Dans les Vosges, des paysans improvisent un cimetière pour dénoncer Lactalis
AFP le 31/10/2024 à 14:37
« Lactalis m'a tuer ». Une cinquantaine d'éleveurs ont protesté jeudi dans les Vosges contre la décision du géant du lait Lactalis de réduire sa collecte en France, en improvisant un cimetière devant un dépôt laitier.
Des membres de la Confédération paysanne ont disposé une quarantaine de croix en bois devant l’entrée de la Société fromagère de Xertigny, devenue simple dépôt de lait de Lactalis, qui fermera ses portes en 2026.
Sur une marche mortuaire, quelques éleveurs entament une procession, chrysanthèmes en main, en direction des tombes improvisées. Sur les croix plantées par les éleveurs, on peut lire : « Ci-gît l’élevage laitier » ou encore « Besnier m’a tué », en référence à Emmanuel Besnier, PDG du groupe Lactalis.
Fin septembre, le leader mondial du lait a annoncé une réduction progressive de l’ordre de 450 millions de litres de sa collecte annuelle en France, soit 9 % du total, d’ici à 2030.
Le Grand Est est particulièrement touché : près de 150 éleveurs ont désormais un an pour trouver une autre laiterie afin de faire collecter leur production. Une démarche qui équivaut à une « mise à mort » des paysans, selon la Confédération paysanne.
« Lactalis est en train de tuer la production laitière française »
« La stratégie de Lactalis est de ne plus collecter de lait en France puisque c’est devenu trop cher, donc de se fournir à l’étranger où les prix sont moins élevés et mettre à mal toute la filière française », dénonce Romain Balandier, trésorier de la Confédération paysanne pour le Grand Est.
« Cette annonce équivaut à un plan de licenciement massif de centaines d’éleveurs, mais ces derniers ne bénéficient d’aucun avantage pour réussir à survivre », s’alarme de son côté Christophe Van Hoorne, membre du secrétariat national du syndicat.
« On attend une discussion avec les pouvoirs publics, parce qu’aujourd’hui Lactalis fait ce qu’il veut, au lieu de considérer qu’il est en train de tuer la production laitière française », ajoute-t-il.
« C’est inadmissible, au nom de la souveraineté alimentaire, de laisser tomber des collègues sans aucun soutien de l’État pour maintenir cette activité dans des zones où on ne pourrait rien faire d’autre que de l’élevage », soutient Sophie Thorey, 29 ans, éleveuse laitière dans l’Aube.
« Selon l’endroit où est placé l’élevage, ce n’est pas toujours évident de trouver un autre collecteur que Lactalis, puisqu’être isolé augmente largement le coût des déplacements », abonde Olivier Horiot, 50 ans, éleveur dans l’Aube également.