Semis et binage des betteraves et colzas bio sont gérés par le robot Farmdroïd
TNC le 20/10/2022 à 09:05
Alors qu'ils avaient arrêté la culture de la betterave bio à cause des coûts trop élevés de désherbage manuel, Didier et Frédéric Lambin, installés à Coupéville dans la Marne, sont revenus sur leur décision l'année dernière avec l'essai du Farmdroïd FD20. Depuis ils ont investi dans un robot sur leur exploitation et l'utilise aussi sur colza.
Intéressé par l’agriculture biologique, Didier Lambin s’est lancé dans la conversion de son exploitation en 1999. Une conversion qui a repris aussi en 2012 avec l’installation de son fils, Frédéric, pour être complètement terminée en 2018. En agriculture bio, « le principal point d’attention reste la maîtrise des adventices, observe Frédéric Lambin. Pour les céréales, on a recours aux outils de désherbage mécanique comme la bineuse, la herse étrille, la roto-étrille, la houe rotative, etc. Par contre, pour d’autres cultures comme la betterave ou le colza, c’est plus délicat… ».
Relancer la culture de betteraves bio sur l’exploitation
Arrivés à des coûts de main d’œuvre trop importants pour le désherbage manuel, père et fils décident d’arrêter la culture de betteraves sur leur exploitation en 2019. Ils réfléchissent toutefois à revenir sur cette décision en 2021 quand leur concessionnaire AgriViti leur propose de tester le Farmdroïd FD20, robot autonome qui est capable de prendre en charge, à la fois, le semis et le binage des cultures. Ils l’avaient découvert un peu plus tôt, lors du salon Agritechnica en 2019.
Les agriculteurs se lancent alors sur 2,5 ha de betteraves et l’essai se révèle concluant (74 t/ha). « On a essayé aussi sur 10 ha de colza à l’automne (33 q/ha) et on a décidé d’investir dans un robot pour l’exploitation, témoigne Frédéric Lambin. On n’était plus équipé en semoir à 45 cm, ni en bineuse à 45 cm. Donc pour faire de la betterave, il fallait soit investir dans un semoir, soit faire appel à un entrepreneur, et aussi investir dans une bineuse. Finalement quand on regardait le coût d’un semoir et d’une bineuse, le robot n’était pas si inintéressant que ça. Surtout que le robot est plus efficace qu’une bineuse pour le désherbage ».
« Le robot a l’avantage de pouvoir travailler sur le rang, entre les plantes. Même s’il y a des pieds non levés, il est capable de biner, car c’est lui qui a géré le semis. On peut ainsi intervenir à des stades très jeunes des adventices (stade filament blanc) et des plantes. Comme il avance lentement, il est d’une grande précision. Une bineuse classique a tendance à remuer plus de terre, qui peut alors venir recouvrir les plantes à des stades jeunes», ajoute l’agriculteur.
Un coût équivalent à 50 h/ha de désherbage manuel
Pour cette campagne 2022-2023, « le colza a été semé sur les derniers jours du mois d’août (35 gr/m², écartement 45 cm). Des orages sont venus plaquer le sol après la levée, mais le binage a permis de casser la capillarité et que la minéralisation reprenne, précise Didier Lambin. En tout, le robot a réalisé 2 binages et un 3e passage était en cours la semaine du 5 octobre. Il y en aura peut-être un 4e avant que le colza ne recouvre la terre complètement et ce sera terminé pour l’automne. Un passage pourrait éventuellement se faire au printemps, mais si le colza est trop gros, on ne pourra pas passer et il n’y aurait pas d’intérêt du coup ».
Au niveau de temps de travail, son fils estime que « c’est assez équivalent entre le robot et une conduite plus classique (semoir à céréales et bineuse à céréales pour le colza). Le robot nécessite plutôt une surveillance quotidienne, il faut aussi prévoir le temps de transformation entre le mode semis et le mode binage (1 petite matinée environ), et quelques réglages en cours de fonctionnement comme pour une bineuse classique (profondeur…) ». À noter : le robot entièrement autonome fonctionne avec 4 panneaux solaires connectés à 2 batteries en lithium qui permettent une autonomie de 24 h au printemps. Seule la pluie peut l’arrêter. « À l’automne, le robot est plutôt sur des journées de 12 h, sauf si la rosée est trop importante et cela demande un peu plus de surveillance », observe Frédéric Lambin.
Et côté rentabilité ? L’agriculteur explique : « si on prend un investissement sur 5 ans avec 20 ha de betteraves, le coût est équivalent à 50 h/ha de désherbage manuel. Ce qui est très intéressant en agriculture biologique, parce que la première année où on a cultivé de la betterave bio, on était autour de 200 h/ha ! ». Après le passage du robot, un peu de désherbage manuel est tout de même nécessaire pour des finitions, mais « on est redescendu plutôt autour de 20-30 h/ha ». « Cela limite aussi la pénibilité du travail et la difficulté à trouver de la main d’œuvre disponible », note Didier Lambin. Et le fait de pouvoir utiliser le robot pour le colza permet de réduire encore la charge de l’investissement. »