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Des pesticides interdits en Europe toujours exportés depuis la France


AFP le 24/09/2024 à 15:21

Une faille juridique qui permet aux industriels d'exporter des pesticides produits en France pourtant interdits en Europe : c'est ce que met en avant l'enquête de l'émission « Vert de rage », diffusée sur France 5 dans les prochaines semaines.

Si « la production, le stockage et la circulation (des) produits phytopharmaceutiques interdits par l’UE » est effectivement prohibée par une loi française depuis le 1er janvier 2022 en raison de leur nocivité pour la santé et l’environnement, le texte n’interdit pas l’exportation des substances actives elles-mêmes.

« C’est un peu comme si l’on avait interdit le pain, mais pas le blé », résume le journaliste Martin Boudot, présentateur de l’émission, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue mardi à l’Académie du climat, à Paris.

En 2023, selon les chiffres de l’ONG suisse Public Eye, la France a « approuvé l’exportation de 7 294 tonnes de pesticides interdits » par Bruxelles, dont « 4 500 tonnes de pesticides interdits sous forme de substances actives, en vertu de la brèche » juridique concernant ces dernières.

De la picoxystrobine et du fipronil principalement

Parmi les produits interdits exportés par l’industrie française figurent principalement la picoxystrobine (3 000 tonnes), un fongicide interdit depuis 2017, et le fipronil (1 400 tonnes), un insecticide « tueur d’abeilles », toujours selon Public Eye.

L’émission s’est intéressée à deux dimensions du problème : la pollution engendrée dans l’environnement à proximité des usines qui produisent ces pesticides d’une part, et « l’effet boomerang » de ces exportations d’autres parts, à savoir la présence de résidus de pesticides dans les fruits et légumes importés et consommés par les Français.

Sur ce dernier point, Vert de rage explique avoir testé, en collaboration avec le docteur Souleiman El Balkhi, responsable du service de toxicologie analytique environnementale au CHU de Limoges, « plus de 400 pesticides et métabolites, dont 191 substances interdites ». Et ce, sur « 22 échantillons de fruits et légumes » importés hors de l’Union européenne.

Environ « un tiers contiennent des résidus de pesticides interdits » en Europe, explique Souleiman El Balkhi, sans toutefois qu’aucun ne « dépasse la limite maximale de résidus (LMR) » prévue par la règlementation.

L’émission, dont ce sera le dernier épisode avant son arrêt, sera diffusée dans les prochaines semaines sur France 5.