la protection contre le vent et la pluie.
La chambre d’agriculture de Loire-Atlantique avec le collectif des agroforestiers du département a voulu mesurer l’impact de la présence de zones d’ombre sur la physiologie des animaux. Une parcelle équipée de parasols pour simuler des arbres matures a permis de mettre en évidence un gain de GMQ moyen plus important chez des génisses qui y pâturaient. Plusieurs facteurs expliquent ce résultat. « L’une des premières raisons, c’est que les animaux qui peuvent se protéger du soleil subissent moins de stress », explique Véronique Blondy, chargée de mission environnement et agroforesterie à la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique. Elle ajoute que les bêtes valorisent mieux le pâturage avec une répartition plus équilibrée sur la parcelle grâce au refuge des haies ou des lignes d’arbres. « C’est une tendance flagrante. Les animaux mangent plus, et donc ils boivent plus », souligne-t-elle. Une étude menée au Pays de Galles sur des ovins va dans le même sens. Elle montre que la part d’énergie que les animaux doivent consacrer à leur métabolisme est réduite de 30 % en milieu agroforestier.
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Un bénéfice pour la production d’herbe
En zone d’élevage, l’agroforesterie ne bénéficie pas uniquement aux animaux. La pousse de l’herbe est également concernée. « Il y a vraiment un effet microclimatique autour de l’arbre. Par exemple, il est possible d’observer une différence entre les versants nord et sud d’une haie », affirme le directeur de l’Association française d’agroforesterie. « Quand on remet un milieu qui permet le développement de la vie, on y gagne forcément. L’arbre est là pour amplifier tout ce que les autres strates végétales sont capables de faire », ajoute-t-il. Mais ce cercle vertueux ne se réalise pas uniquement en plantant des arbres. La vie du sol doit être fonctionnelle pour réussir l’implantation. À ce titre, l’agroforesterie se travaille avant tout par des pratiques agro-écologiques permettant d’améliorer la vie du sol. C’est alors seulement que l’arbre pourra jouer son rôle d’amplificateur.
Les haies peuvent également être un apport complémentaire de fourrage. Certaines espèces sont prisées des ruminants alors même que l’herbe est présente en abondance. Chez Jean-Yves Penn, le fourrage fourni par les haies mais aussi les fruits comme les châtaignes ou les glands, représentent un complément alimentaire important les années sèches. Les haies sont taillées de manière à ce que les animaux y aient accès. « Sur les bords des parcelles, les vaches ont elles-même crée des tunnels sous les haies en broutant les feuilles », se réjouit l’éleveur.
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D’abord expérimenté de manière empirique en 2003, cet apport fait maintenant partie intégrante de sa ration. « Ce n’est vraiment que lorsqu’il commence à y avoir beaucoup de haie que l’on s’aperçoit à quel point les animaux se servent dedans », prévient l’éleveur.