« Un potentiel de baisse limité pour les semaines à venir »
TNC le 23/11/2018 à 13:30
Depuis la fin de la moisson 2018, le prix du blé rendu Rouen navigue dans un tunnel entre 190 et 200 €/t. Pour Mathieu Simon, consultant chez Offre et demande agricole, le potentiel de baisse reste « limité » pour les semaines à venir. Mieux, l’évolution des fondamentaux pourrait permettre une légère hausse à partir de début 2019, quand la Russie aura terminé l’essentiel de sa campagne de commercialisation.
Il est toujours difficile de donner une tendance franche quant à l’évolution du prix du blé. Mais certains éléments du marché sont plus à suivre que d’autres. Pour Mathieu Simon, consultant chez Offre et demande agricole, Il faudra particulièrement surveiller la fin de la campagne d’exportations de la Russie. Depuis quelques années, la Russie domine la première partie de la campagne de commercialisation 2018-2019, reléguant au passage les possibilités de dégagements à l’export des blés français. « Le dynamisme des exportations russes restent un frein à l’augmentation des prix au cours de la première partie de la campagne », rappelle Mathieu Simon.
La question reste de savoir quand les exports russes vont s’essouffler. Et pour quel volume exporté ? La Russie a réalisé un excellent début de campagne à l’export. Ceci dit, la production russe 2018 est inférieure de 15 Mt par rapport à la récolte 2017, induisant donc un potentiel plus limité. « Les Russes devraient être beaucoup moins présents à partir de janvier ou février. »
Autre élément à suivre d’ici février 2019 : le déstockage aux Etats-Unis. A l’inverse de la Russie, de l’Ukraine ou de l’Europe, les Etats-Unis et le Canada ont réalisé une meilleure récolte 2018 par rapport à 2017. Aux Etats-Unis, la production de blé est de 4 Mt supérieure à celle de l’an passé. « Le stockage y est plutôt bien rémunéré, incitant les opérateurs à être plus dynamique en deuxième partie de campagne. »
Compte tenu de la plus faible récolte cumulée des 8 principaux exportateurs et, donc, du disponible à l’export au niveau mondial, la campagne d’export américaine sera à suivre de près. « Si les Américains n’exportent que 27,9 Mt, il manquera du blé sur la scène internationale. » « Globalement, le stock final mondial attendu à la fin de la campagne, hors Chine, est très tendu », complète le spécialiste.
Sur le marché européen et français, la consommation de blé très dynamique en France limite le potentiel de baisse des prix. « Trop de blé est consommé dans l’alimentation du bétail, analyse Mathieu Simon. Il faudra que l’écart entre le blé et le maïs reste élevé pour limiter la consommation de blé en Europe.
Par ailleurs, les opérateurs gardent toujours un œil à l’évolution de la météo dans les différents pays producteurs. Les semis se terminent en Russie, et aux Etats-Unis où les pluies qui touchent les zones de blé sont plutôt bénéfiques. En revanche, en Argentine, la situation est inquiétante avec des pluies qui s’intensifient.