Congrès de la FNSEA : tourner la page des élections et remobiliser les troupes
AFP le 25/03/2025 à 09:48
Le puissant syndicat agricole FNSEA se réunit de mardi à jeudi à Grenoble pour un congrès qui sera autant l'occasion d'un bilan après son recul aux élections professionnelles, que d'un appel à la mobilisation au service de la souveraineté alimentaire.
« Tout n’est pas réglé », a prévenu le patron de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) Arnaud Rousseau, lors d’une conférence de presse en amont du congrès.
En dépit de mesures fiscales conséquentes et de l’engagement du président Emmanuel Macron à tout faire « pour protéger la souveraineté alimentaire française et européenne », le compte n’y est pas pour Arnaud Rousseau, qui explique que son organisation a des « propositions à faire » et « des attentes » fortes pour « réarmer » l’agriculture française.
Au rang des attentes, il a énuméré « la question du stockage de l’eau, des matières actives (notamment les pesticides, NDLR), l’attractivité du métier d’agriculteur pour les jeunes, la rémunération des exploitants, la simplification… ».
« Combativité »
Si ce congrès annuel, qui rassemble jusqu’à un millier d’adhérents, est placé sous le signe de la « combativité », il sera aussi l’occasion d’un examen de conscience après des élections aux chambres d’agriculture de janvier qui ont vu le syndicat historique perdre sa majorité absolue.
L’alliance FNSEA-Jeunes agriculteurs reste la première force syndicale chez les agriculteurs, mais passe pour la première fois sous la barre des 50 % (avec 46,7 % des voix). Le duo conserve toutefois la présidence de 83 chambres sur 101, ainsi que celle de l’entité nationale Chambres d’agriculture France.
Un « retour d’expérience » sur ces élections est « en cours » et fera l’objet d’un « échange à huis clos lors du congrès », a annoncé Arnaud Rousseau. Le recul du syndicat historique dans le vote paysan a aussi un impact financier, le syndicat estimant qu’il devrait « perdre entre 700 000 et 900 000 euros par an » de subventions publiques. Pas de quoi lancer un plan social mais sans doute quelques « adaptations ».
« Autonomie stratégique alimentaire »
Cette année, le choix de Grenoble, ville ancrée dans un territoire qui compte des plaines et des montagnes, de l’arboriculture (noix) et de l’élevage (ovin et bovin notamment), est à l’image de la diversité des productions françaises et de ses adhérents, selon le syndicat.
Après la crise agricole de l’an dernier et un Salon de l’agriculture apaisé en début d’année, le syndicat estime qu’il n’est « pas question » de renoncer à batailler, même s’il « voit bien que la fenêtre politique est en train de se refermer » sur les questions agricoles.
La FNSEA attend toujours de l’exécutif « une vision pour l’agriculture » reposant notamment sur « une ambition européenne » face aux menaces commerciales américaines, chinoises ou russes.
Dans une lettre ouverte adressée au président Emmanuel Macron mi-mars, Arnaud Rousseau dit les agriculteurs prêts à se mobiliser pour atteindre « l’autonomie stratégique alimentaire ».
Pour y parvenir, il propose trois « mouvements majeurs » : tout d’abord, le maintien d’un budget dédié de la politique agricole commune (Pac), qui soit à la hauteur des enjeux stratégiques actuels entre menace russe et taxes américaines.
« Accélérer la simplification »
Il demande aussi de mettre fin à « l’Europe passoire », qui laisse entrer des denrées produites dans des conditions ne respectant pas les standards européens et favorisent une « concurrence déloyale » ; et enfin il réclame un « accès sécurisé aux moyens de production indispensables, comme la ressource en eau ».
Ces questions seront centrales dans les débats au congrès, de même que le suivi du calendrier parlementaire concernant différents textes ayant trait à l’agriculture.
Après la censure par le Conseil constitutionnel d’un tiers des articles de la loi d’orientation agricole, la FNSEA a estimé que la décision préservait les « fondamentaux de la loi » – dont la consécration de l’agriculture comme étant d’intérêt général majeur ou le principe du « pas d’interdiction sans solution » pour les produits phytosanitaires – mais a appelé « à accélérer les mesures de simplification ».
Le congrès sera aussi l’occasion jeudi d’une table ronde réunissant le spécialiste de géopolitique Pascal Boniface et le sociologue Jean Viard, avant le discours de clôture d’Annie Genevard. C’est en effet traditionnellement le ou la ministre de l’agriculture qui prononce ce discours, n’assistant par ailleurs à aucun autre congrès de syndicat agricole.