L’Organisation internationale du vin, 100 ans et bien des bouleversements
AFP le 11/10/2024 à 09:22
Après la Prohibition, les maladies, une Guerre mondiale... l'Organisation internationale du vin (OIV) fête ses 100 ans sous la menace d'un réchauffement planétaire inédit, mais se veut confiante dans la capacité de la vigne à s'adapter une fois encore au "nouveau monde qui se profile".
Ces bouleversements – le dérèglement climatique mais aussi des changements profonds dans les préférences des consommateurs – seront au cœur de son 45e congrès, qui sera organisé du 14 au 18 octobre à Dijon, son nouveau siège. En amont, la France organisera dimanche une conférence ministérielle, destinée à échanger sur la situation mondiale de la filière viti-vinicole.
Alors que la production mondiale de vin est tombée en 2023 au plus bas
depuis 1961 sous l’effet des intempéries, que la consommation a reculé de 3 %, John Barker, le directeur de l’OIV, se veut « optimiste » pour ce secteur
« résilient ». En 1924 déjà, cette organisation intergouvernementale était née en réponse à une crise vinicole internationale, entre politiques prohibitionnistes, effondrement des vignobles européens depuis la crise du phylloxera, essor de produits mélangés ou frelatés… Son objectif alors était d’arriver à une définition commune du vin.
Créée par huit pays (Espagne, France, Grèce, Hongrie, Italie, Luxembourg,
Portugal, Tunisie), elle rassemble aujourd’hui 50 Etats (le 51e, la Chine, est
attendu en novembre), couvrant 88 % de la production mondiale. Parmi ses
observateurs figurent l’Union européenne, le Ningxia chinois ou le Texas…
mais les États-Unis en sont partis en 2001, après l’échec de leur candidat à
sa présidence.
Mission de cette instance unique en son genre : contribuer à définir et harmoniser les normes et pratiques, soutenir la recherche, fournir données et statistiques. « Nous avons un mandat scientifique et technique, nous ne gérons pas les aspects politiques, ou promotionnels », explique M. Barker.
« L’ONU du vin »
« Je pense que les pays comprennent toute la force qu’il y a à travailler ensemble, partager les connaissances, trouver des réponses et des approches communes », dit ce Néo-Zélandais, « premier directeur issu de l’hémisphère Sud ». Parfois surnommé « l’ONU du vin », l’OIV collabore au « codex alimentarius » (recueil mondial des normes sanitaires des aliments installé par l’ONU), a participé aux conférences climat (COP), et évolué avec les enjeux, environnementaux, techniques, nouveaux producteurs, etc.
Aujourd’hui, « le changement climatique est l’un de nos plus gros défis »,
souligne M. Barker. « Nous avons une plante vivace, qui se trouve souvent dans des endroits un peu plus vulnérables, et nous voyons de manière certaine les effets puissants du changement climatique ». Pour l’OIV, « cela va main dans la main avec la durabilité. Parce que travailler de façon soutenable sur le plan environnemental, économique et social est essentiel pour pouvoir s’adapter au changement climatique. Et c’est une demande du marché. »
« Une part de notre travail porte sur les variétés. Il en existe 13 000, et dans ce riche héritage il y a le potentiel pour trouver des variétés ou des sous-types de variétés adaptés à des conditions particulières ou simplement aux goûts contemporains », ajoute son directeur. De fait, les goûts changent, avec « une tendance à la baisse pour la consommation de vin rouge, en particulier sur les marchés plus traditionnels, France, Italie, etc. et aussi en Chine depuis le Covid-19. Mais nous voyons par ailleurs la bonne performance du vin pétillant, du vin blanc, du rosé, qui résistent mieux à l’inflation ».
Le secteur mise sur la montée de produits avec moins d’alcool, voire sans, un sujet qui fera lui aussi l’objet de nombreuses communications techniques à
Dijon, où des centaines d’experts sont attendus. « Je pense que globalement, nous pouvons être optimistes parce que si nous regardons le secteur, historiquement, il est extrêmement résilient », assure M. Barker.
« Nous avons un beau produit, la qualité du vin n’a jamais été aussi bonne
globalement, c’est un produit avec de l’authenticité, la capacité d’innover »,
énumère-t-il. « Et si nous regardons les chiffres de la consommation, nous
sommes au niveau de 1996, et en 1996 elle a atteint un certain point puis elle
est repartie à la hausse ».