Comparez les programmes agricoles d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen
TNC le 11/04/2022 à 14:50
Actant la fin des partis traditionnels, les Français ont choisi un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Si la configuration rappelle celle de 2017, les priorités agricoles des candidats ont évolué, marquées par la crise sanitaire et la guerre en Ukraine. Ainsi, la candidate du Rassemblement national ne défend plus ouvertement une renationalisation de la Pac, et a davantage mis en avant la protection animale lors de sa campagne. Le président sortant promet, quant à lui, l’application des réformes mises en œuvre au cours de son quinquennat, et prévoit une loi d’orientation et d’avenir pour assurer le renouvellement des générations.
Le 24 avril, le second tour se jouera donc, comme en 2017, entre Emmanuel Macron (LREM) et Marine Le Pen (Rassemblement national). Des programmes marqués par d’importantes différences, y compris sur le plan agricole.
Renforcer l’intervention de l’État sur les prix et les aides, pour Marine Le Pen
Si la candidate du Rassemblement national ne met plus en avant, comme en 2017, l’idée d’une renationalisation de la Pac, elle prévoit de rééquilibrer les aides en faveur des agriculteurs français, notamment pour « lutter contre les effets néfastes de la stratégie européenne De la ferme à la fourchette », ou encore pour « valoriser le travail et favoriser la qualité pour redresser notre balance commerciale agricole ».
Marine Le Pen compte également revoir les lois Égalim 1 et 2 pour permettre une plus grande intervention de l’État dans la fixation des prix, afin de « garantir aux paysans des prix respectueux de leur travail et mettre un terme aux marges abusives de la grande distribution ».
Pour protéger et renforcer la souveraineté agricole et alimentaire française, elle prévoit également d’exclure l’agriculture des traités multilatéraux de libre-échange, de lutter contre les fraudes à l’importation pour défendre la souveraineté alimentaire française, d’interdire les importations de produits agricoles ne respectant pas les normes de production françaises, et d’interdire l’importation de matières premières agricoles destinées à produire de l’énergie ou du carburant. L’étiquetage de l’origine sur tous les produits alimentaires serait également rendu obligatoire.
La candidate du rassemblement national souhaite également mettre en place un plan de soutien de cinq ans pour l’agriculture biologique, soutenu par une mesure réservant l’accès au bio aux produits français dans les cantines scolaires. Elle entend par ailleurs atteindre 80 % de produits agricoles français dans les cantines.
Enfin, Marine Le Pen s’est également exprimée à plusieurs reprises, au cours de sa campagne, en faveur du bien-être animal. Elle a ainsi rappelé, devant le Conseil de l’agriculture française, à Besançon, vouloir créer un « statut de l’animal ». Dans les faits, il s’agirait d’ajouter un article à la Charte de l’environnement de 2004 pour « garantir la protection des animaux en tant qu’êtres vivants doués de sensibilité ».
Emmanuel Macron : aller plus loin dans le renouvellement des générations et la souveraineté
S’il est réélu, le président sortant entend logiquement poursuivre les chantiers mis en place au cours de son quinquennat : application des lois Égalim pour sécuriser la rémunération des producteurs, aboutissement du Varenne de l’eau et donc de la réforme de l’assurance récolte, ainsi que des avancées concernant l’accès à l’eau.
Concernant les nouvelles réformes, Emmanuel Macron a promis « une loi d’orientation et d’avenir pour assurer le renouvellement des générations, la formation et l’installation des jeunes agriculteurs ». Un texte qui serait voté rapidement après sa réélection. Dans une vidéo tournée pour le Conseil de l’agriculture française, à Besançon, le 30 mars, le président sortant en avait détaillé les priorités : faciliter l’accès au foncier (travail sur les fonds de portage, protection des terres agricoles vis-à-vis des achats étrangers…), renforcement de l’enseignement agricole, lutte contre les déserts vétérinaires…
Pour l’actuel chef de l’État, le secteur doit connaître une « troisième révolution agricole » basée sur l’innovation (robotique, numérique, sélection variétale…), soutenue par des investissements prévus, pour l’instant, dans le cadre de France 2030. Emmanuel Macron a également promis, sur le plan européen, de pousser Bruxelles à adopter le plus rapidement possible un cadre réglementaire européen sur les New breeding techniques (NBT), auquel il est favorable.
Afin de renforcer la souveraineté française et européenne, il compte intensifier le plan protéines végétales, un enjeu rendu encore plus stratégique avec la guerre en Ukraine. Les conséquences du conflit sur la sécurité alimentaire dans le monde poussent également Emmanuel Macron à envisager une révision de la stratégie européenne De la ferme à la fourchette, pour garantir la production agricole européenne.