Comment accroître le carbone stocké dans vos sols ?
TNC le 06/05/2020 à 14:03
Limiter son empreinte carbone est un défi à relever pour les élevages. Les prairies constituent déjà un formidable moyen d'accroître le carbone stocké dans les sols mais d'autres pratiques permettent d'aller également dans cette direction comme le développement des légumineuses, l'implantation d'arbres ou encore la limitation du travail du sol.
Comment réduire l’empreinte carbone de son exploitation ? Une question que se posent de nombreux éleveurs. Bonne nouvelle, les zones d’élevages sont, en dehors des zones montagneuses et forestières, celles qui stockent le plus de carbone, grâce notamment aux prairies. Cela se constate notamment sur cette carte établie par l’Inra : les régions d’élevage comme la Bretagne, la Normandie, l’Est ou le Massif central se distinguent par des stocks de carbone plus élevés.
« Sur les 30 premiers centimètres du sol, on a 50 t de carbone dans un hectare de cultures et 80 t sur un hectare de prairies, confirme Hélène Chambaud de l’Idele, d’où l’importance de l’élevage pour le stockage de carbone. »
« Le stock de carbone continue à augmenter chaque année sur les prairies permanentes (+ 210 kg de carbone par ha et par an) avec les pratiques actuelles alors que dans un système cultures sur cultures, on a tendance à perdre du carbone (- 90 kg/ha/an) », poursuit-elle.
Les bonnes pratiques pour augmenter le carbone stocké dans son sol
Le maintien et même l’accroissement des surfaces en prairies est donc nécessaire pour accroître le carbone dans le sol. Les premiers résultats du projet Life Beef Carbon montrent d’ailleurs qu’un tiers environ des émissions brutes de gaz à effet de serre d’un atelier bovin-viande sont compensées par le stockage de carbone dans les prairies.
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Mais d’autres bonnes pratiques peuvent également être mises en œuvre par les éleveurs pour augmenter encore le carbone stocké dans leur sol.
- Favoriser le pâturage comme par exemple Fabrice Charles, éleveur laitier des Cotes d’Armor dont l’élevage est passé en 100 % herbe en 2015. Ses animaux passent jusqu’à 10 mois de l’année dehors, les deux mois restants étant consacrés au repos des pâtures.
- Développer les légumineuses. « Les légumineuses vont capter l’azote de l’air : elles n’ont pas besoin d’apport d’azoté et elles en restituent pour la culture suivante », explique d’ailleurs l’Ademe. Un large panel d’espèces existe : cultures annuelles de protéagineux (pois, féverole, lupin, soja), de légumes secs (lentilles, pois-chiche, haricot sec) et de légumes (haricots, pois de conserve), ou cultures pérennes et fourragères (luzerne, trèfle, vesce, sainfoin…), qui peuvent être fauchées ou pâturées.
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- Favoriser dans les cultures des couverts végétaux productifs.
- Implanter des arbres ou des haies : au delà du stockage de carbone, les arbres et haies apportent d’autres effets positifs comme l’amélioration de la qualité de l’eau grâce à la filtration des racines, la diversification du paysage, le maintien de la biodiversité ou encore le bien-être animal grâce à l’ombrage qu’ils procurent. Sans oublier qu’ils peuvent représenter une source de revenus supplémentaires pour les agriculteurs grâce à la vente du bois.
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- Limiter le travail du sol. Avec les couverts végétaux entre chaque culture, la diversification et l’allongement des rotations, la réduction du travail du sol est une composante clé d’une « agriculture régénératrice des sols » explique l’ONG Earthworm. Selon elle, « un sol vivant peut stocker jusqu’à 500 kg de carbone par hectare et par an ».
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