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La collecte de céréales à paille bio a dégringolé en 2024


TNC le 28/10/2024 à 15:46
BleTendre

- 54 % : c'est la chute estimée de la collecte 2024 de blé tendre bio en France cette année. (© romaneau, AdobeStock)

La collecte française de céréales à paille bio s’est effondrée en 2024, conséquence des conditions météo difficiles et du désengagement croissant des agriculteurs dans les cultures biologiques. La qualité du blé tendre bio reste de son côté très satisfaisante.

Mi-juillet, les experts des marchés bio s’attendaient à ce que la collecte 2024 de céréales bio en France baisse de 10 à 20 % à cause de la campagne très humide qui, comme sur les parcelles cultivées en conventionnel, a affecté aussi bien les surfaces que les rendements.

Leurs dernières estimations, validées par un groupe de travail interprofessionnel Intercéréales/Terres univia et présentées le 16 octobre lors du point presse du conseil spécialisé « grandes cultures » de FranceAgriMer, témoignent d’une situation bien plus décevante.

Pour le blé tendre, première céréale à paille cultivée en agriculture bio, la collecte était plutôt orientée à la hausse depuis 2018 et avait atteint 424 000 t en 2023. Elle chuterait de 54 % en 2024, à seulement 195 000 t.

La collecte de triticale bio est elle aussi évaluée en baisse de 54 % sur un an, passant de 90 000 t en 2023 à 41 000 t en 2024. Le repli s’annonce moins sévère pour l’orge bio : – 40 %, à 58 000 t cette année contre 97 000 t en 2023.

Baisse des conversions en bio

Ces chiffres englobent la collecte de céréales bio et celle de céréales en deuxième année de conversion (C2). Et à y regarder plus précisément, la chute de la collecte est particulièrement marquée pour les céréales en C2 : – 77 % pour le blé tendre, – 82 % pour le triticale et – 83 % pour l’orge, pour atteindre respectivement 5 000 t, 3 000 t et 1 000 t.

Cette faiblesse de la collecte C2 s’inscrit dans un contexte de baisse des conversions en bio : toutes céréales confondues, la part de la collecte en conversion diminue ces dernières années. Elle était passée de 33 % de la collecte bio globale en 2019 à 6 % en 2023.

« Le facteur « engagement des producteurs » est un élément de plus qui impacte la collecte bio, appuie Emma Troudi, chargée d’études économiques à FranceAgriMer sur les grandes cultures bio. On aura le bilan final de l’année 2024 de l’Agence bio en décembre, mais on peut déjà observer que 2024 surpassera les trois années précédentes en termes d’arrêts de producteurs de grandes cultures bio ».

Pour compenser cette baisse de la collecte, les importations de céréales à paille bio devraient augmenter sur la campagne de commercialisation 2024/25 : elles passeraient pour le blé tendre bio d’environ 1 000 t sur 2023/24 à 50 000 t, de 0 à 5 000 t pour le triticale et de 500 à 2 000 t pour l’orge.

Les utilisations par le marché sur 2024/25 devraient s’adapter aux volumes disponibles. Les experts des marchés bio les attendent en baisse de 17 % pour le blé tendre, de 21 % pour le triticale et de 20 % pour l’orge.

Plus en détails, les utilisations intérieures du blé tendre bio devraient rester stables en meunerie, à 188 000 t, mais baisseraient de 10 000 t et 12 % en fabrication d’aliments du bétail (FAB). Et alors que les exports avaient connu un boom sur 2021/22 et 2022/23, allant jusque 71 000 t, ils descendraient à 15 000 t sur 2024/25 (- 75 % d’une campagne à l’autre).

Les utilisations françaises du triticale bio en FAB baisseraient de 18 % et 10 000 t d’une campagne à l’autre, et les exports de 83 %, passant de 3 000 à 500 t.

Les utilisations de l’orge bio en FAB grimperaient de 25 %, à 29 000 t, « pour compenser la diminution en blé tendre et en triticale dans les formules », elles resteraient stables en malterie, à 16 500 t. Les exports chuteraient de 80 %, passant de 25 000 t à 5 000 t.

Malgré les craintes, une qualité au rendez-vous

Quid de la qualité ? Malgré les conditions météo humides du semis à la récolte, elle est au rendez-vous pour la récolte 2024 de blé bio, révèle l’enquête menée par Arvalis et FranceAgriMer à partir de 86 échantillons prélevés dans neuf régions à l’entrée de 57 silos d’organismes de collecte.

Les poids spécifiques, très variables et avec un gradient croissant Nord-Sud, sont en moyenne plus bas que l’an dernier (75,7 kg/hl, soit – 1,4 point/2023) mais 59 % de la collecte dépasse 76 kg/hl. Malgré ces PS en baisse, « la valeur d’usage est intègre », note Chatou Laouan Brem Boundi, chargée d’études pour FranceAgriMer.

Malgré les pluies de fin de cycle, les indices de chute de Hagberg sont « très élevés » (97 % de la collecte dépasse 240 secondes). La teneur en eau à l’entrée des silos est « compatible avec une bonne conservation des grains » (14,1 % d’humidité en moyenne, + 0,8 point/2023).

Quoique très hétérogène selon les zones, la teneur en protéines est satisfaisante, avec une moyenne de 11,2 % et 73 % de la collecte au-dessus de 11 %. Le gluten humide atteint de son côté 20 % en moyenne à l’échelle nationale, et plus de la moitié de la collecte dépasse 21 %.

Côté qualité technologique, la force boulangère (W) est variable selon les bassins et la moyenne nationale est élevée : 181, et 65 % de la collecte au-dessus de 170. Le rapport ténacité sur extensibilité (P/L) s’établit à 1,1, et 40 % de la collecte en-dessous de 1.

Si bien que les résultats obtenus au test de panification sur des pains de tradition sont bons, avec une note moyenne de 260 sur 300 et 77 % de la collecte au-dessus de 250, témoignant d’« une très bonne valeur boulangère ».