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Andaineur à tapis

« Un investissement rentabilisé grâce au débit de chantier à l’ensilage »


TNC le 12/07/2022 à 07:57
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Trois à cinq fois plus cher au mètre qu'un andaineur traditionnel, l'andaineur à tapis peut toutefois travailler deux fois plus de surface dans la saison. Si l'investissement est onéreux, il peut être intéressant à partir de 600 ha andainés. En regroupant 18 m de fourrage en un andain, l'outil permet d'améliorer le débit de chantier de l'ensileuse et limite l'usure de la machine en présentant moins de corps étrangers dans le fourrage.

« Les trois quarts des Cuma achètent un andaineur à tapis parce qu’elles ont une ensileuse », explique Florian Fremont, conseiller en agroéquipements pour la FD Cuma de Normandie Ouest à l’occasion de la journée Ecosil’herbe à Rânes (61). La principale motivation : présenter des andains plus fournis à l’ensileuse et gagner en débit de chantier.

Préserver et saturer l’ensileuse

Philippe Legendre, éleveur laitier en agriculture biologique dans l’Orne (61) partage, via la Cuma du petit ruisseau, un andaineur à tapis Roc (le RT 950) en 9,5 m, le recours à ce matériel lui a permis de gagner du temps à l’ensilage. « L’ensileuse de la Cuma est conçue pour récolter 10 rangs de maïs. Avec un andain regroupant 9 m de fourrage, elle était loin d’être à saturation ». L’éleveur qui avait auparavant besoin d’une journée pour ensiler entre 50 et 60 ha d’herbe parvient maintenant à réaliser cette opération sur une bonne demi-journée : « De 5 à 6 ha à l’heure, on est passés à plus de 10 ha à l’heure avec l’ensileuse. Je gagne environ 3 heures, à 320 € l’heure d’ensilage, c’est intéressant. » L’andaineur à tapis mis à disposition par la Cuma est facturé autour des 17 € / ha aux adhérents. Ce prix attractif est notamment permis par les subventions du PCAE à l’acquisition du matériel.

Avec un andaineur à tapis, il est possible de regrouper jusqu’à 18 m de fourrage en andain, une opportunité de préserver les parcelles en limitant les passages de bennes, et surtout de l’ensileuse, mais aussi un moyen de gagner en débit de chantier.

Avec son système de pick-up, qui soulève le fourrage pour le déposer sur le tapis, les andains sont plus propres, dépourvus de terre ou de cailloux : une manière de limiter l’usure de l’ensileuse. « Une Cuma estime le gain à 10 €/h en frais d’entretien de l’ensileuse, mais il est encore trop tôt pour avoir des retours à grande échelle », même si cette technique semble limiter l’usure des rotors. En plus de réduire la fréquence d’aiguisage des couteaux, avoir des andains plus propres permet de réduire la présence de butyriques dans le lait.

1 andaineur à tapis = 2 andaineurs classiques

A l’andainage, l’outil a l’avantage de présenter un  débit de chantier important, avec des vitesses comprises entre 12 et 20 km/h selon le volume de fourrage et le parcellaire. « Nous avons effectué des suivis dans le réseau Cuma, on a des débits moyens autour de 5 ha/h, mais sur de bonnes parcelles, ça peut monter à 8 ou 9 ha/ha ». Alors certes, l’outil coûte plus cher qu’un andaineur classique, avec des prix compris entre 75 000 et 115 000 €. Ce sont des machines qui coûtent 3 à 5 fois plus cher au mètre qu’un andaineur conventionnel. « C’est souvent ce qui freine les groupes », commente Florian Fremont, « mais ce sont quand même des machines qui vont avaler plus de deux fois le volume annuel d’un andaineur classique. En plus ce sont des machines qui peuvent bénéficier de subventions dans le cadre du PCAE ce qui permet d’avoir des coûts abordables à l’hectare. D’autant plus que la décote est très favorable, j’ai vu des andaineurs achetés 75 000 € et revendus 43 000 € huit ans après. »

Pour le conseiller en agroéquipements, il faut songer à l’acquisition de ce type de matériel à partir de 600 ha de surface à andainer. « Dans le réseau Cuma, ce type de machine travaille sur 800 ou 1 000 ha/an. C’est plus de deux fois ce que fait un andaineur double conventionnel. » En général, les Cuma préfèrent mettre un chauffeur sur l’andaineur : « il y a pas mal de réglages hydrauliques à effectuer, il faut le coup de main », prévient Florian Fremont. Concernant l’entretien, à part le renouvellement de quelques dents, rien n’est à déplorer, mais la technologie est encore récente au sein du réseau Cuma.  

Améliorer la MAT sur fourrage sec

L’andaineur à tapis présente l’avantage de moins abimer le fourrage qu’un andaineur à toupies classiques. « Avec le pick-up, on abîme moins les feuilles qu’avec les toupies, et c’est là que se trouve la protéine », commente Florian Fremont. « Des essais dans le réseau Cuma montrent qu’il est possible de gagner 4 à 5 points de MAT sur des fourrages secs », à condition que le travail soit réalisé dans de bonnes conditions, peu après la tombée de la rosée. Le débit de chantier assuré par l’andaineur permet également d’intervenir au plus proche du passage de l’ensileuse pour préserver la qualité du fourrage.

Pour Philippe Legendre, « en bio si l’on veut faire du lait, il faut améliorer autant que possible la qualité du fourrage, c’est pour ça qu’on a fait le choix de l’andaineur à tapis pour la qualité du ramassage, qui préserve les feuilles de trèfle. Notre principale source de protéine, c’est le trèfle, donc il faut qu’on améliore autant que possible la qualité de l’ensilage. »