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Au Salon de l’agriculture, Roosevelt, rhum antillais et moissonneuse


AFP le 22/02/2025 à 18:15

De la tomme des Pyrénées au rhum des Antilles, l'appétit est là. Une foule dense se presse samedi au Salon de l'agriculture, où la tension de l'an dernier s'est évaporée dans des effluves de bière et de truffade.

Pavillon 5, au rythme d’un zouk endiablé, les p’tits punchs sont alignés sur le comptoir et vite bus. Il est 11h et la fête ne fait que commencer. Le café des collines rwandaises a moins de succès que les dégustations des distilleries martiniquaises.

« Un an qu’on attendait ça. C’est la fête, man ! », lance un jeune homme en chemise jaune à fleurs.

Non loin, le stand du Maroc, invité d’honneur du 61e Salon, a gagné près de 200 m2 par rapport à l’an dernier : autant de corbeilles supplémentaires de safran, d’herbes aromatiques de l’Atlas et de bouteilles d’huile d’argan.

Pour Léa, 8 ans, et sa famille, c’est le moment d’aller voir la vache égérie, Oupette, au Hall 1. « On a évité d’y aller ce matin, parce qu’il y avait Macron et tout le bazar », explique son père.

Le public est fasciné par la taille des taureaux. Robe laineuse couleur ivoire, tout en muscles, Roosevelt, un charolais de 4 ans pour 1,7 tonne, impressionne.

Son éleveur, Thierry Hamard, 52 ans, dit sa « fierté d’avoir été sélectionné pour la première fois, pour venir pour les concours » au Salon. « C’est la reconnaissance de toute une vie, de notre travail sur la génétique », explique cet éleveur du Maine-et-Loire.

Si quelques confrères coiffés du bonnet jaune du syndicat Coordination rurale ne seraient pas contre l’idée d’ « en découdre » avec le président Emmanuel Macron, qui est resté toute la matinée au pavillon des ruminants, lui veut « bosser en paix ».

« Siattitude »

Hall 2, Matei, 6 ans, fait la queue pour monter dans la moissonneuse-batteuse. « C’est la machine qui sert à faire le pain », résume-t-il.

On lui explique que la moissonneuse récolte le blé qui sera envoyé au moulin, pour faire de la farine, puis du pain. « J’adore venir ici, on apprend plein de trucs », dit Raphaël, 9 ans, lui aussi dans la file d’attente, déjà venu « six fois au Salon ».

Attablés autour d’un aligot-saucisse, une bande de copains ont convergé, de Gironde et de Bretagne, pour « passer un bon moment ». Boire, manger et recommencer. Les pintes de bière ne sont pas encore vidées qu’une bouteille de Saint-Pourçain, un vin de l’Allier, arrive sur la table.

Résonne au loin l’avertissement du Salon international de l’agriculture (SIA) sur la « Siattitude », prônant la modération dans la consommation d’alcool, tandis que des porteurs d’eau déambulent dans tout le parc des expositions, proposant une pause désaltérante aux visiteurs.

Innovations techniques

Hall 4, Frédéric Favereau, informaticien de 51 ans, écoute un exposé sur l’imagerie satellite sur le stand de la Ferme numérique. Les images projetées sur écran géant montrent une parcelle verte qui se teinte de rouge : signe d’un faible couvert végétal ou de stress hydrique.

« Comme futur retraité, je surveille les innovations techniques, l’IA. On est vite dépassés. Ce qu’on peut faire pour surveiller ses cultures, c’est fou », s’enthousiasme-t-il.

Bonnet rouge sur la tête, tout juste acheté sur le stand de la filière pêche, Joël Barrier, lui, savoure sa retraite. A 62 ans, il vient de raccrocher. Agriculteur près du Mans, il a transmis sa ferme – et ses 45 vaches laitières – « à une jeune ».

« Je me repose, faut s’habituer. Ne plus se lever tôt… », dit le jeune retraité, les yeux clairs légèrement voilés. C’est « la première fois » qu’il vient au Salon en touriste.

Plus de 600 000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon, qui accueille quelque 4 000 animaux : vaches, chèvres, moutons, porcs, chevaux, mais aussi ânes, chiens et chats.

Seules les volailles sont absentes depuis plusieurs années, en raison de l’épizootie de grippe aviaire, qui a toutefois largement épargné la France cette année grâce à la vaccination des canards.