Cassandra : « Des clients contents que je reprenne l’ETA familiale »
TNC le 11/03/2022 à 12:08
Continuons, dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars dernier, à mettre en lumière celles qui travaillent avec passion dans le secteur de l'agriculture. Dans les entreprises de travaux agricoles (ETA), elles n'ont jamais été aussi nombreuses : 21 % des effectifs, soit juste un peu moins que dans les exploitations qui comptent 26 % de cheffes d'exploitation, co-exploitantes et associées. Témoignage de Cassandra, conductrice de travaux agricoles dans l'ETA familiale qu'elle espère reprendre un jour.
« Au sein des ETA (entreprises de travaux agricoles, forestiers et ruraux), 22 437 femmes exercent une grande diversité de métiers », se réjouit Martine Perrin, secrétaire générale de la FNEDT (Fédération nationale des entrepreneurs de territoires). Avec 21 % des effectifs, leur part n’a jamais été aussi importante même si, selon l’Insee, le secteur demeure encore peu féminisé et connaît un recul de l’emploi.
22 437 femmes travaillent dans les ETA, dans des postes à responsabilités.
Mais surtout leur rôle a évolué ces 20 dernières années : auparavant surtout « conjointes ou collaboratrices, elles occupent maintenant des postes à responsabilités tels que cheffes d’entreprise, gérantes, assistantes de direction, conductrices de travaux et d’engins », met en avant la FNEDT. Une tendance qui va de pair avec « le renforcement des tâches d’encadrement, de gestion et d’organisation dans les ETA », souligne Martine Perrin. « Loin des stéréotypes », elles font preuve d’une « grande autonomie », fait valoir la fédération. En outre, elles possèdent des capacités particulières « d’adaptation, d’écoute, pour rebooster les équipes comme rassurer les clients ».
« Des aptitudes pour s’adapter, écouter et rassurer les clients »
Par ailleurs, « les évolutions professionnelles, sociales, réglementaires, technologiques du secteur nécessitent de nouvelles compétences liées à l’environnement, à la RSE (responsabilité sociale des entreprises, NDLR), aux fonctions support de la production de travaux », poursuit-elle. Autant de « débouchés pour les candidates dans des entreprises ouvertes aux jeunes et aux salariés en reconversion qui souhaitent garder un ancrage dans le monde rural pour travailler au contact de la nature dans des métiers qui ont du sens ».
C’est pourquoi, depuis 2017, la FNEDT « renforce sa politique d’intégration et de recrutement des femmes », ainsi que la promotion de ses métiers auprès des plus jeunes, à travers notamment la campagne de communication sur sa chaîne Youtube « Des métiers au féminin » et la série de vidéos « Regards de pros ». Le témoignage ci-dessus de Cassandra Veyre s’inscrit dans cette opération. À 21 ans, la jeune femme suit la formation de conducteur/conductrice de travaux agricoles en ETA, mise en place par le syndicat des entrepreneurs de travaux agricoles, à la MFR (maison familiale rurale) de Mozas à Bourgoin-Jallieu (Isère). Objectif de ce diplôme : « s’installer, reprendre ou être second dans une ETA. »
« Ils me voient, depuis toute petite, dans les engins agricoles »
Cassandra, qui travaille en parallèle dans l’entreprise de son père − ETA et TP Éric Veyre − à Colombier-le-Cardinal en Ardèche, vise la deuxième solution. Ce dernier « l’a créée, seul, en 1989 en partant de zéro », explique-t-elle. Aujourd’hui, elle fait vivre quatre personnes : en plus de la jeune femme et de son père, sa mère qui s’occupe de « l’administratif » et un salarié à temps complet depuis plus de 20 ans. 60 % du chiffre d’affaires est réalisé dans l’agricole et 40 % dans les travaux publics. Les prestations proposées sont variées : battage, pressage, labour, semis, transport, négoce de paille et de fumier, broyage forestier et de prairies. « En TP, nous avons un tractopelle et une pelle à chenilles. »
J’apprends doucement à manier le tractopelle et la pelle à chenilles.
Il faut un sacré coup de main !
Si la future entrepreneuse de travaux agricoles et publics reconnaît que ces deux engins « ne sont pas trop son truc », parce qu’il faut « un sacré coup de main », elle « apprend cependant tout doucement ». « Ce que je préfère, c’est le pressage et tout ce qui tourne autour des foins, lance-t-elle. Je fais aussi du transport et un peu de battage. » Le jour où la vidéo a été tournée, elle allait « livrer de la marchandise pour remblayer autour d’une maison ». Au programme, le lendemain, « arranger une sortie de chemin pour un particulier » et le jour d’après, « couler une dalle béton dans un bâtiment agricole ».
Des tâches très diversifiées, que l’on pourrait penser plutôt masculines alors arrêtons les préjugés ! Au sein de l’ETA et TP Éric Veyre, il n’y en a pas, même parmi les clients. « Ils me voient depuis toute petite dans les engins agricoles. Ils sont contents que je prenne la suite ! », conclut Cassandra, qui « ne se laisse pas marcher sur les pieds » comme elle le précise au passage.