23 mesures pour une nouvelle gestion de la ressource en eau
AFP le 02/07/2019 à 15:25
Le réchauffement climatique va réduire la quantité en eau douce disponible en France dans les décennies à venir : François de Rugy a présenté lundi une série de mesures afin de mieux préserver et économiser cette précieuse ressource.
Le débit moyen des cours d’eau français devrait diminuer de 10 à 40 % à horizon 2050-2070 comparé à aujourd’hui, selon le ministère de la transition écologique. « L’adaptation au dérèglement climatique est un enjeu majeur pour la ressource en eau (…), ça passe par une nouvelle gestion de l’eau, plus sobre, plus économe dans tous les usages », agricole, industriel, domestique, a relevé le ministre lors d’une conférence de presse, au terme de sept mois de concertation. De ces trois secteurs, l’agriculture est la plus gourmande en eau.
Les collectivités pourront faire varier les tarifs en fonction de la consommation, des saisons ou pour les résidences secondaires. En clair, le prix de l’eau augmenterait à partir de certains seuils pour pénaliser les gros consommateurs ayant une piscine ou lavant souvent leurs voitures. En contrepartie, la mise en place d’une tarification sociale de l’eau pour les ménages les plus modestes, pour l’instant au stade de l’expérimentation, devrait être généralisée. « On propose de faire évoluer la tarification pour tout le monde », aussi les usagers agricoles et industriels, a assuré la secrétaire d’Etat à la transition écologique, Emmanuelle Wargon.
« Il n’y a absolument rien d’obligatoire, de contraignant, les agences de bassin étant seulement « invitées » à prendre en compte les incitations aux économies d’eau dans leurs taux de redevance » pour l’agriculture et l’industrie, regrette Alain Bazot, président d’UFC-Que Choisir.
« Déceptions et oublis »
« Le financement de la politique de l’eau (est) actuellement payé à 86 % via la facture des consommateurs », rappelle-t-il. L’association demande que les agriculteurs paient pour la dépollution d’eau potable.
Le gouvernement souhaite aussi améliorer la qualité de l’eau. Pour réduire les épandages de produits chimiques à proximité de sources ou de nappes phréatiques alimentant le réseau d’eau potable, les communes disposeront à l’avenir d’un droit de préemption sur les terres agricoles dans ces zones. En 2007, 1 000 captages d’eau prioritaires avaient été identifiés, mais seule la moitié bénéficie d’un plan d’actions. Le ministère veut que la totalité soit concernée d’ici 2021.
Une autre piste envisagée est de faciliter les usages des eaux de pluie, des eaux retraitées par les stations d’épuration ou encore les eaux domestiques dites « grises » (douche, lavabo, lave linge…) pour arroser des pelouses.
Des retenues d’eau pourront être créées, mais uniquement si elles répondent à plusieurs besoins. Des demandes d’agriculteurs de stocker l’eau pendant l’hiver se heurtent parfois à l’opposition d’associations environnementales, comme dans le conflit récent autour du barrage de Caussade dans le Lot-et-Garonne. Le ministère prévoit également de remettre en état naturel 25 000 km2 de cours d’eau, de renforcer des solutions fondées sur la nature et de doubler la superficie des aires protégées de milieux humides. 67 % des zones humides métropolitaines ont disparu depuis le début du 20e siècle.
Florence Denier-Pasquier, vice-présidente de France Nature Environnement (FNE), salue la volonté de « mettre la sobriété au cœur de la politique », mais relève des « déceptions et des oublis complets » sur la répartition du financement de la politique de l’eau ou encore la cartographie des cours d’eau. Une première partie des assises de l’eau avait mis l’accent sur la rénovation des réseaux d’eau potable pour éviter les pertes qui concerneraient un litre sur cinq.