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Vêlages d’automne : attention aux vaches grasses après l’été pluvieux


TNC le 27/08/2024 à 05:13
Vachefindegestation

Une note d'état corporel élevée rend généralement la mise bas plus difficile. (© TNC)

L’heure des vêlages d’automne approche à grand pas. Et si les vaches ont pu profiter d’un bel été en pâture, attention à la prise de poids avant le vêlage !

Avec un printemps — et un été — particulièrement pluvieux, l’heure n’est pas au régime pour les vaches en pâture. Fin juillet, Agreste qualifiait la pousse de l’herbe estivale « d’exceptionnelle », avec des volumes excédentaires dans 99 % des régions de France. « Au mois de juillet, la pousse a été supérieure de 80 % à celle des années de référence, confirmant ainsi le niveau record du printemps » détaille l’organisme statistique.

Mais attention à ne pas trop engraisser les animaux en vue des vêlages. « Généralement, les vaches qui vêlent à l’automne connaissent une période de sec en été qui leur permet de maintenir, voire de perdre un peu d’état pour le vêlage », détaille Philippe Bremaud conseiller alimentation pour Bovins Croissance Sèvre Vendée Conseils. « Je compare souvent la préparation vêlage à un entraînement pour un marathon. Et rares sont les athlètes à prendre du poids avant l’épreuve », sourit Philippe.

Car une vache grasse, c’est un plus petit passage pour le veau en raison des dépôts de gras dans la région pelvienne, et un moindre tonus musculaire au vêlage. En bref, une mise bas plus difficile.

Viser les 2,7 de note d’état corporel

Toutes les races ne sont pas égales. « C’est moins embêtant d’avoir une Parthenaise ou une Blonde bien en chair. Ce sont des races exigeantes. C’est surtout avec les races rustiques, les Charolaises ou les Limousines qu’il faut être vigilant sur la note d’état. Elles ont moins de besoins ». En règle générale, Philippe conseille de viser les 2,7 de note d’état corporel, même si certaines races sont plus exigeantes.

Mais il le concède, « pour avoir une note d’état de 2,7 au 15 septembre, il faut y travailler dès le 15 juillet, et l’on ne sait jamais trop ce que va donner la pousse de l’herbe sur cette période ». Pour les veaux à naître en septembre, il déjà trop tard pour chambouler les rations. 

Pour les autres, il ne faut plus tarder à agir en donnant une herbe de moins bonne qualité​​​​​​. « On peut faire passer les vaches en fin de gestation derrière un lot de veaux de printemps, ou des animaux à gros besoins » suggère Philippe. En bref, leur réserver des parcelles à nettoyer. « Mais il faut faire attention à ne pas tomber dans le surpâturage » pondère le conseiller. À défaut, il est possible de laisser monter à graine certains paddocks. Enfin, « une parcelle parking avec distribution de foin peut être envisagée, mais tout dépend du stock fourrager. Ici au Sud de la Loire, en Vendée ou dans les Deux-Sèvres, nous sommes habitués à distribuer du foin l’été car la sécheresse est un problème récurrent, mais ça n’est pas le cas de toutes les régions ».

Les vaches allaitantes ont une grande capacité de compensation

La gestion de la note d’état en fin de gestation reste toutefois un jeu d’équilibriste. Deux mois avant le vêlage, les besoins de la vache sont autour de 7 UF. Tout l’enjeu est de couvrir ce besoin sans excès, tout en sachant que les vaches allaitantes sont réputées pour leur capacité de compensation. Dans les années 90, des travaux menés en race charolaise se penchaient sur l’impact de la perte de poids avant le vêlage. Les essais montraient qu’un léger déficit en alimentaire en fin de gestation pouvait être absorbé sans compromettre le poids et la vitalité du veau. « Le poids des veaux à la naissance n’a pas été modifié selon que leurs mères ont gagné 15 kg (+ 2,2 %) ou ont perdu 34 kg (- 5,4 %) de masse corporelle durant les 4 derniers mois de la gestation » concluaient les chercheurs. En bref, la vache prend sur elle.

Mais attention à ne pas être trop joueur. Elle ne devrait pas perdre plus de 5 % de son poids, suite à quoi les performances futures à la reproduction ainsi que la lactation pourraient en pâtir.

Attention également à la toute fin de gestation. C’est durant le dernier mois que le poids du veau double dans le ventre de sa mère. Philippe Bremaud conseille ainsi de mettre en place une préparation vêlage 15 jours avant la mise bas, et 15 jours après.

Car plus la date fatidique approche,, plus il devient dangereux de la priver ! « En tout fin de gestation, les besoins atteignent les 8 UF, il est essentiel d’affourager les animaux en conséquence », complète Philippe Bremaud.

Ne pas négliger la complémentation en oligoéléments

Enfin, la complémentation minérale et en oligoéléments et vitamines reste stratégique. « Une fois l’alimentation, l’environnement et le contexte sanitaire maitrisé, je conseille de faire un diagnostic pour voir s’il y a des besoins spécifiques en minéraux et oligoéléments ». L’idée est de passer en revue morbidité, mortalité, fréquence des métrites et renversements de matrices afin de mettre en place un complémentation adaptée. 

Parmi les déficits les plus marquant figurent le sélénium, l’iode et le magnésium. « Ces éléments coûtent cher, alors avant d’acheter un minéral à 1 200 €/t, autant bien réfléchir à s’il est nécessaire, et comment l’utiliser ». En fonction de la situation de l’élevage, on positionneras 2 mois avant vêlage au mieux une cure de 3-5 jours d’oligo-vitamines, la pose d’un bolus, ou un minéral spécifique journalier.

Mais pour cela, encore faut il connaître la date de vêlage afin de mettre en place la préparation adéquate.