7,5 % de la SAU, + 31 % en grandes cultures: 2018 marque un tournant vers le bio
TNC le 04/06/2019 à 18:24
L’Agence bio présentait, mardi 4 juin, les chiffres de l’évolution de la production biologique pour l’année 2018. Une année marquée par un « cap franchi » et un tournant vers la production bio en France, qui concerne désormais 2 Mha, soit 7,5 % de la surface agricole utile, près de 10 % des producteurs et 14 % des emplois dans la production agricole.
Avec 2 Mha cultivés en bio en 2018 en France, il y a vraiment « un cap franchi » côté production, « en ligne avec l’objectif de parvenir à 15 % de la surface agricole en bio fin 2022 », a déclaré Florent Guhl, directeur de l’ Agence Bio. L’organisme public qui suit l’évolution du bio en France présentait les chiffres 2018 mardi 4 juin.
Avec 5 000 nouvelles exploitations en bio en 2018, toutes productions confondues, 9,5 % des agriculteurs français travaillent en bio, et le secteur fournit 14 % de l’emploi agricole, indique l’Agence dans son bilan annuel. Le reste de la chaîne accompagne l’envolée: + 12 % du nombre d’entreprises de transformation de produits bio en 2018 et surtout + 41 % chez les distributeurs.
En grandes cultures, « déclic psychologique » et développement de la filière aval
Les nouveautés de 2018, « année record » pour le bio, portent surtout sur les grandes cultures – céréales, oléagineux, et légumes secs – qui rattrapent leur retard, avec un bond de 31 % de ces surfaces agricoles en bio par rapport à 2017, à 513 000 ha. « Il y a eu un phénomène psychologique essentiel chez les agriculteurs pour expliquer ce bond, car il y a encore 15 ans, il n’était pas de bon ton d’être en bio » estime Philippe Henry, le nouveau président de l’Agence bio, lui-même producteur et éleveur bio depuis 22 ans, près de Nancy.
L’envol a aussi été permis par l’augmentation importante des capacités de traitement et de stockage dédiées, l’ouverture de silos et de moulins spécialisés dans les blés bio.
Pour parvenir à 15 % de la surface utile agricole en bio fin 2022, l’agence estime que 8 % des grandes cultures devront être en bio.
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En bio, + 14 % de vaches laitières et + 6 % de vaches allaitantes en 2018
En élevage, « les évolutions sont plus contrastées entre systèmes laitiers et allaitants bio », note l’Agence bio. Brebis, vaches laitières et chèvres affichent des évolutions à deux chiffres, avec respectivement + 20 %, + 14 % et + 15 %. Pour le secteur laitier, « c’est un repli de 13 points par rapport aux tendances observées en 2016-2017 », regrette l’observatoire. Le cheptel bovin laitier bio n’est que de 6,2 % en bio quand les cheptels de chèvres et brebis en bio avoisinent les 10 %.
Quant à la production de viande bovine, la hausse du cheptel conduit en production biologique reste plus mesurée, à + 8 %.
Dans le domaine des légumes secs, 40 % le sont déjà. En viticulture aussi, le bond est très important (+20 % sur un an), avec 12 % du vignoble en bio (94 020 hectares) en 2018. Pour encourager les vignerons à franchir le pas, un label CAB (conversion agriculture biologique), une étiquette blanche sur fond bleu, a été créé. Le logo permet au viticulteur de vendre son vin un peu plus cher que du non bio pendant le temps de transition de trois ans.
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50 % des produits bio consommés via les grandes surfaces
L’Agence Bio a également souligné le « grand succès » des fruits et légumes biologiques, encouragés par l’objectif affiché dans la loi Alimentation (Egalim) de parvenir à 20 % de produits bio ou en conversion en restauration collective d’ici à 2022.
La filière se dispute actuellement sur le droit ou non de chauffer les serres pour élargir la période de production des fruits et légumes bio, et l’explosion de la consommation a pour l’instant permis de contenir les deux fléaux redoutés par les historiques du secteur : une importation massive de produits bio pour satisfaire la demande, ou au contraire une industrialisation de la production française.
Mais le débat « est primordial » a estimé Florent Guhl, « il faut qu’il ait lieu maintenant, car le bio est sorti d’une niche de consommation et il faut regarder comment on va le développer en gardant des valeurs » a-t-il dit. Le président de l’Agence bio se déclarait « confiant » sur la capacité de trouver des « consensus » entre les différents acteurs de la filière, qui doivent trancher le 11 juillet sur la question du chauffage ou non des serres.
L’agriculture biologique en France métropolitaine. Par @AFPgraphics #AFP pic.twitter.com/oFwxLE85qh
— Agence France-Presse (@afpfr) 4 juin 2019
Côté consommation, le bio représente désormais 5 % des achats alimentaires des Français avec près de 10 Mds€ de chiffre d’affaires. L’Agence bio note le renforcement du poids de la grande distribution qui commercialise désormais la moitié des produits bio, alors que jusqu’à l’an passé, les commerces spécialisés menaient la danse. La vente directe conserve 12 % de parts de marché en 2018 (+12,8 %). Tout comme en 2017, 69 % des produits bio consommés dans l’Hexagone sont produits en France.
Relativement, les importations stagnent grâce à la montée en puissance de la production française, note l’Agence, même si en valeur, elles augmentent. L’Agence bio souligne aussi le « gros impact sur les régions » du développement du bio et le « fort dynamisme » du secteur. Les quatre régions qui se distinguent sont l’Occitanie (9 403 fermes), la Nouvelle Aquitaine (6 157), Auvergne-Rhône-Alpes (5 858) et les Pays de Loire (3 270). Mais c’est Provence-Alpes Côte d’Azur qui consacre le plus de ses surfaces agricoles au bio (25 %). Côté départements, les trois premiers sont le Gers, l’Aveyron et la Loire-Atlantique qui dépassent chacun plus de 60 000 hectares cultivés en bio.