Accompagner et être accompagné aux changements en élevage
TNC le 12/11/2024 à 07:56
L’accompagnement aux évolutions, pour répondre aux défis à relever en élevage, est l’un des axes du projet Entr’actes de l’Idele. Lequel montre tout l’intérêt de prendre en compte les divers profils d’éleveurs et de conseillers, notamment leur perception et sensibilité vis-à-vis des outils disponibles, ou à mettre en place, et de l’humain.
Le projet Entr’actes se poursuit. Le dernier Space à Rennes a été l’occasion de faire un point d’étape, un peu plus de deux ans après son lancement par l’Idele en janvier 2023. Son objectif pour rappel : mieux appréhender « la façon dont les producteurs perçoivent, comprennent, prennent en compte et s’adaptent aux défis de société, environnementaux, de bien-être animal et sanitaires ».
Ceci en observant les évolutions initiées dans les élevages, et leur impact sur la manière de travailler et la perception du métier d’éleveur. À l’origine de cette vaste étude qui s’achèvera en juin 2026 : « les grandes mutations », voulues par la société, que les exploitants doivent intégrer et qui questionnent leur identité professionnelle et le sens de leur profession.
De quelle manière éleveurs et conseillers perçoivent-ils cet accompagnement ?
Plusieurs types de changement et attitudes face à ces derniers ont été mis en évidence, ainsi que quatre axes de travail. Le premier vise à répondre à la question « qu’est-ce qu’être éleveur aujourd’hui » en s’interrogeant sur ce qui motive ou décourage à choisir ce métier.
Quatre profils de producteurs ont été identifiés, et doivent encore être quantifiés et affinés. En cours également : l’observation d’initiatives collectives, conduites dans ce domaine dans divers pays européens, et le décryptage du processus de changement au sein d’un échantillon restreint d’éleveurs.
« Besoin » ou « contrainte »
Dans le cadre des trois autres actions menées, il s’agit notamment d’analyser les modifications à l’œuvre dans les élevages étudiés, puis de concevoir des outils pour aider les exploitants et les conseillers à les mettre en place. Comment ceux-ci sont-ils perçus par ces deux publics ? C’est ce que se sont demandés les contributeurs du projet Entr’actes.
Les éleveurs d’abord. Il y a ceux qui jugent cet accompagnement « non indispensable ». « Ils sont, en général, peu accompagnés et ont donc peu ou pas d’avis sur ces dispositifs. Ils ont un fonctionnement de routine et ne souhaitent plus en changer », expliquait l’Idele au Space. Certains le voient comme une « contrainte », voire un « moyen de contrôle ». « Beaucoup sont en filières intégrées et épaulés par des techniciens, avec peu d’autonomie décisionnaire. Ils évoluent pour se conformer à une réglementation, un cahier des charges. »
Privilégier « l’outil » ou « l’humain »
D’autres « ont une opinion très positive » sur les outils disponibles dans ce domaine, qualifiés de « couteaux suisses ». « Ils les utilisent, les adaptent, en conçoivent. ». Ils aiment le « collectif » et tiennent à être autonomes dans leurs décisions. Ils éprouvent le besoin « d’un accompagnement de leurs questionnements permanents ». Plusieurs enfin privilégient l’humain : ils apprécient « le conseil individuel sur le long terme ».
Côté conseillers, les méthodes pour accompagner au changement peuvent être soit des « arguments techniques », soit « au service du collectif », ou à l’inverse à n’employer que si nécessaire voire pouvant nuire à l’accompagnement lui-même. Les premiers font du conseil « individualisé ou en équipe, descendant en fonction du besoin d’expertise des éleveurs ». « Ils orientent les changements et se servent des outils à disposition pour étayer leurs préconisations techniques. »
« Orientateur, facilitateur, co-constructeur ou alors prescripteur » d’évolutions
Les deuxièmes accompagnent surtout « en collectif ». « Ils facilitent les changements, via l’échange entre pairs qui renforce l’autonomie et la capacité à innover. Ils s’appuient sur les outils existants pour faire avancer la réflexion au sein du groupe. » Les troisièmes se focalisent davantage sur « l’individu ». « Ils connaissent très bien les fermes et les agriculteurs qu’ils suivent. Ensemble, ils co-construisent des solutions adaptées. L’humain prime sur les outils. Simple support de l’accompagnement, ils ne sont utiles que s’ils répondent aux besoins. »
Les derniers, souvent « conseillers/techniciens en productions intégrées et en individuel, prescrivent les changements » : ils effectuent « les diagnostics, suivis, évaluations » et donnent les leviers d’adaptation à mettre en œuvre. « Les outils sont employés à regret par obligation, réglementaire » entre autres.
« Alors qu’elles sont très nombreuses, les méthodes d’accompagnement sont plus ou moins utilisées, conclut l’Idele. Leur adaptation aux différents profils et sensibilités d’éleveurs et d’accompagnants, par conséquent, donc primordiale pour pouvoir s’adapter aux enjeux actuels et à venir en élevage, en priorisant soit l’humain soit l’outil, et en mixant approche individuelle et collective. »