Concret et axé sur l’humain, il attire 2 000 élèves de plus qu’en 2019
TNC le 01/09/2020 à 18:19
Avec plusieurs années de recul des effectifs, l'enseignement agricole réussit à inverser la tendance en cette rentrée 2020, comme en attestent les chiffres publiés par le ministère, alors que la pandémie de Covid-19 a perturbé les démarches de renseignement et d'inscription dans les écoles en fin d'année scolaire dernière. Le résultat d'une stratégie de communication efficace, valorisant les nombreux avantages des établissements et formations en agriculture, notamment à travers des témoignages d'élèves.
210 677 inscrits dans l’enseignement agricole pour cette rentrée 2020 : malgré les craintes exprimées par Philippe Poussin, secrétaire général du Cneap (Conseil national de l’enseignement agricole privé), dans une interview début juin dernier, qui constatait un taux d’inscription dans les établissements de son réseau inférieur de 25 à 30 % par rapport à d’habitude à la même date en raison du Covid-19, près de 2 000 élèves de plus ont choisi cette filière cette année comparé à septembre 2019.
Lire l’intégralité de l’interview de Philippe Poussin, Cneap : Les 5 enjeux de la reprise dans les lycées agricoles après le confinement
Alors que les équipes des lycées du réseau Enseignement Agricole Privé – CNEAP se retrouvent aujourd'hui, François…Publiée par Enseignement Agricole Privé – CNEAP sur Lundi 31 août 2020
Le nombre d’apprentis surtout est en hausse
36 726 contre 35 086 l’an dernier, soit 1 640 jeunes supplémentaires. Le fruit peut-être de la réforme de l’apprentissage, qui avait entraîné dès sa première année d’application en 2019 une augmentation des effectifs de 16 % tout secteur confondu, grâce notamment à des modalités plus souples et des aides financières plus conséquentes.
Tout savoir sur : la réforme de l’apprentissage
Une amélioration après plusieurs années de baisse…
Oscillant entre 200 000 à 210 000 jeunes de 1997 à 2013, ce chiffre était repassé depuis sous cette barre avant de la dépasser à nouveau à partir de 2017, avec un pic à 215 182 puis une diminution constante ensuite : 211 678 en 2018 et 208 727 en 2019. La progression observée en cette rentrée s’avère d’autant plus méritoire alors que la crise sanitaire a contraint à annuler la plupart des portes ouvertes, a compliqué la promotion des différentes formations et écoles, et a ralenti les démarches pour s’inscrire, quel que soit le cursus choisi, agricole ou non.
Pour comparer avec les chiffres de l’an dernier : Enseignement agricole − De multiples atouts à valoriser
… grâce à une vaste campagne de communication
Il faut dire que l’enseignement agricole, mal connu du grand public, mise à fond depuis quelques années sur la communication pour le lui faire découvrir et revaloriser son image afin d’attirer davantage d’élèves.
- Pendant le Salon de l’agriculture 2019, le ministère de l’agriculture et de l’alimentation, en partenariat avec ceux de l’éducation nationale et du travail, avait lancé une opération de promotion, L’aventure du vivant, sur les réseaux sociaux pour cibler directement les collégiens et lycéens à travers les nouvelles technologies dont ils sont férus.
D’autres infos sur : Le ministère de l’agriculture recrute sur Snapchat
- En septembre suivant, le site internet www.laventureduvivant.fr a vu le jour, recensant de façon ludique et pratique toutes les possibilités de formation et d’emploi en agriculture. Il vient d’être enrichi d’un test d’orientation, d’un moteur de recherche et le chatbot dispose désormais d’un module « visite guidée ».
À la découverte du site web « L’aventure du vivant », présenté il y a un an sur Agri Mutuel.
- Au Sia 2020, le camion « L’aventure du vivant », équipé d’écrans interactifs et de casques de réalité virtuelle, avait accueilli plus de 7 000 visiteurs, puis avait pris la route pour sillonner la France et aller au plus près des élèves qui pourraient être intéressés par les métiers agricoles. Stoppé peu après son départ par le coronavirus, il devrait redémarrer à l’automne prochain si les conditions sanitaires le permettent.
