Bioéconomie : les conditions d’une transition réussie pour les agriculteurs
TNC le 16/04/2025 à 10:43
La bioéconomie, qui définit les activités économiques autour des ressources issues de la photosynthèse, peut contribuer à la sécurité alimentaire, à l’équilibre de la balance commerciale et à créer de la valeur et du dynamisme dans les territoires. Plusieurs leviers sont cependant à activer pour que les agriculteurs puissent obtenir un retour positif de leur investissement.
En France, le secteur de la bioéconomie représente environ 500 milliards d’euros, 1,9 millions d’emplois dans les territoires, et 101 bioraffineries. Ces activités permettent ainsi d’économiser 28 millions de tonnes équivalent CO2 par an. Dans ce contexte, la biomasse agricole est au cœur de l’ensemble des solutions en alimentations humaine, animale, mais aussi dans la chimie et le secteur des matériaux, explique Sophie Marquis, déléguée générale de l’ACDV (Association Chimie du végétal) et co-autrice, avec Marie-Cécile Damave (Agridées) de la note « Bioéconomie territoriale : levier de résilience agricole ».
Politiques, visibilité, production
Publié en février dernier, le texte met en avant les conditions de la réussite d’une transition bioéconomique particulièrement importante pour renforcer la résilience du secteur agricole, et liste cinq grandes propositions.
Premièrement, les autrices soulignent la nécessité de produire des références territoriales à destination des décideurs. Il apparaît également indispensable d’augmenter la production globale de biomasse, et notamment celles qui peuvent être valorisées dans plusieurs usages en même temps. « L’idée est de créer de la valeur, et de contribuer à un meilleur revenu des agriculteurs et des différents maillons de la chaine », explique Marie-Cécile Damave.
Les projets doivent en parallèle « avoir un sens dans les territoires » : une biomasse proche de la bioraffinerie, de l’industrie, et cohérente vis-à-vis des conditions pédoclimatiques du territoire.
La quatrième proposition concerne la cohérence et l’équilibre entre les différentes politiques incitatives, qui existent déjà en partie, notamment pour les biocarburants ou la méthanisation, mais qui sont à développer davantage pour permettre l’expansion de certains secteurs comme la chimie biosourcée, ou les biomatériaux (textile, construction…).
Enfin, la note met en évidence un besoin de visibilité, en amont comme en aval, pour informer davantage des bénéfices de la bioéconomie.
Aider l’agriculteur à faire les bons choix
Qu’est-ce qui pourra donc permettre aux agriculteurs, au centre de tout cet écosystème, de faire les bons choix en s’engageant dans une transition bioéconomique ? Pour Marie-Cécile Damave, une vision stratégique à long terme de l’exploitant agricole, en tant que chef d’entreprise, est un prérequis. Mais il lui sera difficile de cheminer seul : être engagé dans un collectif facilite la réussite de la démarche, tout comme le rattachement à des filières structurées et structurantes.
A côté de ces éléments, l’existence de politiques publiques reste indispensable, avec la possibilité d’un accompagnement humain, technique et juridique pour éclairer les agriculteurs au sein de leur territoire. L’enjeu, de taille, restant de consolider son entreprise agricole sur le long terme.