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[Témoignage] Betteraves et NNI

B. Van Maele : « J’espère qu’il y aura une vraie alternative d’ici trois ans »


TNC le 26/10/2021 à 06:04
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Installe dans l'Aisne, Benoit Van Maele exploite 43 ha de betteraves. (©TNC)

Après une année 2020 catastrophique pour les betteraves qui, privées de néonicotinoïdes, ont souffert de la jaunisse, les planteurs ont finalement pu, cette année, utiliser des semences traitées après une ré-autorisation des néonicotinoïdes pour trois ans. Néanmoins, les inquiétudes restent fortes vis-à-vis de l’avenir, comme en témoigne Benoit Van Maele, agriculteur dans l’Aisne.

« L’année dernière, j’ai eu de gros problèmes de jaunisse, j’ai fait 45 tonnes, contre 80 cette année avec les néonicotinoïdes », témoigne Benoit Van Maele, installé depuis trois ans à Homblières, dans l’Aisne. L’agriculteur de 37 ans, qui exploite 43 ha de betteraves, se pose la question de diminuer la sole. L’utilisation des semences traitées est soumise à plusieurs contraintes. « Il faut que j’attende trois ans pour semer du colza sur la parcelle, donc ça commence à être un vrai casse-tête au niveau des assolements, pour moi qui fait beaucoup de betteraves », explique l’agriculteur qui exploite également 62 ha de blé, 10 ha de colza, 10 ha de luzerne semences, et 10 ha de pois.

S’il a en partie été indemnisé pour la campagne précédente, il reste inquiet quant à l’avenir. « J’espère qu’il y aura une vraie solution alternative d’ici trois ans, et non pas une décision prise à la va-vite, car c’est un coup à mettre les exploitations à terre », prévient-il. D’autant plus que la jaunisse n’est pas la seule problématique que les betteraviers rencontrent. Avec le réchauffement climatique, qui favorise d’ailleurs la jaunisse, on assiste à une véritable expansion du charançon, ajoute Benoit Van Maele. L’agriculteur a également été confronté à la cercosporiose cette année. « On est en 100 % double tolérante (aux nématodes et au rhizoctone), ces variétés sont un peu moins productives et plus sensibles ».

Faire des économies sur la mécanisation

Par conséquent, cette année, « en-dessous de 25 euros la tonne, ce sera compliqué » pour moi, et pour ses collègues qui n’optimisent pas autant la mécanisation, « plutôt 27-28 euros la tonne », estime l’agriculteur, qui livre à Tereos. « Pour pallier les prix moins rémunérateurs, j’ai décidé de faire des économies sur la mécanisation », explique-t-il. L’arrachage est fait avec « une intégrale qui a 20 ans », mutualisée avec deux cousins double-actifs : « chacun arrache pour soi, cela revient à 150 euros par hectare », indique Benoit. Le semoir est également partagé, avec un de ses cousins. Pour tirer le maximum de ce système, l’agriculteur souhaite augmenter les rotations pour mettre les betteraves dans les meilleures terres et arriver à un rendement de 90 tonnes.

Passer en bio ? « Ça me parait compliqué »

Face aux problématiques économiques, Benoit Van Maele pourrait-il être tenté par le passage en bio ? « Ça me paraît compliqué en betteraves », au regard des investissements, ou de l’accès aux engrais organiques quand on n’est pas en zone d’élevage, juge-t-il. D’une façon générale, estime-t-il, « les industriels ont toujours l’air intéressés, ça a toujours l’air très beau, mais quand on parle aux agriculteurs, ce n’est pas si facile ».

Benoit Van Maele (©TNC)

D’ailleurs, Benoit, qui propose des artichauts, de la courge et des fraises en circuit court, préfère commercialiser en non traité qu’en bio. « J’étais en bio avant, mais j’ai arrêté car économiquement je gagne plus : je vends plus en volume, je ne paye pas la certification ni les engrais et semences spécifiques, qui sont plus chers », explique-t-il. « Si on certifie que c’est sans pesticide, et que le produit vient du village, le consommateur n’est pas forcément prêt à payer le produit plus cher pour qu’il soit bio », ajoute l’agriculteur. Pour lui, « la tendance est surtout sur le circuit court ». Et le confinement a accéléré la dynamique : son distributeur automatique (100 000 euros d’investissement), installé il y a un an, pourrait être rentabilisé plus rapidement qu’en sept ans comme calculé au départ.

« Après, il y a des gens qui sont retournés dans les grandes surfaces, c’est ça que ce qui est important, c’est de se différencier, par exemple nos fraises sont en pleine terre ». Car la diversification reste un levier économique important, compte-tenu des difficultés accumulées ces dernières années. « Je suis installé depuis trois ans, il y a eu la sécheresse l’an dernier, cette année la pluie, ça fait quand même deux années sur trois de compliquées… », fait-il remarquer.