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Génisses laitières

Viser le vêlage précoce pour plus de rentabilité


TNC le 29/07/2019 à 06:03
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remier jour : 4 litres de colostrum à la première buvée et 2 à 3 litres à la seconde. 2x3 litres les 2e et 3e jours puis 2x4 litres jusqu'à 50 jours : voici les préconisations concernant la phase lactée. (©TNC)

Plus jeune une génisse vêle, plus tôt elle atteint son seuil de rentabilité. Pour qu’elle atteigne au plus vite les 50 % de son poids adulte, repère de la puberté, la croissance doit être maximisée dès sa naissance, avec un plan lacté rigoureux et un sevrage bien géré.

Faire vêler à 24 mois, voire dès 21 ou 22 mois, c’est possible. « Aujourd’hui, la moyenne est plutôt à 27 ou 28 mois, affiche Oliver Perret, directeur de recherche chez Cogedis, lors d’une journée organisée par Synthèse élevage sur le vêlage précoce. Chaque mois de gagné a un intérêt économique en diminuant la période improductive ». Pour un premier vêlage à 24 mois, une vache devient rentable à 41 mois. Si elle vêle à 26 mois, elle le sera seulement à 49 mois. Pourtant autant, ces deux vaches auront un âge à la réforme quasi identique.

Si l’intérêt économique est bien réel, comment arriver à un vêlage précoce sans pénaliser la carrière laitière ? « Tout est lié, explique Déborah Santschi, experte en nutrition chez Valacta, le contrôle de performances québécois. Une génisse qui a une bonne croissance, car elle est moins stressée et moins malade, aura une meilleure efficacité alimentaire et fera une meilleure laitière ». De nombreuses études montrent un lien avéré entre un bon GMQ en début de vie et les performances futures. La spécialiste estime à 155 kg de lait gagnés sur la première lactation par 100 g de GMQ en plus avant sevrage.

Déborah Santschi, experte en nutrition chez Valacta, affirme qu’un vêlage précoce ne signifie pas forcément moins de lait, au contraire ! (©Cécile Julien)

2 prises d’un colostrum de qualité

Pour faire vêler jeune, la croissance doit être maximisée, dès la naissance de la future génisse. La première phase clé est de faire boire au veau suffisamment de colostrum. « Pour acquérir une bonne immunité, un veau doit absorber dans sa première heure 200 g d’IgG », explique Déborah Santschi. Comme la qualité du colostrum varie, il faut la mesurer, avec un refractomètre, un colostromètre ou des colostroballes, pour adapter la quantité à distribuer.

Stress thermique, manque de protéines dans la ration, hypocalcémie, vêlage avant terme amoindrissent la qualité du colostrum. « La qualité diminue aussi si on attend après le vêlage, car la sécrétion lactée va le diluer et il faudra plus de litrage pour le même apport d’IgG », précise la québécoise.

Des réserves d’excellente teneur, congelées ou en poudre, permettent de palier à un colostrum de mauvaise qualité. « Ce n’est pas obligatoire de distribuer le colostrum de la mère mais c’est mieux quand il vient de la même ferme pour être en phase avec le microbisme », conseille-t-elle.

Le colostrum en poudre, s’il reste cher, peut être intéressant en cas de maladies transmissibles dans le troupeau. Outre sa teneur en IgG, la qualité du colostrum dépend aussi de sa contamination en bactéries, que l’on doit contrôler, « pour ne pas plomber le veau en lui faisant ingérer trop de bactéries, qui non seulement peuvent le rendre malades et perturbent aussi l’absorption des anticorps. » Limiter les développements microbiens passent par des précautions d’hygiène : depuis le vêlage, jusqu’à la première traite et le matériel de distribution du lait.

