Une année 2023 en demi-teinte pour les éleveurs laitiers
TNC le 22/01/2025 à 05:15
Après l’important déficit fourrager de 2022, 2023 a permis aux éleveurs laitiers de reconstituer des stocks, mais sans pour autant améliorer considérablement les résultats économiques, compte tenu de l’augmentation importante des charges et ce, malgré un prix du lait qui s’est amélioré.
Rendus publics mi-janvier, les résultats des 385 fermes laitières du réseau Inosys témoignent d’une année 2023 plus favorable, notamment en matière de reconstitution des stocks fourragers, grâce aux meilleures conditions climatiques.
Si le prix du lait a lui aussi progressé, il ne couvre pas les augmentations de charges : les intrants ont à nouveau connu des cours très élevés, et la productivité laitière reste globalement marquée par « les déficits fourragers de 2022 et des démarrages de lactation difficiles », indique l’Idele.
Cette tendance globale est plus ou moins favorable en fonction des systèmes. En conventionnel (hors AOP des montagnes de l’Est), on constate un léger gain de production, lié à une augmentation du nombre de vaches. « Les chiffres d’affaires se consolident grâce aux produits lait et viande, mais l’activité culture subit une forte chute des prix et des rendements très variables », et la forte hausse des charges contribue à une augmentation de 10 % du coût de production du lait. Cette hausse, non compensée par les prix, tire les revenus à la baisse, en particulier pour les systèmes de polyculture-élevage qui voient leur résultat courant par UMO exploitant chuter de 45 %, à 45 600 €.
Les éleveurs en polyculture-élevage pénalisés par l’activité culture
Ainsi, les exploitations de l’échantillon en polyculture-élevage, en systèmes relativement intensifs, connaissent un niveau élevé de charges opérationnelles. « La faible consolidation des produits liés à l’élevage est gommeé par la chute du chiffre d’affaires culture. Les EBE et résultats courants connaissent ainsi les plus fortes chutes de l’Observatoire avec des efficacités globales particulièrement faibles pour des fermes de référence (27 % d’EBE/PB) », précise l’Idele.
Des niveaux de revenus toujours faibles en montagne
La baisse est moins marquée pour les éleveurs de montagne, avec un résultat courant en diminution de – 8 %, mais les niveaux de revenus sont également plus faibles avec un résultat moyen de 27 800 €/UMO exploitant et une rémunération permise de 1,4 Smic/ UMO exploitant. Si la productivité fourragère est meilleure qu’en 2022, les livraisons de lait ne progressent pas, « les cheptels demeurent stables alors que la productivité reste atone dans tous les systèmes malgré une légère augmentation des niveaux de complémentation », note l’Idele.
Forte hausse des charges aussi pour les mixtes lait-viande
En système mixte lait-viande, le faible nombre d’exploitations de l’échantillon pousse à relativiser les résultats, similaires cependant aux autres orientations : l’accroissement des charges est plus important que celui du prix des produits. Le résultat courant baisse ainsi de 33 % pour atteindre 54 700 €/UMO exploitant. « Les systèmes intensifs pêchent sur les charges opérationnelles mais diluent davantage leurs charges de structure. Les systèmes herbagers préservent leurs revenus disponibles grâce à des annuités plus limitées », précise l’Idele.
De meilleurs résultats pour les spécialisés de montagne
Les livreurs conventionnels, AOP et Bio de montagne connaissent une meilleure consolidation du chiffre d’affaires, avec un prix du lait en progression et une faible activité culture qui ne pénalise donc pas les résultats économiques, malgré l’accroissement des charges. L’efficacité de ces systèmes est généralement préservée, en particulier pour les herbagers.
Le groupe des AOP des montagnes de l’Est est celui de l’observatoire qui réalise les meilleurs résultats économiques, grâce à des charges relativement contenues : en moyenne, la trésorerie permet 3,1 Smic pour les exploitations étudiées.
En bio de montagne, « l’autonomie des systèmes permet une moindre sensibilité à la conjoncture, mais le volume et surtout le prix du lait sont trop limités pour accroître un niveau de revenu toujours modeste » (1,8 Smic par UMO exploitant en moyenne), explique l’Idele.
Une meilleure stabilité du bio
En comparant les exploitations spécialisées bio et celles en conventionnel (à l’exception des AOP des montagnes de l’Est), on constate que les systèmes bio « se démarquent par des niveaux de production plus faibles malgré des tailles de troupeau très proches en plaine », indique l’Idele.
Les exploitations bios, plus autonomes, subissent un peu moins la conjoncture et la hausse des charges, compensant les moindres volumes. « Après avoir chuté à 25 en plaine et 35 €/1000l en montagne, la plus-value du lait bio se consolide respectivement à 43 et 53 € », ces écarts restant indicatifs compte tenu du faible échantillon d’exploitations, note l’Idele. « Globalement, les systèmes bio de plaine parviennent à des niveaux de revenu disponible très proches des conventionnels pour des niveaux de livraison 30 % plus faibles », ajoute l’institut.
Au final, pour les exploitations suivies, l’année 2023 compense 2022 sur le plan fourrager, préservant un niveau de revenu correct par rapport à la moyenne des années passées, mais en forte baisse « comparé à l’excellent niveau de 2022 », conclut l’Idele.