Biosourcés, bioplastiques, biodégradables : quelles alternatives au plastique ?
AFP le 30/10/2024 à 11:15
Biosourcés, biodégradables, compostables, à la feuille de bananier ou à la peau de tomate: les alternatives au plastique pétrosourcé se développent, surtout dans l'emballage alimentaire. Mais quel est leur impact sur l'environnement ?
Qu’est ce qu’un plastique biosourcé ?
Biosourcé signifie fabriqué avec moins de pétrole, avec des produits agricoles non fossiles: résidus de canne à sucre, amidon de maïs ou de blé. Utilisés principalement dans l’emballage, ces plastiques biosourcés pèsent moins de 1% de la production mondiale de plastique.
Dans les labos du monde entier, les découvertes de plastiques à base de peau de tomate ou de feuille de bananier s’accumulent.
Le chimiste français Arkema promeut son PBAT, à base d’huile de ricin, produit en Inde, utilisé aussi bien pour des chaussures de sport que dans des équipements automobiles.
Bananatex, développée par une marque suisse et des partenaires taïwanais, propose un textile de nouvelle génération qui se biodégrade dans les composts industriels, à base de feuilles de bananier.
Mais « biosourcé ne veut pas forcément dire à 100 %: en Europe, le minimum requis pour être considéré comme un plastique biosourcé passera à 60% en janvier 2025 contre 50% actuellement », avertit Christophe Doukhi de Boissoudy, président de l’association française des compostables biosourcés.
Qu’est ce qu’un bioplastique ?
Le terme générique « bioplastique » peut prêter à confusion, car il peut signifier biosourcé ou compostable: la définition est mouvante selon les pays.
Mais en Europe, le terme est défini: un bioplastique est un polymère qui est à la fois biosourcé et compostable, dans le sol ou de façon industrielle.
Tous les bioplastiques ne se dégradent pas complètement en conditions naturelles, il faut parfois les composter de façon industrielle à des températures comprises entre 35 et 60°C, comme le PLA, l’un des bioplastiques les plus développés actuellement qui sert dans le textile ou l’alimentaire.
Le PLA est un polymère (acide polylactique) qui était d’origine fossile, et se développe désormais à partir de biomasse végétale fermentée (maïs, betterave ou sucre de canne).
« Ce qui nous effare c’est la vitesse à laquelle la Chine fait avancer sa législation pour transformer ses emballages en PLA, afin d’abandonner le plastique pétrosourcé, alors que l’Europe stagne », note Frederic Van Gansberghe, fondateur de Futerro, qui a une usine en Chine et en ouvrira une en France en 2026.
Quel est leur impact environnemental ?
La fondation Heinrich Böll Stiftung estime dans son « Atlas du plastique » que les plastiques biosourcés ne sont pour la plupart ni complétement biodégradables ni compostables, et ne « font en réalité que contourner le problème ».
Pour Nathalie Gontard, directrice de recherche à l’Institut national pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), le plastique « biosourcé », à base de matières premières naturelles, « n’a strictement aucun intérêt » car il s’agit de polymères qui ne se dégradent pas en condition naturelles mais se fragmentent en micro puis nano-plastiques. « Ce qui est important, c’est la biodégradabilité en condition naturelle » dit-elle.
« Biodégradable » n’est d’ailleurs pas un terme bien défini, puisque certains l’utilisent pour des matières qui se dégradent complètement en quelques mois ou années, mais d’autres pour des périodes beaucoup plus longues.
Leur principal intérêt environnemental repose sur la baisse des émissions de CO2 du secteur des plastiques. Mais attention: « toute demande supplémentaire de terres pour cultiver la matière première des plastiques biosourcés peut mener à un changement d’affectation des terres ou à des déforestations », avertit l’OCDE, ce qui peut faire augmenter les rejets de CO2.
« En développant les bioplastiques, on fait peser la fabrication de ces matériaux sur des terres agricoles qui doivent d’abord servir à nourrir la population », insiste Pauline Debrabandere, de l’ONG Zero Waste