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« Panique » : la guerre commerciale de Trump fait dévisser maïs et soja


AFP le 05/03/2025 à 17:40
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En dix jours, le maïs, a perdu plus de 11 % à la Bourse de Chicago, le blé a plongé de 12 % et le soja a reculé de plus de 5 %. (© studio v-zwoelf, AdobeStock)

Le maïs est en « chute libre », le soja mal en point : la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump a semé un « vent de panique » sur les marchés agricoles mondiaux.

En dix jours, le maïs, de loin la céréale américaine la plus exportée, a perdu plus de 11 % à la Bourse de Chicago, tombant mardi soir à 4,36 dollars le boisseau (environ 25 kg), soit son plus bas niveau depuis la mi-décembre.

Sur la même période, le blé plongeait de 12 %, à 5,9 dollars, tandis que le soja reculait de plus de 5 %, passant sous la barre symbolique des 10 dollars, au plus bas depuis janvier.

« Pour l’instant, ce que nous voyons, c’est la peur, une vente émotionnelle » qui secoue les marchés agricoles, a déclaré à l’AFP Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX Financial.

« Les fonds d’investissement, qui avaient beaucoup misé sur le maïs, liquident leurs positions », accentuant jour après jour la baisse des cours: « C’est la chute libre » jusqu’en Europe, résume Sébastien Poncelet, spécialiste des céréales chez Argus Media France.

Ce mouvement s’explique par la dernière séquence politique américaine, rythmée par des menaces, hésitations et finalement la confirmation de l’imposition de nouvelles barrières douanières.

Les importations en provenance du Canada et du Mexique sont désormais taxées à hauteur de 25 %, les produits chinois frappés par des droits de douane additionnels de 20 %, et ceux en provenance de l’Union européenne devraient l’être à 25 % début avril.

Riposte canadienne

Le Canada a répliqué mardi par la mise en place « immédiate » de droits de douane ciblés de 25 %, notamment sur les viandes, oeufs et vins américains, Pékin annonçant de son côté des taxes de 10 et 15 % sur une série de produits agricoles allant du poulet au soja.

Les Etats-Unis visent leurs principaux clients : le Mexique, qui a acheté en 2024 pour 5,6 milliards de dollars de maïs, soit à lui seul 40 % des exportations américaines de grain jaune ; et la Chine, qui a acquis près de 13 milliards de dollars de soja, soit plus de la moitié des exportations américaines de la graine oléagineuse l’an dernier.

Concernant la Chine, Arlan Suderman estime que la situation ne changera guère à court terme : les achats de soja américain par Pékin avaient déjà ralenti et c’est la graine brésilienne, tout juste récoltée et moins chère, qui sera privilégiée dans les achats chinois « pour les six à huit prochains mois ».

Pour Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors, les surtaxes annoncées par Pékin sur le soja américain sont avant tout « un outil pour essayer d’entamer des négociations ».

La situation sera plus compliquée pour le Mexique et le Canada, qui pourraient – comme les Etats-Unis – voir cette crise favoriser l’inflation chez eux.

Conflit commercial généralisé

Ce cycle de a un caractère inédit : contrairement à 2018, sous le premier mandat de Trump, où le conflit commercial ne concernait que Washington et Pekin, « cette fois, c’est généralisé » et cela nourrit « l’incertitude » quant à une éventuelle future réorganisation des flux mondiaux, remarque Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage.

Lundi, Donald Trump a invité les « grands agriculteurs des Etats-Unis » à « produire beaucoup plus de produits agricoles pour les vendre à l’intérieur des Etats-Unis ».

Mais « quand on est la première puissance exportatrice agricole de matières premières agricoles au monde, le marché intérieur ne peut absorber les surplus ». De même, « le farmer américain de la Corn belt de l’Iowa ne va pas d’un coup transformer son champ de maïs en champ de pommes de terre pour faire davantage de frites à donner aux citoyens américains », relève Sébastien Poncelet.

S’il peut y avoir « des ajustements », le Midwest reste plus adapté à la culture du maïs et du soja, abonde Arlan Suderman.

En attendant un rééquilibrage du marché, ajoute-t-il, les cours sont descendus si bas « que les agriculteurs ont très peu d’intérêt à vendre à ces niveaux ». Et les acheteurs éventuels se font attendre sur la scène internationale.

En Europe, le reflux le plus marqué était mercredi celui du colza, « victime collatérale » de la situation du canola (colza OGM) canadien, selon Sébastien Poncelet.

La très grande majorité de l’huile de canola canadienne est exportée vers les Etats-Unis, pour son industrie du biodiesel. Une baisse de ce débouché ferait gonfler le stock canadien de graines, qui pourraient trouver un débouché en Europe et concurrencer le colza local.