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Avant même de s’installer : une vision systémique et territoriale de la ferme


TNC le 15/01/2025 à 07:48
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Le jeu sérieux La Grange vise à faire comprendre les nombreuses dimensions de l'agriculture et leurs impacts sur le territoire. (© TNC)

Vous auriez pu le découvrir au pied du sapin. Le jeu sérieux La Grange, développé par la plateforme Gamae de l’Inrae, vise à aider les agriculteurs, et en particulier les jeunes et les futurs installés, à avoir une approche multi-dimensionnelle, centrée sur le territoire et les systèmes agricoles qui le composent. Il peut faciliter les échanges avec les différents acteurs locaux de l’agriculture, et surtout les élus et les citoyens.

« Le jeu sérieux La Grange est dédié à la concertation autour de l’agriculture, avec de multiples utilisations possibles », explique Sylvain Dernat, ingénieur de recherche à l’Inrae (unité « Territoires » à Clermont-Ferrand) et responsable de la plateforme Gamae spécialisée dans le développement d’outils pour accompagner les transitions agricoles.

D’une approche parcellaire à multi-dimensionnelle

« Il vise à dépasser les visions agricoles trop parcellaires, soit technico-économiques, soit environnementales, et prendre en compte toutes les dimensions de l’agriculture et leurs impacts au sein des territoires, dont celles plus socio-culturelles, ou liées au travail puisque ce domaine d’activité est un vecteur d’emploi direct et indirect, etc. », ajoute-t-il.

Comprendre les compromis au sein des territoires

L’approche proposée est systémique pour montrer les compromis qui s’imposent dans les territoires. « C’est-à-dire qu’un système agricole est issu d’un certain nombre « d’arrangements » de la part des différents acteurs, positifs ou négatifs, sur les plans technique, social, environnemental, afin de trouver un équilibre », détaille Sylvain Dernat. « Ces compromis, il va falloir les comprendre si on veut faire évoluer les systèmes agricoles vers de nouveaux équilibres, favorisant les transitions », insiste-t-il.

Et comprendre leur évolution aussi : il s’agit, notamment, d’appréhender les changements éventuels au niveau du travail, de l’économie, de l’environnement… Ce jeu s’adresse donc à tout le monde : il est fait pour être compris et utile aux agriculteurs, à l’ensemble des personnes de ce milieu, ainsi qu’aux élus et citoyens. Le but est de tous les réunir pour qu’ils puissent échanger sur la construction d’un territoire agricole.

À destination des agriculteurs, élus et citoyens

« C’est un jeu ouvert qui permet à tout le monde de s’exprimer », avance l’ingénieur de recherche. Et qui va au-delà de ces seuls échanges. L’objectif, derrière, est d’inciter à l’action, à la prospective, avec des propositions concrètes et leur mise en œuvre. D’autres outils de la plateforme Gamae prennent alors le relais. Engageant à réfléchir et à agir, la Grange est « un premier pas » dans la concrétisation, sur le terrain, des idées qu’il a fait émerger.

Favoriser l’échange et inciter à l’action.

Il s’avère, en outre, intéressant pour aborder l’installation et la transmission en agriculture. « Beaucoup de futurs et jeunes installés, qu’ils soient du monde agricole ou néo-ruraux, ont du mal à prendre en compte la dimension systémique des fermes, leur place dans le territoire, les opportunités et menaces existant au sein de celui-ci », fait remarquer Sylvain Dernat.

Un intérêt pour les futurs et jeunes installés

« De même, poursuit-il, qu’à bien cerner comment les exploitations et le travail des producteurs s’insèrent dans un territoire et un système agricole déjà complexes, formés de compromis divers et variés. ». Ainsi, les porteurs de projet agricole peuvent identifier, avant même de s’installer, le système et le contexte socio-éco-environnemental dans lequel ils vont être.

Intégrer la dimension systémique des fermes.
Et leur place dans le territoire.

Et voir comment cela peut influencer leur façon d’exercer leur métier d’agriculteur, la vie de leur exploitation, les transformations opérées et envisagées, et comment ils peuvent travailler avec les gens qui sont autour d’eux, leurs partenaires du secteur agricole mais aussi les collectivités et le grand public. Une approche systémique collective qui va influer sur les aspects techniques, environnementaux, sociaux, culturels agricoles, « essentielle, estime l’ingénieur, à tout jeune agriculteur, à l’avenir de sa structure et de l’agriculture en général ».