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Cacahuète, gingembre… Ces cultures qui s’invitent dans les Landes


AFP le 15/10/2024 à 14:57
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Depuis les années 1990, la cacahuète est cultivée dans les Landes. (© Adobe Stock)

Cacahuète, gingembre, patate douce... Par envie d'innover, des agriculteurs landais se sont lancés dans ces productions atypiques, plus connues sous les latitudes tropicales ou sub-tropicales mais qui s'adaptent au sol local avec le changement climatique.

Au début du XIXe siècle, comme en attestent les archives départementales, la culture de plantes exotiques comme l’arachide ou le coton fut testée dans les Landes, sans grand succès à l’époque.

Dans les années 1990 à Soustons, la famille Delest décide de relever le défi, avec le souvenir du grand-père qui grillait des pieds d’arachide dans son jardin. Plantée en mai et récoltée à l’automne, la variété Valencia, venue du sud des États-Unis, se révèle adaptée au climat landais et ses sols sableux.

Longtemps restée à deux hectares de production, la Ferme Darrigade, qui produit aussi asperges, fraises, maïs et canards gras, fait aujourd’hui de la cacahuète sur plus de 20 hectares, alimentant notamment une « cacahuèterie » créée avec un chocolatier de Dax pour des pâtes à tartiner ou du beurre de cacahuètes locaux.

« La demande en circuit-court explose, constate Mélanie Delest, associée à son frère et son cousin sur l’exploitation. Mais les rendements sont hyper aléatoires : moins d’une tonne par hectare les moins bonnes années, et jusqu’à deux ou trois quand tout est aligné. » Loin des taux affichés par les grands producteurs américains ou brésiliens.

« Il y a plein de facteurs qui entrent en jeu, le climat, la période de production, etc. Ici, chaque année est très différente, souligne-t-elle. L’an passé a été très chaud, très bon ; cette année, c’est beaucoup plus compliqué. De là à dire que c’est le changement climatique… »

« Ce serait trop simple de penser que tout le monde peut faire de la cacahuète ici. Au fil des années, nous avons beaucoup amélioré les aspects techniques pour réussir à développer la production », ajoute l’agricultrice devant ses cacahuètes qui, au moment de la récolte, doivent sécher naturellement sur pied quelques jours, avant de passer en remorque sur un fond grillagé, chauffé pour les ramener au bon taux d’humidité.

Gingembre, pamplemousse, patate douce

Leur récolte de gingembre, culture qu’ils ont lancée en 2021, les Fermes Larrère – collectif familial d’exploitations dans le département, en polyculture et élevage – la feront plus tardivement aussi cette année, plutôt fin novembre que fin septembre, conséquence d’un été moins chaud.

La production atteint une petite dizaine de tonnes de rhizomes frais par an. À Labouheyre, sous une serre non chauffée, « on recrée les conditions subtropicales où le gingembre – bio, venu de cultures paysannes au Pérou – arrive à pousser », fait valoir Patrick Larrère.

« On était des pionniers des carottes bio il y a 20 ans, c’est dans notre nature d’expérimenter. La Terre se réchauffe, ça va être une contrainte, alors on s’est dit que ça pouvait être une opportunité de faire autre chose », poursuit le responsable qui propose, depuis cette année, des pots de gingembre à faire pousser dans son salon pour « faire participer le consommateur à cet effort de relocalisation des productions ».

Depuis bientôt 10 ans, les Larrère font également de la patate douce qui a alimenté la cantine du Village olympique de Paris-2024. « On s’est dit qu’il fallait aussi s’adapter aux tendances alimentaires en proposant des produits faits sur place, plutôt qu’à l’autre bout du monde. Au Sénégal, les rendements sont trois fois supérieurs aux nôtres mais on parie sur l’avenir car la patate douce, plus il fera chaud ici, mieux ça marchera. »

Si les dernières expérimentations de culture de curcuma n’ont pas été concluantes, la famille teste aussi le pamplemousse ou le citron yuzu sous la serre.

« En 2100 dans les Landes, on fera toujours des carottes… Mais l’Espagne va se désertifier et la France va devenir le verger de l’Europe, anticipe-t-il. On voit déjà des oliviers remplacer des vignes en Gironde. Peut-être que les kiwis ne pousseront plus ici sur l’Adour mais en Lorraine ? À nous de nous préparer ! »