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Crise du bio

« C’est grâce à la vente directe qu’on s’en sort »


AFP le 21/09/2023 à 10:05

Eleveuse de poules pondeuses bio, Aurélie Roux s'est aussi lancée dans la confection de farines, d'huiles et de pâtes qu'elle écoule près de chez elle : comme d'autres agriculteurs, se diversifier et vendre localement lui a permis de mieux résister à la crise du bio.

« Sur la vente directe, on n’est pas touché » par l’inflation « parce qu’on est aussi local » et que « les clients sont fidèles », dit-elle depuis la cour de son exploitation à Portes-lès-Valence (Drôme). « C’est grâce à ça qu’on s’en sort. » Installée depuis 2007, Aurélie Roux a eu le déclic quand elle a commencé à commercialiser des œufs sur les marchés. Encouragée par les retours positifs des acheteurs, elle a tenté la farine, l’huile, puis son conjoint l’a rejointe et a amplifié la diversification de la ferme.

Les œufs de 6 000 de ses poules partent chez un opérateur tiers. Elle commercialise elle-même les œufs issus de 2 600 autres poules et le reste de ses produits, dans un rayon de 20 kilomètres : épiceries, magasin de producteurs, plateforme en ligne et paniers de produits.

« Dans le circuit long, il y a un problème d’image », avance-t-elle. Transformateurs, grandes surfaces, « tout le monde s’est jeté sur le bio » quand il avait le vent en poupe, avec parfois « l’image d’un bio venant de loin », avance l’agricultrice à l’occasion d’une visite organisée en marge du salon Tech & Bio à Bourg-lès-Valence.

La vente directe est aussi ce qui permet à Oliver Lebert, producteur de lait bio dans la Sarthe, d’attendre sans trop de difficultés que les prix remontent. Deux tiers de sa production est vendue à la société Biolait et il en tire environ 10 % de moins qu’il y a trois ans. En vente directe, son chiffre d’affaires a en revanche légèrement progressé.

Au final, « on a une petite baisse du chiffre d’affaires mais comme on est en bio depuis 15 ans, qu’on a un système (d’alimentation) stabilisé, on peut faire le dos rond quelque temps », remarque-t-il. « Je plains les jeunes qui arrivent », ajoute dans la foulée Olivier Lebert, également référent bio à la chambre d’agriculture Pays de la Loire.

« Heureusement qu’on a la transformation », observe de son côté Thierry Gillos, producteur de lait bio à Châteaudouble, sur les contreforts du Vercors (Drôme). Ses vaches jersiaises donnent un lait particulièrement gras, prisé pour la confection des fromages Saint-Marcellin et Saint-Félicien, ce qui a permis de limiter la casse sur le prix de son lait. Et depuis que sa femme Audrey a rejoint l’exploitation, début 2021, l’activité de transformation de lait en yaourt, crème et crème dessert, a triplé.

Audrey Gillos « tâtonne » encore au niveau des débouchés – depuis la vente directe jusqu’à un accord avec le supermarché Leclerc du coin en passant par des collèges – sans s’aventurer au-delà d’un rayon de 30 kilomètres.