30 % des fermes dirigées par des femmes
TNC le 08/03/2023 à 18:07
En 2021, la MSA recense 121 400 femmes - 104 900 cheffes d'exploitation et 16 500 conjointes collaboratrices - au sein de la population active non-salariée agricole, soit 27 %. Ainsi, elles sont à la tête de près de 30 % des fermes.
À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, la Mutualité sociale agricole publie, ce 8 mars 2023, ses derniers chiffres sur les exploitantes et salariées agricoles.
Un quart des chefs d’exploitation
En 2021, la MSA dénombre 104 900 cheffes d’exploitation, soit 26,2 % de l’effectif total, une baisse de 1 % comparé à 2020 et, en moyenne, de – 0,9 %/an entre 2011 et 2021. Toutefois, leur part augmente depuis 2014 et atteint 24,3 % de l’ensemble des chefs d’exploitation, retrouvant le niveau du début des années 2010.
Leur âge moyen − 51,6 ans − est supérieur à celui de leurs homologues masculins (48,6 ans). 22 % ont plus de 60 ans, contre 13,7 % chez les hommes.
29,5 % des fermes gérées par une femme ou plus
29,5 % des fermes sont exploitées ou co-exploitées par au moins une agricultrice, un chiffre constant depuis trois ans : 16,9 % par une équipe exclusivement féminine et 12,6 % mixte.
Les femmes représentent 17,3 % des chefs d’exploitation en bovins lait, 16 % en céréales et cultures industrielles, 12,6 % en cultures et élevages non spécialisés et 12 % en viticulture. Une répartition similaire à celles des chefs d’exploitation et des différentes productions au sein de l’agriculture. Leur proportion dans les ETA reste faible : 9,9 %.
Moins de conjointes collaboratrices : 11,8 %
Sur 139 534 conjointes d’exploitants, 16 465, soit 11,8 %, sont dites « collaboratrices ». Un nombre divisé par deux en dix ans, « les jeunes générations préférant opter pour un statut de co-exploitant qui leur procure plus de droits », précise la MSA. Les conjointes collaboratrices sont, elles aussi, présentes essentiellement dans les filières céréalière, bovine laitière et viande, de polyculture-élevage, et viti-vinicole. Agées de 53,6 ans en moyenne, elles exploitent une surface moyenne de 63,3 ha.
360 300 salariées agricoles
Le secteur de la production emploie 360 300 femmes, ce qui équivaut à 35,7 % de l’ensemble des salariés agricoles, en recul de 5,6 % par rapport à 2020 et de 8,2 % depuis 10 ans, et à 125 000 ETP (équivalents temps plein, soit un tiers des ETP totaux). « Les effectifs féminins d’ETP ont progressé de 8,6 % car la durée moyenne des contrats s’est allongée : + 11,6 % pour les CDD et + 22,1 % pour les CDI. Avec un âge moyen de 39 ans, ces femmes travaillent principalement dans les cultures spécialisées (32,8 %), la viticulture (30,6 %) et la polyculture-élevage (16 %). »
Cependant, le salariat des femmes en agriculture demeure plus précaire que pour leurs homologues masculins. 80,7 % des salariées détiennent un CDD et 36,7 % un contrat saisonnier. La durée moyenne des CDD est 2,7 % plus courte que celle observée pour les hommes, mais la rémunération horaire moyenne est plus élevée (+ 2,2 %). En CDI, les temps de travail sont inférieurs à ceux des hommes de 4,9 % en moyenne et les rémunérations horaires de 3,2 %.
La MSA met en avant un point intéressant : « Environ 123 000 femmes d’exploitants ne sont ni cheffes d’exploitation, ni conjointes collaboratrices et n’ont donc pas un statut non-salarié agricole. Salariées dans l’entreprise de leur conjoint ou dans une autre entreprise (agricole ou non), elles assurent un complément de revenu au ménage, ce qui contribue indirectement au maintien de l’exploitation. Leur participation à la gestion des exploitations n’est pas directement mesurable, mais réelle : lorsqu’elles sont interrogées dans le cadre du recensement agricole, elles déclarent majoritairement aider à la gestion de l’exploitation, bien que n’ayant pas le statut de collaboratrice. »
Santé : meilleure que les femmes du même âge
Les exploitantes agricoles sont notamment « moins touchées par les cancers du poumon et du sein, les pathologies du foie, neurologiques, psychiatriques, respiratoires chroniques, l’insuffisance rénale chronique terminale, les maladies rares, le Sida », indique l’organisme agricole. Mais elles sont plus souvent sujettes aux maladies cardiovasculaires, à la polyarthrite rhumatoïde et pathologies apparentées, aux maladies dégénératives comme Parkinson.
Maternité : davantage recours au remplacement et aux indemnités journalières
En 2020, 30 000 grossesses ont été comptabilisées pour le régime agricole. « Elles sont légèrement plus précoces et moins fréquentes que chez les femmes de l’ensemble des régimes », pointe l’OPA.
1 196 non-salariées agricoles ont utilisé le service de remplacement en 2021, et donc l’allocation dédiée, en hausse de 16,2 % par rapport à 2020. « Quand elles n’ont pas la possibilité d’y recourir, elles peuvent bénéficier directement, depuis 2019, d’indemnités journalières forfaitaires », rappelle la Mutualité sociale agricole. Ce qu’ont fait seulement 109 d’entre elles en 2021, un effectif qui augmente néanmoins (71 femmes en 2020, 38 femmes en 2019). À noter : 69 % des productrices agricoles, ayant accouché en 2021, ont profité d’un des deux dispositifs d’indemnisation, un pourcentage en progression de deux points sur un an.
Retraite : un écart de 226 €/mois brut
« Les femmes sont majoritaires au régime des non-salariés agricoles : 677 000 sur l’ensemble du territoire (55,9 % de l’effectif total), avec un âge moyen de 81 ans (78 ans pour les hommes) », affiche l’organisation agricole. Elle complète : « 589 000 (87 %) ont une retraite de droits propres : un peu plus de 272 000 ont été cheffes d’exploitation, près de 220 000 ont gardé le statut de conjointe collaboratrice toute leur carrière et plus de 97 000 n’ont connu que celui d’aide familial. 88 000 perçoivent uniquement la pension de réversion agricole de leurs conjoints décédés. »
La pension de retraite moyenne s’élève, fin 2021, 1 137 €/mois brut pour les non-salariées agricoles et à 1 363 €/mois brut pour les salariées. Une différence de 226 €/mois. Elle reste plus faible que celles des agriculteurs et salariés agricoles : de 18,5 % en moyenne pour les cheffes d’exploitation (pension non-salariée agricole de droits directs de base, hors avantages complémentaires et retraite complémentaire obligatoire), ce qui revient à un écart de 302,4 €/mois brut et s’explique en partie par des carrières plus courtes sous ce statut que pour les hommes : 47 trimestres en moyenne versus 97. Pour les conjointes collaboratrices, le différentiel s’accroît à 18,9 %, avec un montant moyen de retraite de 1 098 €/mois brut.
Signalons, qu’au départ en retraite du conjoint, une femme sur dix reprend la tête de l’exploitation. « Ce transfert entre époux, très important dans les années 2000, s’est très fortement réduit depuis la réforme des retraites de 2010, où cette pratique concernait 16 % des agricultrices. Le recul de l’âge légal de départ de 60 à 62 ans a en effet conduit les chefs d’exploitation à prendre leur retraite de plus en plus tardivement. »