« Les femmes sont une nécessité absolue pour la filière laitière »
TNC le 15/04/2025 à 10:37
« La place des femmes en élevage n'est pas un phénomène de mode mais un vrai sujet », confirme Marie-Andrée Luherne de la FNPL. Les chiffres de l'Idele montre pourtant que l'arrivée des femmes sur les fermes est encore assez compliquée et qu'il reste des leviers à actionner.
« Les femmes sont une nécessité absolue pour la filière laitière » : c’est ce que martelait Marie-Andrée Luherne, éleveuse et vice-présidente de la FNPL, au Grand angle lait le 3 avril dernier à Paris. « Elles ont souvent été invisibles mais elles ont toujours été présentes et on a aujourd’hui beaucoup de femmes dans les écoles agricoles, donc c’est un vivier pour nous. » D’ailleurs, 2022 était une année historique pour l’installation des femmes en élevage (près de 25 % des installations).
L’éleveuse bretonne poursuit : « Les femmes arrivent plus tard sur les fermes car elles ont souvent une première expérience professionnelle avant et c’est tant mieux car c’est une ouverture. D’ailleurs, le salariat est une bonne porte d’entrée pour elles afin de s’associer ensuite à un collectif existant, c’est parfois plus facile qu’une reprise seule. »
Pour Marie-Andrée Luherne, il faut véhiculer une image positive du métier pour en attirer davantage. « Je suis convaincue que la mixité dans les exploitations améliore les performances. Le métier est moins physique qu’avant, même s’il y a encore du boulot pour adapter le matériel… À ce sujet, les nouvelles technologies, comme les robots de traite, nous permettent aujourd’hui de mieux concilier vie pro et perso. »
Martine à la ferme, c’est fini !
Malheureusement, le parcours à l’installation semble plus difficile pour les femmes, et les données de l’Institut de l’élevage le confirment :
- prêts bancaires moins élevés que pour les hommes et seules 30 % des femmes s’installant en lait bénéficient de la DJA (contre 55 % chez les hommes),
- encore beaucoup de défiance des vendeurs et bailleurs de terres à l’égard des femmes et/ou de leurs projets,
- transmission aux hommes toujours fortement ancrée dans les familles,
- 1/3 des femmes s’installent encore sur la ferme de leur conjoint,
- dans les collectifs mixtes, la plupart des tâches sont allouées en fonction du sexe (les femmes font plutôt l’administratif là où les hommes se concentrent sur le matériel et les travaux des champs).
Pourtant, les femmes innovent afin de se faciliter le travail et cela profite à tout le collectif en général (et aussi aux animaux). À condition en revanche qu’elles aient assez de pouvoir sur l’exploitation, d’où l’importance de mettre en place une gouvernance partagée et/ou alternée entre les associés.