Une période de reproduction de 6 semaines pour 70 vêlages
TNC le 30/01/2023 à 05:02
Chez François Nuttens, l’élevage de Charolaises est pensé pour être performant, et compatible avec l’atelier grande culture. Pour ce faire, l'éleveur mise sur le vêlage deux ans, ainsi que sur une courte période de reproduction annuelle.
A l’EARL de la mare du bois en Seine-Maritime (76), les périodes de reproduction – et de vêlage – ne durent que 6 semaines. Intégralement à l’IA, toutes les vaches sont inséminées entre le 15 novembre et les premiers jours de janvier pour des mises bas en début d’automne. Cette organisation concentre certes le travail mais permet de redoubler de vigilance lorsque le travail en plaine se fait plus rare.
Préparer les génisses au vêlage 2 ans
Pour faire vêler ses génisses à deux ans, l’éleveur doit avoir une conduite rigoureuse. Les veaux bénéficient tout d’abord d’une importante croissance sous la mère, avec un GMQ avoisinant les 1 300 à 1 400 g/j pour les femelles. Des croissances permises par le haut niveau génétique du troupeau, sacré sabot d’or au Sommet de l’élevage en 2017. « Je sélectionne mes vaches sur les qualités maternelles. D’après les index, mes Charolaises sont à 17 l de lait au pic de lactation, et je constate leur potentiel laitier en fonction du volume de concentré ingéré par les veaux. Généralement, ils n’y touchent pas avant le mois de décembre [pour des veaux nés entre fin août et octobre]. Cela semble indiquer que ce sont de bonnes laitières ! » conclut François Nuttens. Le démarrage rapide sous la mère est indispensable pour prétendre au vêlage 24 mois : il est essentiel que les génisses aient atteint un poids de 300 kg au sevrage, sans quoi le retard pris sera difficile à rattraper. L’éleveur prend également garde à se couvrir de tous problèmes sanitaires. « Pour avoir ces GMQ, il faut éviter tout décrochage », insiste-t-il.
Éviter tout décrochage sur les génisses
Les génisses sont sevrées aux environs du 20 avril. L’objectif de croissance est d’avoisiner les 900 g/j afin d’atteindre un poids vif de 450 à 500 kg à 15 mois pour l’IA. Un niveau performance atteint par environ 28 génisses sur la trentaine d’animaux gardés. « On pourrait presque inséminer certaines génisses une trentaine de jours plus tôt, mais cela décalerait la période de vêlage. L’enjeu est d’avoir des animaux qui grossissent bien sans faire trop de gras », commente l’agriculteur.
Préparer la reproduction en amont
Pour l’organisation de la saison de reproduction, « on a cherché à extrapoler le modèle laitier sur un élevage allaitant », résume Ronan Allo, échographe bovin pour Echo-Breizh, qui a accompagné François Nuttens sur la mise en place de cette stratégie.
Si les vaches sont mises à la reproduction autour du 15 novembre, cette période se prépare en amont. Des colliers de détection de chaleur sont installés sur l’intégralité des vaches et génisses trois semaines avant le début de la période d’insémination. « Les colliers déduisent les chaleurs en fonction du niveau d’activité des vaches. Pour que le dispositif fonctionne bien, il est important de le positionner à l’avance pour qu’il récupère de la donnée », explique Ronan Allo, échographe bovin qui suit la reproduction chez François Nuttens. Des contrôles de matrices sont également effectués sur l’intégralité des vaches, environ 21 jours après le vêlage. « Comme la période de reproduction ne dure que six semaines, il faut s’assurer que les vaches sont aptes à venir en chaleur et les traiter au besoin pour limiter les réformes », insiste le gérant d’Echo-Breizh. Entre 5 et 7 animaux sont ainsi soignés chaque année sur le troupeau de 70 vêlages.
La complémentation minérale des animaux influe également sur les performances à la reproduction. « Les vaches sont complémentées avec un minéral riche en chélates qui permet d’avoir des premières chaleurs assez rapidement, et aide à cycler les vaches », explique le conseiller. Veaux et vaches sont séparés en dehors des tétées. « La succion du veau induit la production de prolactine, une hormone responsable de la production laitière qui a tendance à inhiber celle de la GNRH, indispensable pour la reproduction ». L’éleveur cherche ainsi à éviter les retards d’involution utérine.
Echographie et suivi des chaleurs pour éviter les réformes
François Nuttens travaille uniquement en insémination artificielle, convaincu que « les meilleurs taureaux se trouvent dans les stations ». Une stratégie qui semble payer. En 30 ans, l’éleveur estime avoir gagné un peu moins de 100 kg de poids de carcasse. « Avant je sortais des vaches à 470 ou 480 kg de carcasse, maintenant je dois être en moyenne à 550 kg de carcasse, avec un tiers des vaches qui dépassent les 600 kg de carcasse ». Formé à l’IPE, l’éleveur insémine lui-même les animaux détectés par le collier.
Pour éviter les trop nombreuses réformes, l’éleveur a recours au contrôle de gestation. Ronan Allo réalise ainsi les premières échographies 35 jours après les premières IA. Le diagnostic précoce, dès 25 jours sur les vaches et 22 jours sur les génisses, permet d’identifier rapidement les vaches n’ayant pas pris. En cas de vache vide, il est possible de demander au vétérinaire de mettre en place un protocole d’induction de chaleur afin d’effectuer rapidement une seconde IA et éviter la réforme. Quatre cessions d’échographies de contrôle ont ainsi lieu durant la période de reproduction pour identifier les vaches vides et les remettre à l’IA, ainsi que celles qui auraient coulé en début de gestation. « Un fonctionnement qui permet d’avoir des vêlages groupés, en limitant les réformes », résume Ronan Allo. Cette année, sur les 90 bovins mis à la reproduction, l’éleveur constate 60 vaches pleines, et 19 qui restent à confirmer lors de la prochaine série d’échographies.