Annie Genevard sur le terrain, la Coordination rurale toujours mobilisée
AFP le 21/11/2024 à 05:04
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'agriculture se rend dans le Pas-de-Calais. (Article mis à jour à 10h 11)
La ministre Annie Genevard effectue jeudi sa première visite sur le terrain
depuis le retour des paysans dans la rue, la mobilisation semblant désormais
surtout se circonscrire aux actions des bonnets jaunes de la Coordination
rurale.
Le port de commerce de Bordeaux, investi mercredi soir par les manifestants
de la CR, était toujours bloqué jeudi matin. Le deuxième syndicat agricole revendique 200 manifestants et quelque 80 tracteurs sur place, « avec du monde qui arrive encore ». La préfecture évoquait la présence mercredi soir d’une trentaine de tracteurs.
« Pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes qui nous permettent de vivre »
« On bloque tant que Mme Genevard et le Premier ministre Michel Barnier ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses
structurelles, (…), on ne veut pas un peu d’argent aujourd’hui pour rentrer
dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent », a
déclaré à l’AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.
« Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler
dans les fermes, donc c’est très bien », a-t-elle lancé, alors qu’une pluie
battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.
Plus au sud, dans les Landes, la préfète a condamné « les dégradations
commises par des membres de la Coordination rurale » mercredi soir sur des
sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages,
et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée
par un incendie « volontairement déclenché » dans son enceinte. La préfecture a annoncé qu’elle déposerait plainte.
« Lignes rouges »
Sur Europe1/Cnews, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a redit que
si « la cause » de la colère des agriculteurs était « juste », il y avait « des
limites ». Ils ont « parfaitement le droit de manifester, mais il y a des lignes
rouges », « pas d’enkystement », « pas de blocage », a-t-il appuyé.
Dans le Sud-Ouest, fief de la Coordination rurale concurrent du tandem FNSEA-Jeunes agriculteurs, des blocages de plateformes logistiques se sont poursuivis mercredi, notamment les accès au port de commerce de Bordeaux et des centrales d’achat de la grande distribution. Des supermarchés étaient également visés. Toutefois, selon les autorités, « la mobilisation apparaît en baisse » à l’échelle du pays par rapport au début de la semaine.
La ministre Annie Genevard est attendue en milieu de matinée dans une exploitation à 10 km au nord-est de Béthune, et prévoit de s’y entretenir avec des agriculteurs, selon son cabinet. Elle se rendra ensuite dans un établissement d’enseignement agricole d’Arras.
Mercredi soir, la ministre de l’agriculture a redit l’opposition du gouvernement à l’accord Mercosur, et sa volonté de réunir une minorité de blocage au sein de l’UE pour l’empêcher, un effort aux résultats incertains, tandis qu’un débat à ce sujet va se tenir à l’Assemblée nationale mardi prochain.
« Une minorité de blocage contre le Mercosur »
« Personne ne peut dire aujourd’hui qu’il n’y a pas de minorité de blocage. On y travaille ardemment », a promis Mme Genevard sur BFMTV : « on va faire tout ce qu’on peut pour empêcher cet accord qui est mauvais ».
Sur les lieux de la manifestation de Bordeaux mercredi, Karine Duc, une responsable de la Coordination rurale, soulignait : « C’est dans ces ports que l’on importe des céréales qui ne sont pas soumises aux mêmes normes que les nôtres, et c’est quelque chose que l’on veut dénoncer. » Plusieurs dizaines de tracteurs et remorques de la CR du Lot-et-Garonne ont déversé de grandes quantités de pneus et de déchets sur les routes donnant accès aux installations portuaires.
Plus tôt mercredi, la CR a levé son barrage de l’autoroute A9 reliant l’Espagne à la France qu’elle avait installé la veille. Ailleurs, des agriculteurs ont notamment bloqué la préfecture de Charleville-Mézières (Ardennes) et une autoroute dans la Nièvre, selon les autorités.
La frontière espagnole bloquée par la #coordinationrurale . Non au #mercosur oui au contrôles sur les importations déloyales et non conformes. Coordination Rurale : le #voteutilepic.twitter.com/j0wKJvihMO
— Coordination Rurale (@coordinationrur) November 20, 2024
Nouvelles actions mardi, mercredi et jeudi prochains
Sur la mobilisation des agriculteurs, Mme Genevard a jugé mercredi soir qu’« on ne peut pas accepter qu’il y ait des débordements ». « On a fixé le cadre qui n’exclut pas le dialogue, qui n’exclut pas la protestation, parce qu’elle est légitime », a-t-elle ajouté, alors que son collègue de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait évoqué dimanche une « tolérance zéro » en cas de « blocage durable ».
Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d’élections professionnelles. La CR, deuxième syndicat du secteur, compte à cette occasion briser l’hégémonie de l’alliance majoritaire FNSEA-JA.
Ces deux syndicats frères avaient prévenu qu’ils se mobiliseraient jusqu’à la mi-décembre contre l’accord commercial avec des pays du Mercosur, contre les normes excessives selon eux et pour un meilleur revenu.
Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles pour dénoncer tous les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles..
Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, « mardi, mercredi et jeudi », « pour dénoncer les entraves à l’agriculture ».