L’appétit des Français pour le bio a résisté au Covid, selon une enquête
AFP le 19/03/2021 à 14:50
Ils sont plus chers mais les Français ne s'en détournent pas malgré la crise du Covid-19 : les produits bio ont continué à avoir le vent en poupe l'an dernier, d'après une enquête de l'Agence Bio et des données des magasins spécialisés.
« La grande crainte que j’ai eue au moment du premier confinement il y a un an, c’était que tout s’arrête. J’ai pensé que les gens allaient se ruer sur les produits de base, les premiers prix et je me suis demandé ce qu’allait devenir le bio », raconte à l’AFP Philippe Henry, président de l’Agence bio qui œuvre au développement de l’agriculture bio dans l’Hexagone. « Et puis au fil des semaines, on s’est aperçu que ce n’était pas le cas et que les gens continuaient à acheter des produits bio. Mieux encore, il y avait plutôt une accélération », poursuit cet agriculteur.
Sur son exploitation bio de 160 hectares, en Lorraine, il élève des poules pondeuses et produit de la viande bovine, des céréales et des patates. « Nos ventes ont continué d’augmenter, clairement. Nous avons même été dévalisés en œufs, un produit-phare pendant le premier confinement ».
« Le bio est en croissance année après année » et la trajectoire « n’a pas fléchi » avec le Covid-19, constate Laure Verdeau, nouvelle directrice de l’Agence bio, en présentant vendredi le 18e baromètre de consommation et de perception de ces produits. « La famille s’étoffe », avec 15 % de nouveaux consommateurs bio, selon cette enquête, réalisée du 13 novembre au 1er décembre 2020 auprès de 2 100 personnes, lors du deuxième confinement.
21 % des nouveaux venus (mangeant bio au moins une fois par mois depuis moins d’un an) sont des jeunes de 18/24 ans, souvent soucieux d’environnement. Et 20 % sont des ouvriers et des employés, « ce qui montre que le bio se démocratise », selon Philippe Henry.
Le prix, toujours un frein
Neuf français sur dix ont consommé des produits bio au moins une fois en 2020. Parmi eux, 73 % l’ont fait au moins une fois par mois et 13 % tous les jours. Toutefois, « le prix reste le premier frein à la consommation de produits bio, même si cela a tendance à s’estomper », reconnaît Philippe Henry. Les produits agricoles bio restent plus chers pour les consommateurs, « souvent de 30 % à 40 % », notamment en raison de coûts de production plus élevés.
La bonne forme du secteur est confirmée par les données de distributeurs spécialisés en bio, essentiellement tournés vers l’alimentaire. Biocoop et Naturalia ont ainsi annoncé cette semaine des chiffres d’affaires en hausse en 2020, le président du premier, Pierrick de Ronne, y voyant un « léger effet Covid ». Biocoop, qui compte 700 magasins en France, a réalisé 1,62 milliard d’euros de ventes l’an passé (+16,6 %), une croissance « supérieure à celle du marché » et plus forte qu’en 2019 (+14,8 %). Chez Naturalia, qui fait partie du groupe Casino (Géant, Franprix, Monoprix, Vival…), le chiffre d’affaires sous enseigne a progressé de 22,4 % en 2020, à 395 millions d’euros. L’enseigne comptait 219 magasins au 31 décembre.
Le dynamisme des ventes de bio semble avoir été un peu moindre dans les grandes et moyennes surfaces (GMS): « le chiffre d’affaires du bio a continué de croître en 2020, de 14 % », indique à l’AFP Emmanuel Fournet, Directeur services Clients chez Nielsen IQ. « Une croissance qui reste très soutenue mais qui ralentit un petit peu puisqu’elle était de 20 % l’année précédente », ajoute-t-il. Ce, alors que les grandes surfaces ont globalement beaucoup plus vendu que l’année précédente. Il explique ce « tassement » de la croissance par une diminution du nombre de références de produits bio en rayon, « les fournisseurs ayant revu un peu à la baisse les assortiments proposés aux distributeurs, surtout pendant les périodes de confinement ». Le chiffre d’affaires du bio en GMS a été de l’ordre de 6 milliards d’euros en 2020, selon Nielsen. Il a représenté 5,1 % des ventes totales et 6 % des ventes de l’alimentaire.