« Moins de normes, c’est plus de libre-échange destructeur »
TNC le 23/01/2024 à 17:54
Pour la Confédération paysanne, c’est la question du revenu des producteurs, et non celle des normes, qui doit rapidement faire l’objet de mesures concrètes afin de « stopper l’hémorragie démographique et économique du secteur agricole ». Le syndicat exige aussi des engagements sur une meilleure prise en compte du pluralisme syndical.
« La situation dénoncée par les agriculteurs aujourd’hui est le fruit de politiques libérales qui les laissent se faire concurrence entre eux, par la recherche de compétitivité. Il y a aussi une extrême fragilité à faire face aux aléas climatiques et sanitaires toujours plus nombreux », a réagi Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, mardi 23 janvier.
Pour le troisième syndicat agricole, la réponse du Gouvernement à la colère croissante des producteurs doit être focalisée sur le revenu. « Les lois Egalim ne prévoient qu’une non-négociabilité des prix de revient des produits agricoles. On voit aujourd’hui ce que cela donne. » Le syndicat demande une interdiction de vente en dessous des prix de revient.
Faisant quelque peu écho à cette revendication, la France insoumise a annoncé mardi qu’elle allait déposer une nouvelle proposition de loi pour instaurer des prix planchers pour les agriculteurs, après l’échec de l’adoption à quelques voix d’un texte similaire à l’Assemblée il y a moins de deux mois.
Outre l’enjeu crucial des revenus, la Confédération paysanne demande au Gouvernement un « engagement de la France pour s’opposer à la signature de tout nouvel accord de libre-échange et à réétudier les accords récents », comme celui du Mercosur, qui n’a d’ailleurs toujours pas été ratifié.
« Tout le reste, ce ne serait que des mesurettes qui ne seraient pas de nature à calmer la colère du monde paysan », insiste le syndicat.
Quant aux règles environnementales dénoncées par certains agriculteurs, la Confédération paysanne considère que « l’absence de normes conduit à davantage de libéralisme et à la loi du plus fort ».
« Regardez les MAEC, pour lesquelles nous nous sommes battus, en particulier en Bretagne ! Les agriculteurs veulent bien y souscrire, ce qui montre que l’environnement n’est pas un problème. C’est, au contraire, la solution, pour peu qu’ils soient accompagnés et rémunérés pour cela. »
« Que la gouvernance respecte le pluralisme syndical »
Devant le Premier ministre Gabriel Attal, qui devait les recevoir en fin de journée mardi 23 janvier, les représentants de la Confédération paysanne demandent de s’attaquer à « la question de la gouvernance avec l’ensemble du spectre agricole français ».
« On a été extrêmement choqué hier que le Premier ministre ne convie à sa table que la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA). On est quand même cinq syndicats représentatifs dans le pays », avait réagi Laurence Marandola plus tôt dans la journée.
Le syndicat dénonce d’ailleurs le projet de décret sur les règles des élections professionnelles et le financement des syndicats, qui, selon lui, leur sera très défavorable.
Sur le terrain, de nombreux agriculteurs de la Confédération paysanne sont aussi mobilisés sur des actions de blocage. Mais il n’y a, au niveau national, « aucun contact ni avec la FNSEA et JA, ni avec la Coordination rurale » sur d’éventuelles revendications « communes », poursuit Laurence Marandola.
Derrière la revendication d’une meilleure et durable rémunération, les divergences syndicales demeurent sur les moyens d’y parvenir. « La FNSEA ne défend pas forcément le revenu des agriculteurs. Elle défend davantage les volumes livrés à l’agroalimentaire. » Quant à la Coordination rurale, la Conf’ émet des doutes sur sa nature « apolitique » et s’interroge sur « une proximité à peine voilée avec le Rassemblement national ».