« La CGB se trompe de combat », estime la direction de Tereos
TNC le 23/08/2018 à 17:03
Le 20 août, la CGB réagissait au conflit interne au groupe Tereos en dénonçant l’exclusion de trois betteraviers membres du conseil de surveillance. Ce même conseil critique à son tour la position du syndicat qui, selon le groupe, « se trompe de combat ». La direction du groupe Tereos appelle la CGB « à ne pas chercher à interférer avec ses processus électifs, qui ne concernent que ses adhérents ».
Le conflit interne à la direction du groupe sucrier Tereos fait réagir. Le 16 août, trois betteraviers, Gérard Clay, Xavier Laude et Gilles Bollé, installés dans le Pas-de-Calais, le Nord et l’Oise, ont été exclus du conseil de surveillance par les autres élus du groupe. « Nous contestons depuis plus de 18 mois la stratégie financière de Tereos, nous demandons des chiffres pour expliquer les déficits et on ne nous répond jamais », avait alors expliqué à l’AFP l’un des trois mis en cause, Gilles Bollé, fondateur de la sucrerie de Chevrière, fusionnée dans Tereos au moment de la constitution du groupe en 2004.
Quatre jours plus tard, la CGB réagissait à cette décision par un communiqué. « La CGB déplore que le conseil de surveillance de Tereos ait décidé d’exclure trois betteraviers suite à leur prise de position publique plutôt que de mettre en place les conditions d’une conciliation », écrivait le syndicat.
Jeudi 23 août, c’est au tour de la direction de Tereos de critiquer la prise de position du syndicat betteravier. « Nous sommes surpris de voir que la priorité de la CGB soit de lancer une polémique contre les coopératives. Elle se trompe de combat. »
« Nous appelons la CGB à ne pas chercher à interférer avec nos processus électifs, qui ne concernent que nos adhérents. Et nous l’invitons à travailler main dans la main avec les représentants légitimes des coopérateurs de Tereos sur les sujets importants pour les planteurs de betterave. »
Et la direction de Tereos de rappeler « les vraies questions » sur lesquelles tous les acteurs doivent travailler : « Les vraies questions aujourd’hui sont le revenu agricole 2018 et 2019, l’impact potentiel de la sécheresse et l’interdiction des néonicotinoïdes ». Sur ce dernier sujet, Tereos mentionne au passage une « action de la CGB (qui) n’est pas claire ». « Les betteraviers belges, eux, semblent avoir obtenu une dérogation de leur gouvernement. »
Mais les turbulences internes qui ébranlent le groupe sucrier n’inquiètent pas seulement la CGB et les planteurs. La Fnaf-CGT – branche agricole et agroalimentaire de la CGT – s’alarme non seulement de ces tensions, mais aussi de la stratégie du groupe.
« Internationalisation, rachat de sociétés sucrières, augmentation des emblavements et de la production, restructuration, suppression d’emplois et menace sur le savoir-faire sucrier, dégradation des conditions de travail… les opérations se sont multipliées depuis plusieurs années pour anticiper la fin des quotas. La direction n’y voit que l’opportunité de l’ouverture de marchés à l’exportation. Cette stratégie, calquée sur celle des groupes transnationaux, menace la pérennité d’un fleuron de notre industrie sucrière, représentant 36 % de la production nationale. Le principe démocratique de la coopération agricole, « un homme – une voix », est mis à mal par la structuration même du groupe, éloignant les planteurs des centres de décisions. Bien évidemment, les salariés n’ont pas eu voix au chapitre, ce qui est préjudiciable au développement de notre industrie. (…) La satisfaction des revendications des salariés conjuguée à la définition d’orientations stratégiques en termes de production industrielle et agricole et d’indépendance nationale imposent à la direction du groupe de revoir sa copie. »