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Bâtiments, machines, carburant…

Comment protéger sa ferme des vols ?


TNC le 11/07/2024 à 04:59
carburant-tracteur

Le carburant stocké dans les fermes est particulièrement prisé des voleurs. (© Stéphane Leitenberger)

Des simples alarmes à la vidéosurveillance : nombreux et divers sont les systèmes électroniques qui peuvent protéger des vols les sites des exploitations agricoles. De même que les moyens d’éviter de se faire dérober du matériel ou du carburant, l’un des biens les plus ciblés par les voleurs. Attention, aussi, à ne pas vous mettre en danger et à ne pas attirer les convoitises. Retrouvez, sur tous ces points, les préconisations de la gendarmerie nationale. Si vous avez été volés ou avez, simplement, besoin de conseils, n’hésitez pas à la contacter.

Les dispositifs de protection électronique

En matière de protection électronique, vous pouvez utiliser trois types de solution pour détecter au plus tôt une intrusion au sein du corps de ferme.

– Les alarmes(détection choc, infrarouge, périmétrique, volumétrique), achetées dans le commerce ou sur le web, ou encore installées par des professionnels (en général, les banques et assurances peuvent vous indiquer des entreprises agréées), les premières étant moins chères et performantes, mais quand même efficaces pour faire fuir les voleurs avant qu’ils ne commettent leur larcin. Elles peuvent être silencieuses, lumineuses, ou pas, et à report sur téléphone ;

– Les caméras de chasse, simples, discrètes et abordables, avec alertes par GSM, qui permettent une remontée immédiate de l’information et la conservation des images (ce qui peut être utile à la gendarmerie), mais n’oubliez pas de cacher la diode lumineuse…

– La vidéoprotection qui, elle aussi, peut servir en cas d’enquête. À savoir : elle ne nécessite pas d’autorisation préfectorale sauf si le lieu est ouvert au public (vente à la ferme, ferme pédagogique, etc.), à moins que vous ne l’utilisiez que la nuit. Certaines coopératives en vendent à installer soi-même. « Ces caméras peuvent tout faire : en plus de filmer, plusieurs modèles détectent la présence, mettent en route une alarme, transmettent une alerte en temps réel », détaille l’adjudante Mathilde Le Maur, également référente sûreté dans le Morbihan. Attention cependant, prévient-elle, à la capacité de détection des capteurs : s’ils sont trop sensibles, vous risquez d’être réveillé par un simple chat ! Mieux vaut donc réserver ce dispositif à l’intérieur des bâtiments.

(© Gendarmerie nationale)

Protéger les machines et outils

Mathilde Le Maur recommande d’abriter le matériel, sans clés dessus, dans un hangar fermé (voir les systèmes de renforcement mécanique disponibles), doté d’une alarme (on peut aussi chaîner ou encager les machines et équipements). Puis de le personnaliser (peinture, sérigraphie, flocage de logos, etc.), et surtout de prévoir des équipements antivols (de type coupe-circuit, alarme, traceur géolocalisé pour les plus onéreux…).

Notez les numéros de série, sinon difficile d’identifier le propriétaire !

« Plus on met de bâtons dans les roues au voleur, plus il renoncera ! », met en avant Mathilde Le Maur. Autre conseil : relevez les numéros de série. Sinon, difficile de remettre la main sur les engins agricoles volés. « Nous en retrouvons malheureusement fréquemment, sans pouvoir identifier le propriétaire, ils sont donc détruits. C’est comme si vous veniez déclarer un vol de voiture, sans le numéro de la plaque d’immatriculation », illustre-t-elle.

Déclarer un vol de voiture, sans numéro de plaque d’immatriculation ! ?

Pour les producteurs en circuits courts, l’adjudante conseille de fermer la pièce où sont stockés les produits et la caisse. En plus de limiter le numéraire qu’elle contient en le déposant de manière régulière à la banque, il vaut mieux la ranger quand vous n’êtes pas là dans un coffre, scellé dans le sol car « si on peut partir rapidement avec sous le bras… » Dès que vous vous éloignez un peu, cachez-la ou fixez-la, et ne la laissez ni ouverte, ni avec la clé à côté, parce que les délinquants sont « très forts pour détourner votre attention » et ainsi s’en emparer. À noter : prévoir un endroit différent pour les chèques et le liquide. Si vous y ramenez vos recettes, toutes ces mesures s’appliquent à votre domicile.