Voir l’article : Partir à « L’aventure du vivant » en camion
- Pour remplacer celles habituellement organisées chaque printemps dans les établissements, de nombreuses portes ouvertes virtuelles ont été proposées, sous forme de vidéos, galeries photos et visioconférences, pour visiter les locaux, rencontrer le personnel éducatif et demander, si besoin, des renseignements. Une plateforme spécifique devrait bientôt les héberger sur le site www.lagricultureduvivant.fr.
Promouvoir les atouts des établissements/formations
De multiples actions de communication visant à mettre en avant les avantages, tout aussi nombreux de l’enseignement agricole. Lesquels ont d’ailleurs été détaillés par le réseau Cneap dans une série de vidéos publiées sur Youtube.
- Une pédagogie concrète
Comme le dit Amandine, 17 ans, en Bac STAV : « J’ai besoin de pratiquer dehors pour assimiler et concrétiser ce que j’ai vu en classe. » Dans sa section, elle apprécie « les stages et les sorties tous les vendredis après-midi ». Ainsi, regarder des osthéopathes intervenir sur les animaux lui a « donné envie de faire pareil ». De plus, « les laboratoires sont très bien équipés ». Par ailleurs, les lycées disposent le plus souvent d’une exploitation agricole et organisent fréquemment des rencontres avec des professionnels.
- Une ouverture à l’international
Lucie, en Bac pro Sapat, a effectué un stage à l’étranger, en Finlande. Au-delà de l’expérience concrète, il lui a fait gagner « en autonomie, dans son travail et la vie de tous les jours », même si elle est partie avec trois camarades. « Voyager, c’est là où on apprend le plus. Le vivre à plusieurs, c’est génial ! ». 20 000 apprenants bénéficient ainsi chaque d’année de la mobilité à l’international, dont 5 000 à 6 000 via Erasmus. Les actions de solidarité, au sein d’association, en particulier à destination d’autres pays dont l’Afrique, sont aussi encouragées.
- Des excellents taux de réussite aux examens et d’insertion professionnelle
- De larges possibilités de poursuite d’études
Amandine, qui reconnaît « ne pas être encore prête et avoir besoin de s’instruire davantage » avant d’entrer dans la vie professionnelle, insiste aussi sur ce point.
- Un bon encadrement
« Les professeurs sont à l’écoute. Ils nous soutiennent, ne nous laissent jamais seuls et nous poussent à toujours faire mieux, c’est très motivant, explique Victor, 15 ans, en 3 e, qui apprécie également les classes peu chargées qui permettent aux enseignements de se suivre chaque élève.
- L’entraide entre élèves
- La présence quasi-systématique d’internats
Anthony, 25 ans, diplômé d’un BTSA « aménagements paysagers », se souvient de l’ambiance à la fois conviviale (pratique d’activités, notamment sportives, jeux de société, sorties entre copains) et studieuse, où l’on peut se concentrer plus facilement sur ses devoirs que chez soi et s’entraider entre élèves. « Même si c’est dur au début d’être loin » de sa famille et ses amis, il en garde de « très bons souvenirs ». « On s’est bien marré », résume-t-il.
- Le recours encouragé à l’apprentissage
« Quand on sait le métier que l’on veut exercer, ça apporte une expérience en plus et la confiance en soi. On progresse plus vite », témoigne Anthony, qui travaille depuis cinq ans dans l’entreprise où il a été apprenti.
Au lycée @campusSGL pour préparer la rentrée.
— Julien Denormandie (@J_Denormandie) August 31, 2020
La mobilisation des enseignants et des élus est exemplaire pour cette rentrée particulière.
Soyons fiers des formations d'excellence de notre enseignement agricole ! C’est un investissement sur l’avenir pour notre agriculture. pic.twitter.com/ipLZ77B7WI