Un total de cinq élevages touchés en France, tous dans le Nord
AFP le 10/12/2021 à 10:40
Cinq élevages français du nord de la France ont été infectés par la grippe aviaire en l'espace de deux semaines, réveillant le spectre de la crise qui a fait des ravages l'an dernier.
La France comptait au 8 décembre cinq foyers d’influenza aviaire hautement pathogène (communément appelée grippe aviaire) en élevage, neuf cas en faune sauvage, trois cas en faune sauvage captive (oies ou cygnes ne migrant pas) et trois cas en basse-cours, liste le ministère de l’agriculture sur son site internet.
La préfecture du Nord a pris jeudi de nouvelles mesures de protection sanitaire : dans une « zone de surveillance » de 10 km autour des foyers, des visites vétérinaires et des prélèvements seront réalisés et la chasse des gibiers d’eau et des gibiers à plumes est interdite, indiquent les autorités dans un communiqué. Cette zone s’étend sur plus d’une trentaine de communes, dans la région la plus septentrionale du département du Nord.
La France compte autour de 20 000 élevages de volailles élevées pour la viande, les œufs ou le foie gras.
Le virus avait été identifié une première fois en élevage le 26 novembre au sein d’une exploitation de la commune de Warhem (Nord) où 160 000 poules pondeuses étaient élevées toute l’année en bâtiment. Quatre autres cas ont depuis été confirmés dans ce même département. À chaque cas en élevage, les animaux sont abattus.
« Il faut absolument trouver la cause de la contamination et essayer de contrôler très vite la situation », a réagi après de l’AFP Laurent Verhaeghe, président du syndicat agricole FDSEA du Nord. Il rappelle que « tant que la situation n’est pas assainie », les éleveurs ne pourront pas mettre en production d’autres animaux – « ce sont des manques à gagner incroyables parce que les charges fixes continuent sur les exploitations ». Auparavant, remarque le responsable syndical, « c’était plutôt le sud [de la France] qui était concerné mais aujourd’hui ça arrive chez nous ».
L’an dernier à la même époque, le virus commençait à se répandre dans les élevages de canards du Sud-Ouest. Cette crise – la troisième depuis 2015 – avait fini par être enrayée au prix de l’abattage, souvent préventif, de plus de 3,5 millions de volailles, essentiellement des palmipèdes.
Fronde contre le confinement
Récurrentes, les crises sanitaires dues à la grippe aviaire génèrent des coûts considérables pour les professionnels et l’État, ainsi que des pertes de marché à l’export.
Pour réduire les risques de contamination, les autorités sanitaires ont demandé début novembre à tous les producteurs plein air et bio de confiner leurs volailles afin d’éviter les contacts avec les oiseaux migrateurs potentiellement porteurs du virus. Mais les premiers cas ont été détectés dans des élevages conventionnels, en bâtiment, ravivant la colère des syndicats agricoles Confédération paysanne et Modef qui dénoncent l’obligation de claustration.
« Nous n’avons cessé de dire qu’enfermer les animaux des élevages plein air n’empêcherait pas l’épidémie, ce qui est bien le cas. Le risque de propagation du virus dans les élevages en bâtiment est avéré et su depuis longtemps. Rendre responsable et coupable l’élevage plein air ne sert que les intérêts de celles et ceux qui souhaitent industrialiser l’agriculture », affirment-ils jeudi dans un communiqué.
???#sauvonslepleinair : manif à Toulouse avec la @Confpaysanne et la @Confpaysanne d’Occitanie @ModefNational et @fne_mp pour sauver l’élevage de volailles plein-air menacé par la claustration obligatoire des animaux. pic.twitter.com/cs0hoaH4Sy
— Conf’ Paysanne (@ConfPaysanne) December 9, 2021
Avec six autres organisations, dont la Fédération nationale d’agriculture biologique, les syndicat ont déposé des recours devant le Conseil d’Etat et soutiennent les éleveurs réfractaires au confinement.
Dès le premier cas en élevage, la France avait perdu son statut « indemne » d’influenza aviaire qu’elle venait de retrouver le 2 septembre.
Des marchés se ferment alors automatiquement (Afrique du Sud, Chine, Corée, Cuba, Madagascar, Philippines…), entravant par exemple la commercialisation des poussins et canetons d’un jour – vendus pour être élevés sur place – ou des parties des animaux non consommées en France, comme les pattes et langues de canard ou les crêtes de coq.