Cognac : chômage partiel chez Rémy Martin après les mesures chinoises
AFP le 17/04/2025 à 09:24
La maison de cognac Rémy Martin, filiale de Rémy Cointreau, a décidé de placer plusieurs centaines de salariés au chômage partiel une semaine par mois jusqu'en juin face aux mesures antidumping temporaires appliquées par la Chine, a-t-on appris mercredi de source syndicale.
C’est la première des trois grandes maisons de cognac (avec Hennessy et Martell), à appliquer une telle mesure face à la crise du secteur, très dépendant des exportations et fragilisé par les sanctions chinoises et la perspective de droits de douanes accrus aux États-Unis.
Les deux tiers des quelque 390 salariés du site de Merpins (Charente) sont concernés par cet arrêt de l’embouteillage qui a débuté cette semaine, a précisé à l’AFP David Charrier, délégué syndical Force Ouvrière, confirmant des informations du quotidien Charente Libre.
Les employés concernés verront leur salaire mensuel amputé de 7 %. Cette mesure est programmée pour trois mois, renouvelables « si la situation venait à perdurer », poursuit le syndicaliste, qui s’inquiète aussi pour les nombreux intérimaires travaillant habituellement pour Rémy Martin.
Les marchés chinois et américains représentent environ 80 % du chiffre d’affaires de Rémy Martin. Le directeur général de Rémy Cointreau Éric Vallat, en poste depuis cinq ans, a démissionné la semaine dernière de ses fonctions à la tête du groupe de spiritueux.
La première crise qui touche les deux plus gros marchés
« Ça fait 30 ans que je suis chez Rémy. J’ai connu les années compliquées où il y a eu des crises, mais on n’a jamais eu de crises qui prenaient les deux plus gros marchés », relève David Charrier.
Les mesures antidumping temporaires de Pékin imposent depuis mi-novembre aux importateurs de brandys européens (eaux-de-vie de vin, essentiellement du cognac) de déposer auprès des douanes chinoises une caution, en représailles à une procédure européenne visant les subventions d’État dont bénéficient les véhicules électriques fabriqués en Chine.
Ces mesures ont porté un coup en France à la filière cognac, qui affirme perdre 50 millions d’euros par mois depuis leur instauration.
Comptant 72 500 emplois dans le pays, elle est particulièrement dépendante des exportations, qui représentent 98 % de ses ventes, pour un montant de 3,35 milliards d’euros, avec comme premier client les États-Unis (38 % des expéditions), devant la Chine (25 %).
Fin mars, le gouvernement français a obtenu un report de trois mois de l’application définitive des droits de douane supplémentaires qui devaient entrer en vigueur en Chine début avril.