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« La coopérative Biocer prête à accueillir de nouveaux adhérents »


TNC le 27/01/2025 à 18:00
SilodeMarcillylaCampagne

Avec un atelier de meunerie et de conditionnement de graines, la coopérative Biocer mise sur la valeur ajoutée. (© Biocer)

Un an après le refus de la fusion avec Natup, la coopérative 100 % biologique implantée au nord-ouest de la France, Biocer, « se porte bien et est prête à accueillir de nouveaux adhérents », affirme son président Rémi Laudijois.

En novembre 2023, 55 % des adhérents de la coopérative ont voté contre la fusion avec le groupe normand Natup. Plus d’un an après cette décision, « Biocer existe encore et ça va bien ! » : c’est le message qu’entend faire passer son président, Rémi Laudijois, installé à Montagny-Sainte-Félicité (Oise), en Gaec avec son épouse.

En mesure d’accueillir 10 000 t de grains supplémentaires

« Malgré une mauvaise récolte 2024 et des pertes de volumes, on arrive à rémunérer nos adhérents dans la fourchette haute et nous avons des débouchés pour accueillir d’autres agriculteurs. Plus nombreux, on est plus forts ! Notre outil est aujourd’hui en mesure d’accueillir 10 000 t de grains supplémentaires », estime Rémi Laudijois.

La coopérative regroupe aujourd’hui plus de 250 adhérents et est présente sur les territoires du Centre-Val-de-Loire, des Hauts-de-France, de l’Ile-de-France et de la Normandie, avec trois silos représentant 12 000 t de stockage et un réseau de fermes relais, réalisant du stockage à façon.

Biocer commercialise une partie de sa collecte en vrac, via l’union de commercialisation Fermes Bio, avec les coopératives Cocebi et Probiolor, elle représente environ 27 000 t sur les 90 000 t gérées. Elle dispose en parallèle d’un moulin où sont écrasées 3 000 t de céréales par an, uniquement sur meule de pierre. Biocoop est le client principal et la coopérative vend aussi de la farine aux boulangers-pâtissiers bio situés sur son territoire de collecte, ainsi qu’à d’autres moulins et transformateurs bio. Les partenaires de Fermes Bio valorisent également une partie des récoltes en flocons d’avoine et en alimentation animale.

Pour les graines de type lentilles, pois chiche, quinoa, chia… Biocer compte un atelier de conditionnement, permettant de les mettre aux normes alimentaires (0,1 % d’impuretés) et de les conditionner selon les besoins, du sachet de 500 g au big-bag.

« Là encore, Biocoop est notre principal client. C’est aussi ce qui nous permet de sortir plus vite de la crise, la clientèle de ce type de magasins spécialisés n’est pas occasionnelle. L’inflation n’a pas impacté ces magasins au même titre que la grande distribution, explique Rémi Laudijois. Depuis un an, Biocoop est reparti en croissance et on le ressent sur les ventes de farines et de graines conditionnées. »

« Les efforts commencent à payer »

C’est aussi pour cela que Rémi Laudijois et plusieurs de ses collègues agriculteurs se sont battus contre le projet de fusion avec Natup il y a plus d’un an. « Cela représentait pour nous la mort de notre coopérative 100 % bio, on allait se retrouver dilués avec 7 000 adhérents conventionnels, avec le risque de perdre le débouché de nos clients historiques et militants, comme Biocoop ».

« Ce projet de fusion avait été initié à la suite des années 2020-21 compliquées pour les adhérents de Biocer, avec la mise en route du nouveau silo de Marcilly-la-Campagne (Eure) et de l’atelier de meunerie. En parallèle, Natup avait le souhait de créer une section bio, le rapprochement aurait permis de profiter de leur force financière. »

« Aujourd’hui la coopérative dispose d’outils de pointe pour le triage et le conditionnement et les efforts des adhérents ont déjà commencé à payer en 2023 grâce à la valeur ajoutée permise. Pour la campagne 2024, on devrait revenir à des niveaux de prix d’avant crise, avec un premier complément de prix solide fin janvier et un deuxième prévu au mois de juin. Biocer a aussi mis en place un recrutement attractif pour les agriculteurs habitués à la liberté de livrer. »

Si Rémi Laudijois se veut porteur d’un message positif, il regrette toutefois un manque de soutien politique en faveur des filières bio. « En témoigne la menace de suppression de l’Agence bio : c’est plus qu’un mauvais signal ! Aller ajouter les missions de cet outil au service de la transition agricole et alimentaire à des opérateurs qui en ont déjà d’autres, c’est dramatique. »

« On aimerait avoir plus de soutien politique et entendre parler de l’agriculture biologique, qui est d’intérêt général, en bien. »