Distribuer dans l’heure qui suit la naissance

C’est au plus tôt, qu’il faut nourrir le veau. Cette première heure après le vêlage correspond aussi à une phase d’éveil du veau. Le colostrum de la 1ère traite sera distribué 2 fois : 4 litres dans la première heure, puis 12 heures après, en l’ayant conservé au frigo, à raison de 2 à 3 litres. « Il faut toujours offrir plus que 4 litres, encourage Déborah Santschi. Si le veau en absorbe plus, ça ne peut être que bénéfique. »

En passant de 2 à 4 litres de colostrum à la première buvée, on peut gagner 1 000 litres en 2 lactations

En plus des immunoglobulines, le colostrum apporte de l’énergie et des protéines au veau, qui a peu de réserves corporelles, mais aussi des hormones (prolactine, croissance, stéroïdes). « Le bénéfice du colostrum se ressent jusqu’à la 2e lactation, assure Déborah Santschi. En passant de 2 à 4 litres de colostrum à la première buvée, on peut gagner 1 000 litres en 2 lactations. »

Un veau qui a froid absorbe moins bien les anticorps. Il faut le réchauffer avec de la paille propre, si besoin un manteau ou une lampe chauffante. Si le veau boit mal, il faudrait lui proposer plusieurs petits repas. En dernier recours face à un veau qui a du mal à téter, Déborah Santschi reconnaît qu’il est préférable de le drencher pour s’assurer qu’il absorbe la quantité de colostrum nécessaire. « Il ne faut sonder que si nécessaire car après le veau risque d’avoir du mal à boire », prévient-elle.

Maximiser l’absorption de lait

Pour bien démarrer la croissance, il faut capitaliser sur l’efficacité alimentaire des veaux lors de la phase lactée. Son 1er jour, le veau recevra 4 litres de colostrum puis 2 à 3 litres. Les 2e et 3e jours, ce sera 2 x 3 litres de lait de la mère. Puis, on passera à 2 x 4 litres jusqu’à 50 jours.

Le sevrage sera graduel, en réduisant la quantité, sans modifier la dilution, pour passer à 4 litres sur 5 jours, puis 2 pour arriver à un sevrage à 60 jours. « Pour avoir du GMQ, il faut des protéines, précise la spécialiste. Au Québec, certains éleveurs distribuent des poudres qui titrent à 26 ou 27 % de protéines. » Une bonne croissance est possible au lait entier, si besoin complété pour arriver un bon ratio matières grasses/protéines, comme au lait en poudre. Dans ce cas, la reconstitution doit être régulière, en pesant la poudre à incorporer, en respectant bien les températures de reconstitution pour ne pas cuire les protéines qui ne seraient plus absorbables.

Cette constance et l’hygiène de distribution limitent les risques de diarrhées. « Pour cette approche de régularité, je déconseille de sauter le repas du dimanche soir, estime Déborah Santschi. Le temps gagné sur une distribution, on va le perdre en devant soigner les veaux ». Quel que soit le lait, elle recommande une distribution au biberon ou au seau à tétine « car la succion stimule la production d’enzymes favorables à la digestion. »

Un sevrage en douceur

Le sevrage va être une période délicate pour ne pas casser la courbe de poids. « C’est une période de transition cruciale, rappelle Jim Drackley, professeur en sciences animales à l’université d’Illinois. Le changement alimentaire est déjà stressant. Il ne faut y rajouter d’autres stress, comme l’écornage ou un modification de lot. »

Pour que le sevrage se passe au mieux, le veau doit ingérer et valoriser suffisamment d’aliments secs pour compenser l’arrêt du lait. Cela se prépare en introduisant des concentrés le plus tôt possible. Ce concentré permettra aux papilles du rumen et à la flore intestinale de se développer. Un sevrage précoce, avant 6 semaines, pénalise la croissance car le rumen ne sera pas prêt. L’aliment starter pourra être distribué jusqu’à 6 mois, quand l’ingestion et la valorisation des fourrages seront optimum. Pour arriver à un GMQ post-sevrage entre 800 et 900 g/jour, l’apport de protéines métabolisables et l’équilibre énergétique doivent être surveillés de près.