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Comment réduire de 20 % les GES en grandes cultures en 2030 ?


TNC le 03/12/2024 à 17:50
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Plusieurs leviers ont été identifiés pour baisser les GES dans les filières céréales et oléoprotéagineux. (© Albrecht Fietz de Pixabay)

Diminuer les gaz à effet de serre de 20 % pour l’amont et de 24 % pour l’aval à horizon 2030 : ce sont les objectifs de la feuille de route carbone d’Intercéréales et Terres Univia. Pour y arriver, plusieurs leviers ont été identifiés.

Lancée lors du salon de l’agriculture 2023, la feuille de route carbone de la filière grandes cultures a été présentée le 26 novembre dernier par les interprofessions des céréales et des oléoprotéagineux.

Intercéréales et Terres Univia se donnent pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 20 % pour l’amont de la filière et de 24 % pour l’aval, à horizon 2030 en prenant pour référence 2015. « L’idée était de trouver une ligne de crête pour baisser les GES, augmenter le stockage de carbone et développer la production de biomasse afin de permettre aux autres secteurs économiques d’accélérer aussi leur propre décarbonation, explique Christophe Büren, élu référent sur le carbone pour Intercéréales. Sans oublier que les exploitations doivent rester viables techniquement et économiquement. »

En grandes cultures, les émissions de gaz à effet de serre sont pour 63 % des émissions directes imputables au fonctionnement de l’exploitation agricole (85 % sont liées au protoxyde d’azote via la fertilisation, 15 % au CO2 issu de la combustion d’énergies (engins, etc.) ; et 37 % des émissions indirectes notamment pour la fabrication des intrants.

Réduire les émissions d’azote tout au long du cycle de culture est donc la priorité numéro 1. « Il faut maximiser l’efficience de l’azote et introduire plus de légumineuses », expliquent les deux interprofessions.

Plusieurs leviers à activer

Pour atteindre les objectifs de réduction de 20 % de l’amont agricole , plusieurs leviers ont été identifiés :

  • le progrès variétal : avoir des variétés qui économisent plus d’azote ;
  • les cultures : développer les légumineuses en cultures principales (soja, pois) car elles émettent trois fois moins que les céréales ; les cultures à bas niveaux d’intrants comme le lin, le tournesol ou le chanvre ; les couverts végétaux et les plantes compagnes, et enfin les haies ;
  • la fertilisation : améliorer son pilotage, travailler sur l’enfouissement, sur les inhibiteurs et sur les substitutions des formes d’azote ;
  • les économies d’énergie : cela peut passer par l’écoconduite, le renouvellement du parc et enfin le recours aux bioénergies.

Se lancer dans de nouvelles cultures ou remplacer des céréales par plus de légumineuses, c’est une prise de risque pour l’agriculteur notamment du fait du climat, pas favorable ces dernières années aux pois par exemple. « Comment peut-on les aider à dérisquer leurs pratiques ? » s’interroge Christophe Büren.

Cette prise de risque des agriculteurs doit être accompagnée d’un point de vue technique — avec les instituts techniques et les techniciens — mais aussi économique. « Ce soutien financier peut venir de l’État mais il ne peut pas tout. La filière a aussi son rôle à jouer : les industriels soumis à des obligations de décarbonation peuvent rémunérer les pratiques vertueuses des agriculteurs. »

« Il faut avant tout que l’agriculture retrouve des perspectives économiques pour mener à bien la décarbonation. Faire une transition agricole sans revenu, c’est très compliqué », insistent les interprofessions, en pleine crise agricole.

« Je suis extrêmement inquiet sur le plan protéines, qui n’apparaît plus dans le budget 2025, le signal est très mauvais. Il faut un engagement clair de l’État, pas seulement budgétaire, mais aussi réglementaire pour être en capacité de produire et d’atteindre les objectifs de décarbonation », conclut Benjamin Lammert, président de Terres Univia.