Se prémunir du vol de carburant

Vu la fréquence de ce genre de délit, la gendarmerie préconise de « compliquer l’accès aux réservoirs, d’éviter de les remplir à bloc, de les équiper de mécanismes anti-siphonnage (coupe-circuit sur le système de distribution, crépine, aillette, ou surveillance électronique du niveau de jauge avec alarme…), et de protéger au maximum les cuves, en les enterrant, en sécurisant la pompe (coffret fermé, disjoncteur dans l’habitation), dans un bâtiment fermé, en installant éclairage de sûreté, alarme et caméra de chasse ou vidéoprotection ». Voire des cadenas spéciaux sur les bouchons.

Ne pas se mettre en danger

Physiquement comme pénalement. N’utilisez jamais la violence, et encore moins des armes ! La légitime défense ayant des conditions strictes d’application (cf. article 122-5 du code pénal), « votre riposte doit être strictement nécessaire, simultanée et proportionnée », précise la gendarmerie, qui met en garde, au regard des situations auxquelles elle s’est déjà retrouvée confrontée : « vous risquez des poursuites judiciaires voire la prison ».

Attention aux conditions strictes de la légitime défense.

Contrôler son image, sa communication

Attention à la façon dont vous communiquez, sur votre site internet, les réseaux sociaux, etc. N’éveillez pas la convoitise avec de belles photos du dernier tracteur ultra-performant que vous venez d’acquérir ! La gendarmerie invite aussi à se méfier, dans ce domaine, de ce qui pourrait encourager les intrusions à but revendicatif. Soyez vigilant également avec vos salariés, vos apprentis, vos stagiaires, en leur spécifiant ce que vous leur autorisez en termes de communication (photos, vidéos, supports etc.), et les règles de confidentialité à respecter. La vigilance s’impose aussi si vous organisez des visites de ferme.

Comment la gendarmerie peut vous accompagner

« Les vols auraient tendance à diminuer, constate l’adjudante, qui nuance immédiatement son propos : « beaucoup d’agriculteurs ne nous contactent pas, pensant que nous ne pouvons rien faire ». « Au moindre comportement suspect, chose qui disparaît, faites le 17 !, exhorte-t-elle cependant, même si vous ne voulez pas déposer plainte, ou si votre assurance pourrait ne pas fonctionner. Dans tous les cas, il faut veiller à manipuler et souiller le moins possible les scènes d’infraction (les portes, les outils déplacés, etc.) pour les relevés d’empreintes (capillaires, ADN).

Si on ne sait pas, on ne peut pas protéger.

Et à relever tous les éléments pouvant aider les services d’enquête : description physique, immatriculation, direction de fuite… Vous pouvez prendre discrètement photos et vidéos des individus suspects pour faciliter leur identification. « Ce n’est pas interdit. Seule la diffusion l’est », spécifie la référente sûreté, qui incite à déposer plainte malgré tout, pour avoir une base légale et simplifier les recoupements avec d’autres faits éventuels.

D’autant qu’il est possible d’effectuer une pré-plainte en ligne, puis de réserver un créneau horaire pour la signer dans la gendarmerie de son choix. Un gain de temps appréciable ! « Vu notre implantation sur le territoire, il y en a forcément une à proximité », lance-t-elle.

Être observateur, dans une posture de vigilance

La gendarmerie, dans certaines régions comme en Bretagne, travaille en partenariat avec les OPA telles que la chambre d’agriculture, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs, et mène des campagnes de sensibilisation sur le vol dans les exploitations agricoles auprès de ces instances. À plusieurs endroits (Morbihan et Ille-et-Vilaine par exemple), en collaboration avec les organismes professionnels, des réseaux locaux Alerte Agri diffusent, aux agriculteurs inscrits, des messages de prévention et signalent les actes de malveillance en milieu agricole.

La gendarmerie propose, par ailleurs, des consultations de sûreté dans les fermes, gratuites, de 1 h à 1h30, afin de donner des conseils adaptés au cas par cas. Il suffit de se rapprocher de la brigade locale ou de la cellule de prévention technique de malveillance de votre département, en se déplaçant, par téléphone ou par mail sur le site www.referentsurete.fr​​​qui recense toutes les adresses de ces organisations, et met à disposition des fiches thématiques pratico-pratiques pour aider les professionnels à se protéger contre les vols.

Ne pas hésiter à contacter les gendarmes.

« N’hésitez pas à nous solliciter, répète Mathilde Le Maur. Nous connaissons le mode opératoire des délinquants, nous voyons des risques sur vos exploitations et points d’amélioration dont vous n’avez pas forcément conscience. » L’important, pour vous agriculteurs, est d’être observateur et d’adopter une posture de vigilance face à leur environnement et aux intrus éventuels qui rôdent.

Source : webinaire « Circuits courts — Prévention des risques de vol sur les fermes », de la chambre d’agriculture de Bretagne, organisé pendant le forum des circuits courts mi-juin 2024.