La France a perdu 9 % de ses livreurs de lait bio depuis mi-2022
TNC le 05/12/2024 à 17:00
La filière laitière bio française subit une baisse continue de la collecte depuis début 2023, appelée à se poursuivre dans les mois qui viennent, tandis que la consommation de produits laitiers bio montre des signes de stabilisation.
Fin novembre, le Cniel organisait une journée d’information sur la filière laitière biologique : l’occasion, notamment, de dresser un point de conjoncture économique. À commencer par la collecte, toujours en baisse : 1,19 Md de litres en juillet contre presque 1,3 Md début 2023, et en septembre – 6 % sur un an glissant par rapport à 2023 et – 8 % par rapport à 2022.
Surtout marquée dans le sud et le nord-est de l’Hexagone, « la baisse de la collecte devrait se poursuivre », indique l’interprofession, mais son rythme pourrait légèrement diminuer et aboutir à 1,15 Md de litres d’ici fin 2025. Elle ajoute qu’à partir de 2026, ce rythme de baisse « dépendra aussi de l’éventuelle reprise en bio des exploitations dont Lactalis se sépare ».
La baisse de la production est surtout liée au nombre important d’arrêts d’activité en lait bio : en septembre, la France ne comptait plus que 3 922 livreurs, 5 % de moins qu’en septembre 2023 et 9 % de moins qu’en juin 2022. Depuis cette date, environ la moitié des arrêts d’activité en lait bio est liée à un retour au conventionnel, l’autre à un arrêt de l’activité laitière ou agricole.
Après avoir progressé de 5 % en 2023, le prix du lait bio payé aux producteurs est stable sur un an en 2024, et l’écart avec le conventionnel est faible : 56 €/1 000 l sur un an glissant, contre 120 €/1 000 l avant la crise inflationniste.
Si les fermes bio ont subi l’inflation des charges en 2023, elle a été moins violente que dans les fermes en conventionnel, note le Cniel. Et avec notamment une stabilité des achats d’aliments depuis 2021, « les bio ont renforcé leurs efforts d’autonomie depuis la crise inflationniste, au détriment de leur productivité ».
Le rythme de baisse des ventes de produits laitiers bio ralentit
Les fabrications sont « en voie de stabilisation » : en hausse depuis janvier 2024 pour les poudres et les produits laitiers frais, toujours « en fort retrait » pour la crème conditionnée et le beurre bio malgré un redressement net ces derniers mois.
De fait, sur le premier semestre 2024, « malgré un manque de matière grasse bio sur le marché, les fabrications (de crème et de beurre) continuent de reculer et la matière grasse du lait de collecte semble déclassée ».
Du côté de la consommation, les ventes de produits laitiers bio sont eux aussi « en voie de stabilisation » après une baisse de 30 % en trois ans : « la déconsommation bio disparaît en même temps que l’inflation ».
Sur le troisième trimestre 2024, la baisse des ventes n’était que de 2 % par rapport à 2023, et des hausses ont même été observées sur les yaourts cet été et sur le beurre en septembre. Octobre a néanmoins été marqué par une nouvelle baisse marquée des ventes de produits laitiers bio : – 7 %/2023.
Les achats de produits laitiers dans leur ensemble progressent en 2024, si bien que la part de bio dans les achats de produits laitiers reste basse, tombant à 3,7 % en volume équivalent lait en septembre, bien loin des 5,2 % atteints en mars 2020.
La non-application de la loi Egalim représente une perte de 20 M€ annuels
En GMS, les prix du beurre bio et non bio ont tendance à converger ces derniers mois tandis que l’écart se maintient pour le lait liquide, et le nombre de références bio dans les rayons ne baisse presque plus depuis début 2024.
À noter aussi : une « reprise nette » des ventes en magasins spécialisés bio (+ 7 % en valeur et + 5 % en volumes en cumul à juillet), d’une part parce que l’écart des prix avec les GMS se réduit « avec la poussée des marques de distributeurs et des premiers prix en magasins spécialisés bio », d’autre part en raison de « la concurrence des autres circuits moins forte en alimentaire du fait de la réduction des assortiments en circuits généralistes ».
Dans la restauration collective, la part de produits laitiers achetés en bio a stagné autour de 9 % en valeur, bien en-dessous des 20 % fixés par la loi Egalim et qui pourraient permettre à la RHD d’absorber 80 à 120 millions de litres de lait supplémentaires. Le défaut d’application de cette loi représente un manque à gagner annuel de 20 millions d’euros pour la filière lait bio, a estimé le Cniel.
Finalement, seulement 50 % de la collecte française de lait bio se retrouvent absorbés par la consommation de produits laitiers finis en France, les volumes restants sont soit déclassés, soit valorisés à l’export en tant qu’ingrédients bio.